Les études Adjug’art et l’Hôtel des ventes de Quimper ont fusionné en mars dernier, pour former l’entité : Adjug’art Brest Quimper.
Cette année marque le vingtième anniversaire de la vente « l’âme bretonne ». Elle a débuté à Douarnenez, puis à Brest. Aujourd’hui, c’est à Quimper qu’elle se déroulera sur deux jours (le 8 & 9 juillet 2023).
La faïence de Quimper tient une place d’honneur lors de cette vacation. Les pièces sont expertisées par M. Didier Gouin de Guérande.
Adjug’art Brest Quimper – Maître Yves Cosquéric & Maître Tiphaine Le Grignou. Samedi 8 et dimanche 9 juillet 2023 à 11H00 et 14H15(1 008 lots).
Experts : Alain le Berre, Yann le Bohec, Didier Gouin, Olivier levasseur, Caroline Velk – Consultant : Pascal Aumasson.
Groupe de deux Égyptiennes porteuses d’eau, une faïence HB Quimper signée François Victor Bazin (1897-1956).
Une collection de faïences de Quimper inspirées par l’art colonial sera dispersée, ce samedi, par la société Thierry-Lannon à Brest.
En attendant la grande vente de tableaux du 12 décembre, la société de ventes Thierry-Lannon propose une vente artistique, ce samedi 5 décembre, comprenant un peu moins de 400 pièces, parmi lesquelles une collection de douze faïences de Quimper réunies par l’antiquaire et expert Michel Roullot, décédé en 2012.
Trente ans pour réunir douze pièces
Michel Roullot était né l’année même de l’exposition coloniale qui s’est tenue en 1931, à Paris. Est-ce la raison pour laquelle il s’est passionné pour les faïences produites à Quimper à l’occasion de cet événement ? Parmi les douze pièces qui vont être dispersées, les deux Égyptiennes porteuses d’eau sont d’une modernité saisissante. Ce grès de la manufacture HB de Quimper est l’œuvre de François Victor Bazin (1897-1956), estimé de 10 000 à 15 000 €. « Bazin a fait trois versions de ce groupe, l’une de 90 cm est au musée de la faïence de Quimper, une autre plus petite fait 30 cm avec un seul sujet et il y a ce groupe intermédiaire de 45 cm qui est le plus rare, et d’une beauté transcendante qui traverse les styles », souligne Gilles Grannec, commissaire-priseur. Michel Roullot avait mis une trentaine d’années à réunir cette collection, qui comprend aussi des faïences de personnages africains de Gaston Broquet, chez Henriot, estimés à environ 1 000 €.
Un livre d’heures du XVe siècle
La vente commencera à 10 h, samedi, par une centaine de bijoux, puis de l’orfèvrerie. À partir de 14 h, place aux faïences, aux livres, dont un livre d’heures du XVe siècle, des meubles, dont un salon de Pierre Paulin, ou encore un tableau cubiste et africaniste de Raoul Hynckes.
En ce début de déconfinement, la salle des ventes pourra accueillir 30 personnes. La vente se déroulera en parallèle sur deux réseaux d’enchères en live, drouotonline.com et Interenchères.com.
La visite de l’exposition avant la vente, à partir de mercredi, sera limitée en temps et en nombre de personnes. Les conditions sont précisées sur le site de la société Thierry-Lannon.
L’hôtel des ventes de Brest (étude Thierry-Lannon & associés) présente une belle vente artistique le samedi 5 décembre 2020 à partir de 10h.
François Victor BAZIN (1897-1956) « Deux égyptiennes porteuses d’eau » groupe en grès bleu avec rehauts d’or et de platine. Manufacture HB Quimper circa 1931 (H : 45 – L m : 28 – l : 14 cm).
Cette vacation comprend uniquement 20 lots de faïence de Quimper.
Néanmoins, elle intéressera les collectionneurs avertis. En effet, 12 faïences et grès produits par les manufactures quimpéroises à l’occasion de l’exposition coloniale de 1931 seront dispersés.
On retrouve le nom des grands artistes ayant collaboré à cette production : François Victor BAZIN (1897-1956), Gaston BROQUET (1880-1947), Émile Adolphe MONIER (1883-1970) et Anna QUINQUAUD (1890-1984).
Ces pièces sont rares et toujours très recherchées par les collectionneurs. Deux pièces emblématiques de la période sont inclues dans la vente : les deux égyptiennes porteuses d’eau de François BAZIN et une version de la Femme de Fouta-Djallon d’Anna QUINQUAUD.
Gaston BROQUET (1880-1947) « Le Chamelier Maure » Henriot (21 x 27).
La provenance de ces pièces est irréprochable. Elles faisaient partie de la collection personnelle de Michel Jean Roullot, qui nous a quitté en 2012.
Il fut un des tout premiers historiens de la faïence de Quimper et expert auprès de l’hôtel des ventes de Morlaix.
Anna QUINQUAUD (1890-1984) « Femme de Fouta-Djallon » faïence 1957.
Il a tenu durant de longues années un magasin bien connu des collectionneurs, au 56 Quai de l’Odet à Quimper. Il a été la cheville ouvrière des célébrations de 1990. Michel J. Roullot était un membre de notre association.
Belle vente artistique – Thierry-Lannon & associés – le 5 décembre 2020 à Brest. Samedi 5 décembre 2020 à 10 h – Faïence de Quimper (20 lots) – Expert : Bernard J. Verlingue
Michel Roullot (1931 – 2012) – Antiquaire précurseur
Michel Roullot est devenu antiquaire assez tardivement, s’étant occupé, auparavant, de la fonderie paternelle, venelle de Kergos à Quimper. Il s’agit là d’une vraie passion, qu’il partageait avec sa sœur aînée.
Installé au 56, Quai de l’Odet, il avait pris la suite de Bodivit, antiquaire réputé, qui approvisionnait toute la bourgeoisie locale. Ce dernier lui avait vendu son fonds de commerce.
Il sut le développer avec dynamisme.
Michel Roullot a été le tout premier promoteur de la faïence de Quimper. A ce titre on lui doit l’ouvrage : « Les faïences artistiques de Quimper au XVIIIe et XIXe siècles », paru le 1er janvier 1980 et qui reste un ouvrage de référence.
Il se spécialisa très rapidement dans les productions de la manufacture Porquier-Beau, ouvrant ainsi la porte du « Quimper » à de nombreux collectionneurs, français et étrangers.
C’est à cette époque qu’il se passionne, à titre personnel, pour les productions de Quimper à l’occasion de l’Exposition coloniale de 1931. Sa première acquisition, dans ce domaine bien spécifique, fut réalisée auprès des Commissaires-Priseurs Brestois à l’Hôtel des ventes de Douarnenez, à l’occasion de la dispersion du fonds Théodore Botrel.
Une douzaine d’autres achats suivirent dans des ventes où il lui arrivait de mandater un ami ou un proche, de façon à ne pas attirer l’attention et la convoitise d’éventuels concurrents en se faisant repérer. Les acheteurs observaient les faits et gestes de Michel car, si il s’intéressait à un objet, il y avait sûrement une excellente raison…
Il est également à l’origine de la grande manifestation qui eu lieu en 1990, commémorant trois siècles d’histoire de la faïence à Quimper. Cette Exposition, première du genre par son envergure, permit de montrer au nombreux public des productions dont beaucoup ignoraient l’existence. Pour lui, il était facile de retrouver la trace de ce qu’il avait vendu.
L’Exposition connut un succès retentissant, dont tout le mérite revient à l’Association « Faïences de Quimper 1690-1990 » qu’il avait créé avec deux amis. Elle se tint au Musée des beaux-arts de la ville, et la Mairie s’impliqua comme il se doit dans cet évènement qui aura aussi eu le mérite incontesté de susciter la même année d’autres manifestations dont la fameuse vente du tricentenaire des Faïenceries de Quimper, à l’Hôtel des Ventes de Douarnenez, que j’ai eu la chance et l’honneur d’accompagner, en tant qu’Expert, voici 30 ans ! Merci Michel.
Outre ses activités d’antiquaire, Michel Roullot était également expert renommé, en faïence de Quimper, auprès du Conseil National des Experts spécialisés. A ce titre, il officiera bientôt auprès de Mes Boscher et Oriot, puis de leurs successeurs Me François et Sandrine Dupont à l’Hôtel des Ventes de Morlaix.
En cet instant précis, il m’est très émouvant de parler de Michel et de réaliser le catalogue de la vente de sa collection, sans penser à tous les bons moments que nous avons passés ensemble à échanger sur telle ou telle pièce. L’un comme l’autre, nous ne manquions pas de nous contacter quand un doute à propos de l’attribution d’un modèle.
Je garde de lui le souvenir d’un professionnel passionné par cette période de la faïence de Quimper.
Bernard Jules Verlingue Conservateur du Musée de la Faïence de Quimper
Photo : Une oeuvre de François Bazin, la maquette du Monument aux Bigoudens qui se trouve à Pont-l’Abbé. | Béatrice Le Grand.
Le Musée de la faïence fête ses 25 ans. Ce musée privé est un écrin pour la faïence de Quimper. Il embellit aussi le quartier de Locmaria. En 2007, il a pourtant failli disparaître…
D’où viennent les faïences exposées à Locmaria ? Des faïenceries quimpéroises ! « Ce sont des pièces d’atelier qui servaient de témoin lorsqu’une production était lancée », explique Bernard Verlingue, conservateur du musée depuis sa création, en juin 1991. Au fil des ans, la faïencerie Henriot a racheté la faïencerie Porquier, la faïencerie HB a racheté Henriot… C’est ainsi que s’est constituée la collection.
Après le dépôt de bilan des Faïenceries de Quimper (1983), l’Américain Paul Janssens rachète puis relance l’activité sous le nom HB Henriot. Mais Jean-Yves Verlingue, précédent propriétaire des Faïenceries de Quimper, obtient que la collection reste sa propriété. Pendant quelques années, la collection reste dans les locaux de la faïencerie, au rez-de-chaussée et au premier étage du bâtiment aujourd’hui occupé par le brodeur Pascal Jaouen.
« La maison de la demoiselle Porquier est en vente ! »
« Nous cherchions un local à Quimper pour exposer ces faïences », rappelle Bernard Verlingue. Il aurait été stupide de les mettre dans des cartons. Les célébrations du tricentenaire (1990) relancent l’intérêt pour la faïence de Quimper. Nous avons eu un projet avec le centre d’art contemporain qui venait d’être créé par Marc Bécam. » Les élections municipales, perdues par Marc Bécam, feront capoter le projet. C’est Jean-Louis Léonus, ancien directeur technique de HB Henriot, qui trouve la solution en 1990. « Il habitait dans un appartement, juste en face de Locmaria, sur la rive droite de l’Odet. Il nous alerte : la maison de la demoiselle Porquier est en vente ! » Le bâtiment a perdu sa toiture depuis l’ouragan de 1987 mais il est idéalement placé. Juste à côté de la faïencerie HB Henriot. La maison, avec son petit atelier attenant, est achetée en août. « Le temps était compté. Nous voulions ouvrir le musée en juin 1991, juste avant la saison. »
La tour fait causer
La course contre la montre est lancée. L’architecte quimpérois Javier Moron dessine le musée. Le chantier est confié à l’entreprise Joncour. « Les travaux ont débuté en novembre 1990. Les murs de la maison ont été conservés. » L’ensemble est une réussite. Une paroi entièrement vitrée, côté cour, permet au musée de « respirer ». Un palmier, qui a résisté à l’ouragan, doit être arraché. « J’ai insisté pour qu’un autre soit replanté. » L’arbre exotique prospère toujours, protégé par le doux air de l’Odet. Seul petit point d’interrogation, la tour imaginée par l’architecte (occupée aujourd’hui par la styliste Rachel Le Gall). « Des voisins ont perdu la vue sur l’Odet… » L’édifice circulaire, provoque des interrogations. Mais la tour est la signature du musée. Vingt-cinq ans après, le verdict est sans appel. Dans un environnement architectural disparate, le Musée de la faïence est l’un des points forts du quartier.
Les polémiques évitées
En juin 1991, le Musée de la faïence Jules Verlingue, du nom du père de Jean-Yves Verlingue, est inauguré. C’est le début de l’aventure. La première exposition est consacrée aux Vierges et saints en faïence de Quimper, à partir du travail de Laurent Cahn. À partir de la troisième année, le musée édite un catalogue pour ses expositions temporaires qui sont autant d’événements. En 1993, exposition sur les Seiz Breur. « Le sujet était un peu sulfureux en raison de l’attitude de certains de ses membres pendant l’Occupation. » Pas de polémique cependant. Comme il n’y en aura pas à propos de l’Exposition coloniale malgré des faïences (d’époque) ouvertement racistes. À chaque fois, Bernard Verlingue prend soin d’expliquer le contexte, sans l’excuser. « Je n’ai pas pratiqué l’auto-censure. »
Si Locmaria embellit…
Quel avenir pour le plus grand musée mondial de la faïence de Quimper ? Bernard Verlingue, 65 ans, est serein. L’équilibre financier semble durablement assuré. Malgré tout, compte-tenu de ses faibles moyens, le musée ne peut mener une politique d’acquisition. Lors des expositions temporaires, des pièces sont prêtées par des collectionneurs. Après avoir subi une érosion importante, le nombre des visiteurs s’est stabilisé. « On comptait 20 000 entrées les premières années. Aujourd’hui, cela tourne autour de 8 000-9 000 visiteurs d’avril à septembre. »
Bernard Verlingue sait que le musée dépend aussi de la vie du quartier. Depuis quelques années, Locmaria embellit. D’autres projets vont aboutir. Rendez-vous dans 25 ans.
Musée de la faïence. 14, rue Jean-Baptiste-Bousquet.