Les 25 ans du Musée de la faïence (Côté Quimper)

Situé dans le quartier de Locmaria, le Musée de la faïence abrite plus de 3 100 pièces dans un bâtiment autrefois occupé par la maison Porquier.

construction du musée de la faïence de Quimper

Les travaux ont duré huit mois.

Les travaux ont duré huit mois.

Il y a 25 ans, dans l’engouement du tricentenaire de la faïencerie quimpéroise, est née l’idée de présenter, dans une collection unique, l’Histoire des faïenceries des origines à nos jours. L’idée du Musée devient une évidence. La famille Verlingue est propriétaire d’un fonds exceptionnel d’archives et de pièces. La volonté de conserver cet ensemble se conjugue à l’envie de le partager avec le public. Après les recherches infructueuses d’un lieu en centre-ville, un projet d’intégration au nouveau centre contemporain du Quartier va capoter. La maison Porquier (ancienne faïencerie) est providentiellement mise en vente. Ce lieu s’impose comme une évidence.

Le chantier débute en 1990.

Un jeune architecte tout juste arrivé d’Espagne est choisi. Javier Moron imagine le bâtiment tandis que les plans d’exécution sont confiés à l’architecte quimpérois Hervé Troprès.

Débuté en 1990, le chantier est rondement mené. Les Quimpérois suivent, de la rive du Cap Horn, l’avancée des travaux, parfois avec quelques inquiétudes relayées par la presse. Le choix de la brique n’est pas bien compris, la rondeur de la tour exacerbe les plus critiques. En fait, la tour répond à la nécessité d’avoir un magasin. La brique et la rondeur évoquent le four d’une faïencerie et la forme répond au Chœur roman de l’église toute proche de Locmaria.

Huit mois de travaux.

Les anciens bâtiments de la faïencerie Porquier sont conservés, les ateliers sont remontés. En seulement huit mois, le chantier est livré ! L’ensemble lumineux et fonctionnel s’ancre dans le paysage. L’inauguration a lieu le 18 juin 1991 en présence de Per Jakez Hélias qui sera un grand fidèle du Musée.

Les 3 184 pièces proviennent des faïenceries Porquier, Henriot et Hb. Le musée raconte les origines, avec l’arrivée d’un Marseillais, puis d’un Nivernais, suivi d’un Rouennais. Les motifs et les techniques vont s’amalgamer pour donner la faïence d’aujourd’hui et des histoires à découvrir à travers les très belles expositions thématiques du musée.

24/09/2016 – © Côté Quimper

Depuis 25 ans, ce musée fait briller la faïence (Ouest-France)

François BAZIN

Photo : Une oeuvre de François Bazin, la maquette du Monument aux Bigoudens qui se trouve à Pont-l’Abbé. | Béatrice Le Grand.

Le Musée de la faïence fête ses 25 ans. Ce musée privé est un écrin pour la faïence de Quimper. Il embellit aussi le quartier de Locmaria. En 2007, il a pourtant failli disparaître…

D’où viennent les faïences exposées à Locmaria ? Des faïenceries quimpéroises ! « Ce sont des pièces d’atelier qui servaient de témoin lorsqu’une production était lancée », explique Bernard Verlingue, conservateur du musée depuis sa création, en juin 1991. Au fil des ans, la faïencerie Henriot a racheté la faïencerie Porquier, la faïencerie HB a racheté Henriot… C’est ainsi que s’est constituée la collection.

Après le dépôt de bilan des Faïenceries de Quimper (1983), l’Américain Paul Janssens rachète puis relance l’activité sous le nom HB Henriot. Mais Jean-Yves Verlingue, précédent propriétaire des Faïenceries de Quimper, obtient que la collection reste sa propriété. Pendant quelques années, la collection reste dans les locaux de la faïencerie, au rez-de-chaussée et au premier étage du bâtiment aujourd’hui occupé par le brodeur Pascal Jaouen.

« La maison de la demoiselle Porquier est en vente ! »

« Nous cherchions un local à Quimper pour exposer ces faïences », rappelle Bernard Verlingue. Il aurait été stupide de les mettre dans des cartons. Les célébrations du tricentenaire (1990) relancent l’intérêt pour la faïence de Quimper. Nous avons eu un projet avec le centre d’art contemporain qui venait d’être créé par Marc Bécam. » Les élections municipales, perdues par Marc Bécam, feront capoter le projet. C’est Jean-Louis Léonus, ancien directeur technique de HB Henriot, qui trouve la solution en 1990. « Il habitait dans un appartement, juste en face de Locmaria, sur la rive droite de l’Odet. Il nous alerte : la maison de la demoiselle Porquier est en vente ! » Le bâtiment a perdu sa toiture depuis l’ouragan de 1987 mais il est idéalement placé. Juste à côté de la faïencerie HB Henriot. La maison, avec son petit atelier attenant, est achetée en août. « Le temps était compté. Nous voulions ouvrir le musée en juin 1991, juste avant la saison. »

La tour fait causer

La course contre la montre est lancée. L’architecte quimpérois Javier Moron dessine le musée. Le chantier est confié à l’entreprise Joncour. « Les travaux ont débuté en novembre 1990. Les murs de la maison ont été conservés. » L’ensemble est une réussite. Une paroi entièrement vitrée, côté cour, permet au musée de « respirer ». Un palmier, qui a résisté à l’ouragan, doit être arraché. « J’ai insisté pour qu’un autre soit replanté. » L’arbre exotique prospère toujours, protégé par le doux air de l’Odet. Seul petit point d’interrogation, la tour imaginée par l’architecte (occupée aujourd’hui par la styliste Rachel Le Gall). « Des voisins ont perdu la vue sur l’Odet… » L’édifice circulaire, provoque des interrogations. Mais la tour est la signature du musée. Vingt-cinq ans après, le verdict est sans appel. Dans un environnement architectural disparate, le Musée de la faïence est l’un des points forts du quartier.

Les polémiques évitées

En juin 1991, le Musée de la faïence Jules Verlingue, du nom du père de Jean-Yves Verlingue, est inauguré. C’est le début de l’aventure. La première exposition est consacrée aux Vierges et saints en faïence de Quimper, à partir du travail de Laurent Cahn. À partir de la troisième année, le musée édite un catalogue pour ses expositions temporaires qui sont autant d’événements. En 1993, exposition sur les Seiz Breur. « Le sujet était un peu sulfureux en raison de l’attitude de certains de ses membres pendant l’Occupation. » Pas de polémique cependant. Comme il n’y en aura pas à propos de l’Exposition coloniale malgré des faïences (d’époque) ouvertement racistes. À chaque fois, Bernard Verlingue prend soin d’expliquer le contexte, sans l’excuser. « Je n’ai pas pratiqué l’auto-censure. »

Si Locmaria embellit…

Quel avenir pour le plus grand musée mondial de la faïence de Quimper ? Bernard Verlingue, 65 ans, est serein. L’équilibre financier semble durablement assuré. Malgré tout, compte-tenu de ses faibles moyens, le musée ne peut mener une politique d’acquisition. Lors des expositions temporaires, des pièces sont prêtées par des collectionneurs. Après avoir subi une érosion importante, le nombre des visiteurs s’est stabilisé. « On comptait 20 000 entrées les premières années. Aujourd’hui, cela tourne autour de 8 000-9 000 visiteurs d’avril à septembre. »
Bernard Verlingue sait que le musée dépend aussi de la vie du quartier. Depuis quelques années, Locmaria embellit. D’autres projets vont aboutir. Rendez-vous dans 25 ans.

Musée de la faïence. 14, rue Jean-Baptiste-Bousquet.

Jean-Pierre LE CARROU

Publié le 01/06/2016 – © Ouest-France