Que valent vos trésors : Un œuf de Pâques à la bretonne (La Nouvelle République).

Brigitte, de Sambin, souhaite connaître l’origine d’un œuf en faïence. Philippe Rouillac, commissaire-priseur, nous donne son avis.

Philippe Rouillac
Me Philippe Rouillac, commissaire-priseur.

La faïence que nous livre notre lectrice prend la forme d’un œuf couvert reposant sur une base tripode. Le fretel, c’est-à-dire la prise qui sert à ouvrir le couvercle, figure un ruban. Le décor est en trois parties : les pieds sont peints de motifs décoratifs bleus, verts et jaunes – la partie inférieure de l’œuf d’une scène populaire dans un fond blanc – la partie supérieure d’un cartouche aux armes de la Bretagne soutenues par deux lévriers et une couronne fantasmée, accostées de rinceaux verts sur fond bleu. La scène populaire figurée présente un homme en costume traditionnel prenant par la main une jeune femme à la coiffe bretonne (une catiole du pays de Rennes) esquissant un pas de danse (?). Cette représentation nous rappelle inévitablement le « genre breton », c’est-à-dire une peinture pittoresque très à la mode dans la seconde moitié du XIXe siècle. La Bretagne est alors rêvée lointaine et intemporelle, îlot métropolitain ayant « échappé à la modernité », on est davantage dans l’idéalisation que dans la caricature que le personnage de Bécassine incarnera quelques décennies plus tard.
Dans « L’Encyclopédie des céramiques de Quimper » (aux éditions de la Reinette)*, l’œuf de Brigitte est présenté page 411 du tome consacré au XIXe siècle.

Oeuf couvert
Œuf couvert – Pieds en forme de pattes de saurien. Sous la pièce marque PB Quimper, v. 1898-1904. H. 305 ; diam. 145. (collection du Musée de la Faïence de Quimper, A380).*

Cette identification d’une forme extrêmement proche, pour une hauteur approximative de 30 cm, nous permet d’attribuer avec une quasi-certitude l’œuf de Brigitte à la manufacture de Quimper. Toutefois, il faudrait vérifier qu’un monogramme « PB », « HB » ou « HR » figure sur la pièce. Ces trois monogrammes correspondent aux manufactures actives à Quimper à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Les fours de Quimper en important de l’argile de Bordeaux ou de Rouen, permettent alors à la ville de devenir le centre céramiste le plus important de l’Ouest. Un artiste, Alfred Beau, met son coup de crayon au service du genre breton, et ses gravures obtiennent un succès qui s’étend au décor des faïences. L’œuf de Brigitte a un décor différent que celui présenté dans l’Encyclopédie, mais ce décor est repris sur des pièces ayant d’autres formes. On comprend donc que les céramistes puisent dans un répertoire de formes préexistantes pour y adapter des modèles qu’ils connaissaient par la gravure.

L’incarnation du genre populaire

Cette œuvre est l’incarnation du genre populaire et de la montée des régionalismes à une époque où la révolution industrielle va peu à peu harmoniser et donc indifférencier tout le territoire national. Il est compréhensible que cette perte à venir des traditions soit compensée par un vif regain d’intérêt pour le régional et ce qui en constitue les particularités. En parfait état, sans fêle ni choc, l’œuf couvert de Brigitte, s’il est de Quimper, pourrait être estimé entre 80 et 150 euros, anticipant par sa naïveté le départ de Paul Gauguin à Pont-Aven à la recherche d’un paradis perdu…

Publié le 08/06/2019 par Philippe Rouillac commissaire-priseur – La Nouvelle République ©

*Encyclopédie des céramiques de Quimper (Faïences – Grès – Terres vernissées) – Tome 2 le XIXème siècle – Philippe Le Stum & Bernard Jules Verlingue – Gilles Kervella (Photographies) – éditions de la Reinette – Novembre 2004 – ISBN 2-913566-29-4.

Au Port-musée, une expo consacrée à Pierre Abadie-Landel (Ouest-France).

Abadie-Landel
L’exposition consacrée à Pierre Abadie-Landel a été inaugurée samedi 18 mai, lors de la Nuit européenne des musées.

Artiste éclectique et membre des Seiz Breur, Pierre Abadie-Landel a beaucoup fréquenté la cité penn sardin. Le Port-musée de Douarnenez lui consacre une exposition, jusqu’au 30 juin.

Jusqu’au 30 juin 2019, le Port-musée de Douarnenez (Finistère) consacre une exposition au peintre Pierre Abadie-Landel (1896-1972). Elle a été inaugurée samedi 18 mai, lors de la Nuit des musées.

Rétrospective

Artiste éclectique et membre des Seiz Breur, Pierre Abadie-Landel a beaucoup fréquenté la cité Penn sardin. Bien que résidant à Paris, il a fait des ports du Finistère-Sud l’un de ses thèmes favoris. Cette rétrospective regroupe la diversité de l’œuvre de ce peintre et céramiste, avec un focus spécial sur Douarnenez et les faïenceries peintes pour HB à Quimper.

Jusqu’au 30 juin, dans la salle d’exposition du hall d’accueil du Port-musée. Entrée libre.

Publié le 2 juin 2019 – Ouest-France ©

Quand les brodeurs inspiraient les faïenciers.

Catalogue 2019 - Quand les brodeurs inspiraient les faïenciers.
  • 2019 – Quand les brodeurs inspiraient les faïenciers

(catalogue de l’exposition – 15 Avril au 28 septembre 2019)

Sous la direction de Bernard Jules VERLINGUE (Jérémy VAROQUIER, notices : Pascal JAOUEN, Alain Le BERRE, Mick NÉDÉLEC, photos : Bernard GALÉRON).

Une des particularités des costumes de Bretagne est la richesse des couleurs des broderies ou des motifs traditionnels qui les ornent. Les faïenciers quimpérois ne sont pas restés insensibles à ce phénomène et ont largement puisé dans ce fonds quasi inépuisable pour décorer leurs pièces. Il s’agit là d’une démarche, certes d’esthétisme pur, mais également une volonté active de retrouver d’authentiques racines bretonnes, s’inscrivant ainsi dans la revivification d’un art décoratif moderne, cher aux Seiz Breur.

La période de l’entre-deux-guerres voit, dans les campagnes, la désaffection du costume traditionnel mais, parallèlement, de nombreux contemporains s’intéressent à cette culture et tentent de la valoriser. L’Union Régionaliste Bretonne luttera pour un maintien, très conservateur, des modes locales. Plus tard, René-Yves Creston portera un regard ethnographique sur ce costume, suivi dans ce domaine par d’autres artistes comme Robert Micheau-Vernez.

Dès 1918, la manufacture HB crée le décor «broderie», technique nouvelle qui permet de retrouver la notion de relief, mettant en avant la richesse du travail des brodeurs. L’atelier de Pierre Poquet en est l’illustration. Les chefs d’atelier ayant un droit de création, naîtront ainsi de nombreux décors, particulièrement variés, reprenant principalement les motifs bigoudens mais aussi les éléments floraux du costume de Fouesnant. Jean Caër restera plus traditionnel dans le traitement de ses compositions, osant toutefois des emplois de couleurs audacieux.

29,7 x 21 cm – 84 pages – ISBN 2-914009-40-2 – tarif 20 €

Pour plus de renseignements, veuillez nous contacter.

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Le compte-rendu de l’assemblée générale 2019.

AG 2019.

C’est dans l’ancien magasin de la Faïencerie d’Art Breton (FAB), que se tenait l’assemblée générale de l’association cette année.

M. Jean-Paul ALAYSE président de l’association a tout d’abord félicité l’équipe du Musée pour le succès de l’exposition 2018 consacrée à l’artiste Jeanne Malivel (plus de 9000 visiteurs).

L’association est forte d’environ 180 adhérents. Vous pouvez nous rejoindre en remplissant notre bulletin d’adhésion (lien).

Micheau-Vernez - Costume Quimpérois.
Exposition 2019 – « Quand les brodeurs inspiraient les faïenciers » (Patrice Cudennec, « Glazik » dessin préparatoire, Robert Micheau-Vernez, groupe de trois danseurs de Quimper – Gilet d’homme glazig).

Le président fait le rapport d’activités de l’association.

Nous avons organisé les journées européennes du patrimoine en septembre 2018 (lien), avec une présentation des productions quimpéroises sur la thématique des provinces françaises.

L’association a également participé au salon antiquités brocantes à Quimper en novembre. Bien que notre stand était plus modeste que pour la précédente édition, il a rencontré un vif succès, notamment les très représentatifs grès HB Odetta (lien).

La publication de notre catalogue 2018 (Jeanne Malivel), s’est très bien vendue (lien).

L’année 2018 a été l’occasion de sonder les adhérents, par le biais d’une enquête. Le résultat est décevant, avec très peu de retour.

AG 2019.
Présentation de la Gazette des Amis du Musée et de la Faïence de Quimper par M. Philippe Théallet.

M. Philippe Théallet présente la gazette des Amis du Musée et de la Faïence de Quimper (lien). C’est un semestriel qui repose sur le bénévolat, et qui rend compte de l’actualité et des dernières recherches dans le domaine de la céramique quimpéroise.

La mise en forme de la revue est réalisée par la société « Mot compte triple », et éditée par l’agence Soho à Quimper.

M. Guenhaël Le Moing évoque la présence de l’association sur internet et sur les réseaux sociaux. Le bilan est très positif, la fréquentation du site est en très forte hausse. Les nouvelles pistes de développement sont présentées aux adhérents.

AG 2019.
Les administrateurs de l’association : Jean-Paul Alayse, Philippe Théallet et Daniel Georges (de gauche à droite).

M. Daniel Georges assure la logistique de l’association. Il évoque le stock des gazettes et des catalogues détenus par notre association. Vous pouvez acheter ces publications à l’accueil du Musée, et chez notre revendeur à Quimper, la galerie P. Théallet pour les catalogues.

Les mécènes sont présentés, notamment un nouveau venu, la société : « Quimper Enchères », l’étude de Me Nadine Jaouen.

AG 2019.
M. Patrick Monéger trésorier, et le secrétaire de l’association M. Jacques Duvet.

Le rapport financier est présenté par M. Patrick Monéger, membre fondateur de notre association.

Un nouvel administrateur est élu à notre bureau. Il s’agit de M. Jacques Brénéol.

Dans un second temps, M. Jacques Duvet synthétise les retours de notre enquête auprès des adhérents, puis s’instaure un débat avec les membres présents à cette assemblée générale.

Quelques projets sont présentés par notre président. Il est demandé aux adhérents de participer, un groupe de travail sera constitué.

M. Mikaël Micheau-Vernez présente la future exposition consacrée à son père par le Musée de Malicorne (72), à partir du début du mois de mai jusqu’au 11 novembre 2019. Un livre sur l’oeuvre en céramique de Robert Micheau-Vernez sera édité par Groix éditions.

L’artiste Paul Moal présente la rétrospective de son oeuvre qui se déroulera à Douarnenez du 17 juin au 18 août 2019. Elle comprendra des céramiques réalisées chez Henriot Quimper, à la FAB et à Malicorne.

AG 2019.
Jean-Paul Alayse et Hervé Maupin, président du fonds de dotation.

M. Hervé Maupin rappelle le rôle du fonds de dotation du Musée de la Faïence de Quimper, dont il est le président.

AG 2019.

La composition du bureau de l’association est la suivante :

  • M. Jean-Paul Alayse (Président).
  • M. Guenhaël Le Moing (Vice-président, en charge du site internet).
  • M. Patrick Monéger (Trésorier).
  • M. Bernard Verlingue (Trésorier adjoint).
  • M. Jacques Duvet (Secrétaire).
  • M. Daniel Georges (Administrateur, en charge de la logistique).
  • M. Philippe Théallet (Administrateur, en charge de la gazette des Amis du Musée).
  • M. Antoine Maigné (Administrateur – la gazette des Amis du Musée).
  • M. Jacques Brénéol (Administrateur).

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De la broderie au Musée de la faïence (Le Télégramme).

Bernard Jules Verlingue
L’exposition réalisée sous la direction de Bernard Verlingue ouvre ses portes ce lundi.

Le Musée de la faïence consacre sa nouvelle exposition d’été aux liens entre brodeurs et faïenciers. Intitulée « Quand les brodeurs inspiraient les faïenciers », elle ouvre ses portes, ce lundi, sur les bords de l’Odet.

Le regard de Bernard Verlingue s’illumine à l’évocation de la pièce d’étoffe brodée, retrouvée dans un vieux bureau stocké au sous-sol de la Faïencerie HB, il y a quelques années. La pièce de costume bigouden soigneusement conservée appartenait à René-Yves Creston, l’un des chefs d’atelier de la faïencerie, dont le conservateur du Musée de la faïence a été le directeur technique.

Ce lien étroit entre faïence de Quimper et broderies des costumes ne saute pas toujours aux yeux. « Il y a des gens fascinés par ce travail, propriétaires de grosses collections, qui n’avaient pas fait le rapprochement », s’étonne encore le conservateur du musée. Une influence loin d’être négligeable à l’origine de la nouvelle exposition d’été présentée à compter de ce lundi, à Locmaria.

60 ans de production

Une aventure débutée à Paris. « Mobilisé pendant la Première Guerre mondiale, mon grand-père était le chauffeur d’un général de l’État-major qui aimait la marche », raconte Bernard Verlingue. Une partie de son temps libre, il le passait à la manufacture de Sèvres. Alors associé dans une faïencerie à Boulogne, Julien Verlingue apporte de nouvelles techniques de décoration à Quimper : les cloisonnés, les tubés et la barbotine.

Des techniques qui vont permettre la reconstitution ou la création de décors. Charles Trautmann y intégrera les décors de broderie à l’origine d’une importante production au succès considérable. Produites dès 1920, notamment pour les grands magasins parisiens, ces faïences sortiront des ateliers quimpérois jusqu’en 1980.

Peu connu du grand public

Les motifs de Douarnenez, Pont-Aven, Quimper, Plougastel et surtout du Pays bigouden ont donné lieu à une multitude de pièces. « C’est la Bigoudénie qui influence les faïences de Quimper », y compris de décors au pinceau. Une production malgré tout peu connue du grand public.

Pour mettre en valeur les quelque 150 pièces ressorties des collections du musée pour l’occasion, Bernard Verlingue s’est rapproché de l’école de broderie voisine de Pascal Jaouen et de l’antiquaire douarneniste Alain Le Berre. Leurs prêts de pièces de costumes permettent de mieux comprendre le travail des peintres des faïenceries quimpéroises. Les chefs d’ateliers ont notamment réalisé de nombreux plats, dont le plus grand dépasse le mètre de diamètre. Ces pièces étaient souvent achetées à l’usine par les artistes. À l’image de Pierre Poquet dont la femme les revendait dans sa boutique.

Vases ou personnages signés Micheau-Vernez ou Kervella complètent l’exposition. Ils sont à découvrir jusqu’à la fin de l’été au Musée de la faïence.

Pratique
Exposition « Quand les brodeurs inspiraient les faïenciers », du 15 avril au 28 septembre, au Musée de la faïence de Quimper, rue Jean-Baptiste-Bousquet. Ouvert du lundi au samedi, de 10 h à 18 h, sans interruption. Fermé les dimanche et jours fériés. Entrée : 5/4/3 €, gratuit jusqu’à 6 ans.

Publié le 15 avril 2019 par Jean Le Borgne – Le Télégramme ©