À Quimper, la faïence révèle encore des trésors (Le Télégramme).

Annic Constany
Les amis du musée de la faïence ont renseigné une quarantaine de propriétaires, ce samedi.

Invités chaque année à présenter leurs pièces, les particuliers se sont pressés, ce samedi dans la cour du musée de la faïence. L’occasion de révéler quelques trésors.

Des pièces de vaisselles chinées à un troc et puces, des plats et autres sculptures transmises de génération en génération ou trouvées dans un grenier. Masqués pour cause de crise sanitaire, une quarantaine de collectionneurs et autres héritiers de pièces de faïences de Quimper se sont relayés dans la cour du musée de Locmaria, ce samedi, pour connaître l’histoire de leurs biens et souvent avoir une idée de leur valeur.

« C’est notre rôle », souligne Jérémy Varoquier, l’assistant principal du musée. En l’absence de Bernard Verlingue, le conservateur des lieux, ce sont les amis du musée qui ont orienté les propriétaires de pièces de faïence.

Du Quimper du XVIIIe siècle ?

Tout au long de la matinée, près de 200 pièces sont ainsi passées entre les mains de ces fins connaisseurs. Beaucoup de vaisselle. Mais parfois quelques belles pièces comme ce couple de sonneurs. Son propriétaire est reparti avec un précieux conseil en poche : le numéro de téléphone d’un restaurateur quimpérois. Au-delà du renseignement, l’objectif, pour le musée quimpérois, est « d’éviter la dispersion des pièces et de préserver » ce patrimoine.

« Au fur et à mesure, le conservateur pensait que ça allait se tarir. Mais nous faisons des découvertes tous les ans », se réjouit Jérémy Varoquier. Outre plusieurs pièces d’artistes – Micheau Vernez, Nicot, Fouillen, Keraluc – les amis du musée ont eu de la faïence du XVIIIe siècle entre les mains, ce samedi. « Il pourrait s’agir de « vieux Quimper ». Cela reste à confirmer parce qu’il n’y avait pas de signatures à l’époque ». Des œuvres historiques susceptibles d’entrer dans les collections du musée de Locmaria. Pas par le biais d’achats. Le lieu n’en a pas les moyens. Mais par l’intermédiaire de dons. Les pièces datées de 1769 pourraient ainsi rejoindre le musée.

Publié le 8 août 2020 par Jean Le Borgne – Le Télégramme ©

Assiette, biberon et vase dévoilent leurs secrets (Le Télégramme).

Les Amis du Musée et de la Faïence de Quimper.
Les Amis de la faïence organisaient une matinée d’estimations, ce samedi. (Le Télégramme/Jean Le Borgne).

Pièce de collection ou simple vaisselle sans grande valeur. Les propriétaires de faïences de Quimper ont soumis leurs « trésors » aux Amis du musée, ce samedi. L’occasion de quelques surprises.

Les Amis du musée de la faïence tenaient à maintenir l’opération malgré l’indisponibilité de Bernard Verlingue. À défaut d’une estimation d’expert, les propriétaires de « Quimper » ont pu connaître l’histoire de leurs faïences, ce samedi. Des explications souvent synonymes de déception. « Les services de tables n’ont plus de grande valeur, même s’ils représentent souvent une valeur affective pour ceux qui les détiennent », souligne Jean-Paul Alayse, le président des Amis du musée de la faïence mobilisés pour l’occasion.

Les Amis du Musée et de la Faïence de Quimper.
Les Amis de la faïence organisaient une matinée d’estimations, ce samedi. (Le Télégramme/Jean Le Borgne).

Première pièce soumise aux collectionneurs avisés de l’association, un vase HB Odetta. « Une belle pièce », commente le président de l’association. Un héritage de longue date que Marguerite détient d’une tante qui en faisait commerce rue de Siam à Brest, sans en connaître la valeur précise. « Quand on me l’a donnée, on m’a dit qu’il valait 20 000 à 30 000 francs ». La pièce unique et bien conservée a été photographiée. Elle sera soumise à l’expertise de Bernard Verlingue. « On m’a dit qu’il y avait quelques bavures sur les motifs du haut du vase », semble regretter la vieille dame. « Rien n’est parfait dans la faïence », corrige un ami du musée, pas étonné de la facture de ce vase des années 20.

Des œuvres d’art

Mais les belles pièces réalisées en grande série n’ont pas davantage de valeur. Le vase Odetta, lui, témoigne de l’arrivée de Jules Verlingue à Quimper. Comme en leur temps les œuvres de Mathurin Méheut ou de Creston ont marqué l’histoire de la faïence quimpéroise. Des pièces d’artistes très recherchées. « Ce sont de vraies sculptures, des œuvres d’art », souligne Jean-Paul Alayse.

Un marché dynamique jusqu’à la fin du siècle dernier, selon le président des amis du musée : « Il s’est un peu effondré depuis les attentats du 11 septembre 2001 et le repli des Américains qui cherchaient jusque-là leurs racines dans la faïence. Ils s’intéressent toujours au Quimper ancien, mais moins aux pièces d’artistes ».

Biberon en faïence

Du « Quimper » ancien relativement rare. À l’image de ce biberon du XIXe siècle. « J’ai découvert qu’il s’agissait d’un biberon en visitant le musée. Il appartenait à ma grand-mère », explique sa propriétaire. « On en trouve régulièrement, mais ce type de pièce est recherché par certains collectionneurs », sourit un autre membre des Amis du musée.

Ces inconditionnels du « Quimper » participent au rayonnement de la faïence. « Quimper fait partie de ces rares sites qui ont survécu, parfois avec difficulté », souligne Jean-Paul Alayse. Le fruit du travail de la faïencerie mais aussi du musée dont les expositions s’enrichissent parfois d’œuvres redécouvertes à l’occasion de matinées d’estimations.

Les Amis du Musée et de la Faïence de Quimper.
Les Amis de la faïence organisaient une matinée d’estimations, ce samedi. (Le Télégramme/Jean Le Borgne).

Publié le 10 août 2019 par Jean Le Borgne – Le Télégramme ©

De la broderie au Musée de la faïence (Le Télégramme).

Bernard Jules Verlingue
L’exposition réalisée sous la direction de Bernard Verlingue ouvre ses portes ce lundi.

Le Musée de la faïence consacre sa nouvelle exposition d’été aux liens entre brodeurs et faïenciers. Intitulée « Quand les brodeurs inspiraient les faïenciers », elle ouvre ses portes, ce lundi, sur les bords de l’Odet.

Le regard de Bernard Verlingue s’illumine à l’évocation de la pièce d’étoffe brodée, retrouvée dans un vieux bureau stocké au sous-sol de la Faïencerie HB, il y a quelques années. La pièce de costume bigouden soigneusement conservée appartenait à René-Yves Creston, l’un des chefs d’atelier de la faïencerie, dont le conservateur du Musée de la faïence a été le directeur technique.

Ce lien étroit entre faïence de Quimper et broderies des costumes ne saute pas toujours aux yeux. « Il y a des gens fascinés par ce travail, propriétaires de grosses collections, qui n’avaient pas fait le rapprochement », s’étonne encore le conservateur du musée. Une influence loin d’être négligeable à l’origine de la nouvelle exposition d’été présentée à compter de ce lundi, à Locmaria.

60 ans de production

Une aventure débutée à Paris. « Mobilisé pendant la Première Guerre mondiale, mon grand-père était le chauffeur d’un général de l’État-major qui aimait la marche », raconte Bernard Verlingue. Une partie de son temps libre, il le passait à la manufacture de Sèvres. Alors associé dans une faïencerie à Boulogne, Julien Verlingue apporte de nouvelles techniques de décoration à Quimper : les cloisonnés, les tubés et la barbotine.

Des techniques qui vont permettre la reconstitution ou la création de décors. Charles Trautmann y intégrera les décors de broderie à l’origine d’une importante production au succès considérable. Produites dès 1920, notamment pour les grands magasins parisiens, ces faïences sortiront des ateliers quimpérois jusqu’en 1980.

Peu connu du grand public

Les motifs de Douarnenez, Pont-Aven, Quimper, Plougastel et surtout du Pays bigouden ont donné lieu à une multitude de pièces. « C’est la Bigoudénie qui influence les faïences de Quimper », y compris de décors au pinceau. Une production malgré tout peu connue du grand public.

Pour mettre en valeur les quelque 150 pièces ressorties des collections du musée pour l’occasion, Bernard Verlingue s’est rapproché de l’école de broderie voisine de Pascal Jaouen et de l’antiquaire douarneniste Alain Le Berre. Leurs prêts de pièces de costumes permettent de mieux comprendre le travail des peintres des faïenceries quimpéroises. Les chefs d’ateliers ont notamment réalisé de nombreux plats, dont le plus grand dépasse le mètre de diamètre. Ces pièces étaient souvent achetées à l’usine par les artistes. À l’image de Pierre Poquet dont la femme les revendait dans sa boutique.

Vases ou personnages signés Micheau-Vernez ou Kervella complètent l’exposition. Ils sont à découvrir jusqu’à la fin de l’été au Musée de la faïence.

Pratique
Exposition « Quand les brodeurs inspiraient les faïenciers », du 15 avril au 28 septembre, au Musée de la faïence de Quimper, rue Jean-Baptiste-Bousquet. Ouvert du lundi au samedi, de 10 h à 18 h, sans interruption. Fermé les dimanche et jours fériés. Entrée : 5/4/3 €, gratuit jusqu’à 6 ans.

Publié le 15 avril 2019 par Jean Le Borgne – Le Télégramme ©