Quand les brodeurs inspiraient les faïenciers (Ouest-France).

Jérémy Varoquier
Jérémy Varoquier, assistant du conservateur du Musée de la faïence, devant un haut de costume de femme du Pays bigouden et des assiettes décorées de motifs bigoudens.

L’exposition temporaire du Musée de la faïence est à voir absolument avant le 28 septembre 2019, date de fermeture de l’établissement pour la saison.

« L’heure de la clôture de l’exposition temporaire « Quand les brodeurs inspiraient les faïenciers » approche à grands pas. Elle ne sera plus visible après le 28 septembre, annonce Jérémy Varoquier, assistant du conservateur du Musée de la faïence Bernard Verlingue. Nous avons décidé de prolonger les visites guidées du samedi après-midi à 15 h 30 jusqu’au dernier week-end d’exposition. »

Cette année, le Musée de la faïence a consacré son exposition temporaire aux liens entre la broderie et le décor des faïences. De somptueuses vitrines mettent en parallèle costumes bretons et pièces de faïence réalisées entre 1920 et 1980, date du départ en retraite de Malou Calvez, dernier peintre de la manufacture.

Des motifs de palmettes et fougères

Les premiers éléments du décor broderie apparaissent dans les cahiers d’atelier de Jules Verlingue, fondateur de la faïencerie, au début des années 1920, avec l’arrivée à la manufacture de Charles Trautmann, décorateur à la Faïencerie de la Madeleine à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). Il formera de nombreux peintres à la technique originale du décor broderie, décor phare de la maison HB.

Le relief créé imite parfaitement les broderies du costume traditionnel breton dont les plastrons, manches, coiffes sont décorés d’une multitude de motifs : palmettes, fougères, chaînes de vie, dents-de-scies ou décors perlés… Les vêtements exposés proviennent de collections privées : celle de l’école de broderie d’art de Pascal Jaouen et celle d’Alain Le Berre, antiquaire et collectionneur.

« Cette semaine, à l’occasion du Festival de la Céramique, les 14 et 15 septembre, le musée aura son stand, place du Styvel. Et il sera ouvert exceptionnellement dimanche de 10 h à 18 h. Dans le cadre de notre partenariat avec le festival, pour tout achat sur les stands, une entrée pour deux personnes au musée sera remise », indique Jérémy Varoquier.

Samedi, à 12 h 30, le prix du Fonds de dotation du musée sera remis à un des artistes exposant au Festival de la Céramique.

Le jury est composé de cinq personnes : Jean-Paul Alayse, président des Amis du musée ; Elsa Alayse, céramiste ; Jean-Yves Verlingue, fondateur du musée ; Judy Datesman, spécialiste de « Quimper » ; Philippe Bernelle, membre du comité organisateur du festival.
Les 21 et 22 septembre, à l’occasion des Journées européennes du patrimoine, le musée sera gratuit les samedi et dimanche.

Jusqu’au 28 septembre, exposition « Quand les brodeurs inspiraient les faïenciers », 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h. Visites commentées de l’exposition à 11 h, 15 h et 16 h, le samedi, et 15 h, le dimanche. Tél. 02 98 90 12 72.

Publié le 13 septembre 2019 – Ouest-France ©

Exposition à Quimper – Quand la broderie inspirait les artistes faïenciers (Ouest-France).

Cette saison, le musée de la Faïence, à Quimper, braque ses projecteurs sur le lien entre l’art des brodeurs et les faïenceries. Bernard Verlingue, conservateur du musée, présente quelques-unes des pièces emblématiques de cette exposition.

Bernard Verlingue - Georges Brisson
Bernard Verlingue, conservateur du musée de la Faïence à Quimper, devant un plat signé Georges Brisson.

Les tournesols de Trautmann

Charles Trautmann
Assiette aux tournesols de Charles Trautmann au musée de la Faïence de Quimper.

« Cette œuvre de Charles Trautmann marque le balbutiement du décor qu’on va appeler décor broderie chez HB, l’un des deux grands faïenciers de l’époque. Elle date des années 20. On trouve déjà une frise qu’on retrouve sur les costumes bretons. L’artiste évoque Les tournesols de Van Gogh. On n’est pas encore tout à fait dans le décor broderie. Mais ça l’annonce. Conservée par la faïencerie, il s’agit d’une pièce unique. Trautmann était chef d’atelier, il avait un droit de création. Une particularité de chez HB qui n’existait pas chez Henriot. On sait peu de choses de Trautmann. On pense qu’il faisait partie de familles que mon grand-père, à l’époque propriétaire de la faïencerie HB, a fait venir de Limoges.»

Un vase aux motifs bigoudens

Pierre Poquet
Vase aux motifs bigoudens de Pierre Poquet, au musée de la Faïence de Quimper.

« Ce vase de Pierre Poquet est de nouveau une création de chef d’atelier. Il faisait cela pendant ses horaires de travail. Son droit de création lui permettait d’acheter les pièces. Elles étaient revendues par sa femme qui avait un magasin rue Elie-Fréron. Ce vase représente entre dix et quinze heures de travail. On y trouve ces reprises de décor breton. La plupart des collectionneurs qui détiennent ces faïences n’ont pas remarqué le lien qui existe entre le décor et la broderie bretonne. Et pourtant, on retrouve le cœur bigouden, très fouillé, avec des rehauts d’or qui demandaient une cuisson supplémentaire. »

Brisson fait vibrer la broderie

Georges Brisson
Georges Brisson s’inspire des broderies des costumes du Pays bigouden.

« Voici un décor au pinceau (1923) où Georges Brisson va complètement s’exprimer. On retrouve des éléments de costumes comme le soleil, le cœur, les cornes de bélier. Il a dressé une composition avec tous ces éléments. Nous sommes au cœur du mouvement lorsque la broderie est source d’inspiration pour les artistes faïenciers. Brisson est un artiste originaire de Nantes. Il était très discret.»

Le travail titanesque de Jean Caër

Jean Caër
Le travail titanesque de Jean Caër.

« Jean Caër, encore un chef d’atelier de chez HB, a réalisé de grand plat de 80 cm de diamètre (1925). Pour composer le décor, il a posé des émaux au pinceau, goutte à goutte. Un travail titanesque. Il s’est inspiré de la broderie en s’en éloignant. Je me suis demandé comment ces œuvres étaient accueillies à l’époque. Les articles de presse étaient louangeurs, voire dithyrambiques. Pour autant, les critiques faisaient remarquer que Henriot faisait toujours des petits Bretons de qualité (un motif classique). Les deux maisons étaient en concurrence permanente. D’ailleurs, il faut remarquer que cette concurrence correspond à l’âge d’or des faïenceries quimpéroises. »

Musée de la Faïence, 14, rue Jean-Baptiste-Bousquet, à Quimper. Ouvert jusqu’au 28 septembre, du lundi au samedi, de 10 h à 18 h sans interruption. Fermé le dimanche et les jours fériés.

Publié le 13/06/2019 par Jean-Pierre Le CARROU – Ouest-France ©

Quand la faïence s’inspire de la broderie (Côté Quimper).

La nouvelle exposition du Musée de la faïence met en valeur le travail des faïenciers inspirés par les motifs des broderies des costumes bretons.

Robert Micheau-Vernez
Groupe de trois danseurs de Quimper, par Robert Micheau-Vernez.

C’est en quelque sorte une double exposition que présente le Musée de la faïence de Quimper. Elle met en effet en parallèle les broderies des costumes bretons traditionnels et les faïences, dans une période allant de 1920 à 1980. Une période où des faïenciers ont mis au point le décor «broderie».

Une technique particulière

Ils se sont inspirés des broderies pour réaliser leurs motifs. Palmette, fleur de lys, fleur d’ajoncs, guirlande fleuries, arête de poisson, chaîne de vie, chevron, soleil, étoile, dents de loup, motifs de broderie des pays Glazik (Quimper), Fouen (Rosporden), Penn sardin (Douarnenez-Crozon), Plougastel, pays bigouden se sont retrouvés ainsi à décorer des plats, des vases, assiettes, brocs…, et statuettes, des pièces très riches en couleurs. «Les peintres avaient une certaine liberté de création. Les décors n’étaient pas figés», souligne Bernard Verlingue, conservateur du musée.

La particularité des pièces présentées est la technique utilisée. Il s’agit d’un procédé de cloisonnés, réalisé pour empêcher les émaux colorés qui ornementent les pièces de se mélanger. «Mon grand-père l’a découverte en 1915, à Paris, où il a rencontré M. Baudin, chef de fabrication à la Manufacture nationale de céramique de Sèvres», explique Bernard Verlingue. L’exposition présente de nombreuses pièces de faïences réalisées notamment par Charles Trautmann, Pierre Pocquet et Jean Caër, « trois personnages importants dans l’interprétation des broderies sur faïence» et des pièces plus récentes réalisées par des artistes inspirés par les broderies. Elles sont toutes mises en situation, installées près de costumes issus de collections privées, celles du brodeur Pascal Jaouen, et d’Alain Le Berre, antiquaire à Douarnenez. «Des pièces magnifiques, uniques».

Jusqu’au 28 septembre au musée de la faïence, 14 rue Jean-Yves-Bousquet.

Publié le 16 avril 2019 par Sylvie Béchet – Côté Quimper ©

De la broderie au Musée de la faïence (Le Télégramme).

Bernard Jules Verlingue
L’exposition réalisée sous la direction de Bernard Verlingue ouvre ses portes ce lundi.

Le Musée de la faïence consacre sa nouvelle exposition d’été aux liens entre brodeurs et faïenciers. Intitulée « Quand les brodeurs inspiraient les faïenciers », elle ouvre ses portes, ce lundi, sur les bords de l’Odet.

Le regard de Bernard Verlingue s’illumine à l’évocation de la pièce d’étoffe brodée, retrouvée dans un vieux bureau stocké au sous-sol de la Faïencerie HB, il y a quelques années. La pièce de costume bigouden soigneusement conservée appartenait à René-Yves Creston, l’un des chefs d’atelier de la faïencerie, dont le conservateur du Musée de la faïence a été le directeur technique.

Ce lien étroit entre faïence de Quimper et broderies des costumes ne saute pas toujours aux yeux. « Il y a des gens fascinés par ce travail, propriétaires de grosses collections, qui n’avaient pas fait le rapprochement », s’étonne encore le conservateur du musée. Une influence loin d’être négligeable à l’origine de la nouvelle exposition d’été présentée à compter de ce lundi, à Locmaria.

60 ans de production

Une aventure débutée à Paris. « Mobilisé pendant la Première Guerre mondiale, mon grand-père était le chauffeur d’un général de l’État-major qui aimait la marche », raconte Bernard Verlingue. Une partie de son temps libre, il le passait à la manufacture de Sèvres. Alors associé dans une faïencerie à Boulogne, Julien Verlingue apporte de nouvelles techniques de décoration à Quimper : les cloisonnés, les tubés et la barbotine.

Des techniques qui vont permettre la reconstitution ou la création de décors. Charles Trautmann y intégrera les décors de broderie à l’origine d’une importante production au succès considérable. Produites dès 1920, notamment pour les grands magasins parisiens, ces faïences sortiront des ateliers quimpérois jusqu’en 1980.

Peu connu du grand public

Les motifs de Douarnenez, Pont-Aven, Quimper, Plougastel et surtout du Pays bigouden ont donné lieu à une multitude de pièces. « C’est la Bigoudénie qui influence les faïences de Quimper », y compris de décors au pinceau. Une production malgré tout peu connue du grand public.

Pour mettre en valeur les quelque 150 pièces ressorties des collections du musée pour l’occasion, Bernard Verlingue s’est rapproché de l’école de broderie voisine de Pascal Jaouen et de l’antiquaire douarneniste Alain Le Berre. Leurs prêts de pièces de costumes permettent de mieux comprendre le travail des peintres des faïenceries quimpéroises. Les chefs d’ateliers ont notamment réalisé de nombreux plats, dont le plus grand dépasse le mètre de diamètre. Ces pièces étaient souvent achetées à l’usine par les artistes. À l’image de Pierre Poquet dont la femme les revendait dans sa boutique.

Vases ou personnages signés Micheau-Vernez ou Kervella complètent l’exposition. Ils sont à découvrir jusqu’à la fin de l’été au Musée de la faïence.

Pratique
Exposition « Quand les brodeurs inspiraient les faïenciers », du 15 avril au 28 septembre, au Musée de la faïence de Quimper, rue Jean-Baptiste-Bousquet. Ouvert du lundi au samedi, de 10 h à 18 h, sans interruption. Fermé les dimanche et jours fériés. Entrée : 5/4/3 €, gratuit jusqu’à 6 ans.

Publié le 15 avril 2019 par Jean Le Borgne – Le Télégramme ©

Au musée, la faïence s’inspire des broderies (Ouest-France).

Quand les brodeurs inspiraient les faïenciers - Ouest-France.
Bernard Verlingue, conservateur du musée de la faïence.

Le musée de la faïence, à Quimper (Finistère), propose une exposition consacrée au rapport entre brodeurs et faïenciers. À voir à partir du 15 avril.

Chaque été, le spectacle des costumes bretons mis en valeur lors des festivals éblouit les spectateurs. Courbes, torsades, plastrons illustrent le savoir-faire des brodeurs. Le brodeur Pascal Jaouen, à Quimper (Finistère), contribue au renouveau de cette tradition. Ce que l’on sait moins, c’est comment des faïenciers quimpérois ont intégré la broderie à l’art de la faïence. Bernard Verlingue, conservateur du musée de la faïence, petit-fils de Jules Verlingue, faïencier quimpérois, met en valeur ce lien à l’occasion d’une exposition.

Broderie bigoudène et assiette

« Ce qui me surprend, c’est que les collectionneurs de faïences de Quimper ignorent souvent le lien qui existe entre le décor et la broderie traditionnelle bretonne… » Bernard Verlingue prépare l’exposition qui ouvrira la saison 2019 au musée de la faïence. Devant les vitrines qui commencent à se remplir à l’heure de l’installation, le conservateur du musée pointe les correspondances. Entre le plastron bigouden et l’assiette produite par la faïencerie HB dans les années 1920, c’est évident. Et cela ne doit au hasard.

La technique du cloisonné

« C’est Jules Verlingue, mon grand-père, qui a importé un savoir-faire découvert pendant la guerre à la Manufacture de Sèvres » , rapporte Bernard Verlingue. Jules Verlingue, réformé, n’est pas au front. Il est le chauffeur d’un général à l’état-major. « Ce dernier aimant beaucoup marcher, Jules avait du temps libre », rigole son petit-fils. Jules Verlingue s’intéresse à la technique « du cloisonné » qui permet de travailler différemment l’émaillage sur le biscuit (faïence cuite). Cette technique, exploitée par les émaux de Longwy, permet de rendre un relief.

Quand les brodeurs inspiraient les faïenciers - Ouest-France.
Charles Trautmann, peint par Fouillen dans les années 1920.

Les carnets de Charles Trautmann

« À Quimper, seule la faïencerie HB va utiliser cette technique » , poursuit Bernard Verlingue. Un certain Charles Trautmann, va s’employer à la diffuser au sein des ateliers. Bernard Verlingue a retrouvé les carnets d’ateliers de Charles Trautmann où celui-ci notait méticuleusement les commandes, le temps de travail nécessaire pour chaque pièce. « C’était le point faible du cloisonné, cela réclamait beaucoup de temps. » Un peu plus de quatre pichets en une heure. Six petits bols à l’heure. Huit heures pour un vase !

Quand les brodeurs inspiraient les faïenciers - Ouest-France.
Le décor des assiettes inspiré par les broderies des costumes traditionnels.

Un vrai succès pour HB

Les prix sont élevés. Mais ces faïences plaisent beaucoup. « HB les vendait dans les grands magasins parisiens, comme Le Printemps. Mais la clientèle locale aisée les achetait aussi. » La technique ne serait rien sans une inspiration. Et ici, en Cornouaille, ce sont les broderies des costumes traditionnels qui vont s’imposer. « Les motifs ornant les costumes du Pays bigouden sont les plus nombreux. » Et de loin ! La riche symbolique des dessins s’impose sur les assiettes, les plats, les vases.

Costumes et faïences associés

Bernard Verlingue prépare cette exposition avec un plaisir nouveau. « Nous prenons soin d’associer costumes traditionnels et faïences. Cela va contribuer à rendre les vitrines particulièrement attrayantes. » Le brodeur Pascal Jaouen et l’antiquaire Alain Le Berre ont prêté des vêtements. L’exposition est, comme toujours, soutenue par la publication d’un catalogue. Là encore Bernard Verlingue se réjouit à l’avance. Des photos particulièrement soignées, des reproductions des carnets de décorateurs, de chefs d’atelier. Toute la faïencerie HB de l’âge d’or revit dans ces pages.

« Quand les brodeurs inspiraient les faïenciers », du 15 avril au 28 septembre. Musée de la faïence, 14, rue Jean-Baptiste Bousquet, Quimper.

Publié le 02/04/2019 par Jean-Pierre LE CARROU – Ouest-France ©