C’est à l’occasion du Pardon du Folgoët en 1923, que de jeunes artistes posent les bases du mouvement de renouveau des arts décoratifs breton : Ar Seiz Breur (les sept frères).
La production de ce mouvement a été accompagnée par les manufactures HB (la Grande Maison) et Henriot, à partir des années 20.
Depuis plus d’un an, Me Carole Jézéquel (étude Rennes Enchères) et Tangui Le Lonquer (expert) travaillent sur une vente du centenaire du mouvement (1923-2023).
Ils ont été rejoints dans l’aventure par la SVV Thierry-Lannon (Brest et Lorient) et Salorgues Enchères (Nantes et la Baule).
L’évènement se concrétise au mois de juillet 2023, avec une exposition des travaux des membres du mouvement, au Parlement de Bretagne à Rennes (du 8 au 13 juillet).
La vente se tiendra à l’Hôtel des Ventes de Rennes (32 Place des Lices), le 13 juillet 2023 à 14 h.
Ar Seiz Breur 1923-2023 : le centenaire . Vente le jeudi 13 juillet 2023 à 14H00 (287 lots). Exposition publique gratuite au Parlement de Bretagne du samedi 8 au jeudi 13 juillet.
Lancée par un Provençal installé à la fin du XVIIe siècle dans la capitale de Cornouaille, la faïence devient en trois siècles l’une des marques de fabrique de la ville de Quimper, et un élément incontournable du patrimoine breton.
Les dates divergent selon les sources, qui parlent de 1690 ou 1699, mais toutes s’accordent sur un point : c’est bien à Jean-Baptiste Bousquet que l’on doit la création de la première faïencerie de Quimper. Installé dans le quartier de Locmaria, cet artisan provençal originaire de Saint-Zacharie crée son entreprise dans un endroit propice au développement de son activité. « D’une part, il n’y a pas d’autres faïenceries dans la province, au moins jusqu’à Nantes ou Rennes, explique Michel Roullot, spécialiste de la faïence, dans un ouvrage collectif consacré au sujet (*). D’autre part, les conditions techniques favorables sont réunies : le bois pour chauffer les fours est abondant et peu onéreux ; près de Quimper, à Toulven, aux bords de l’Odet, un gisement d’argile permet de fabriquer des poteries, du grès et de la faïence blanche ordinaire ; enfin, l’Odet qui traverse Quimper, permet de faire venir la terre facilement et d’expédier, par voie maritime vers le Léon et le Trégor, les produits fabriqués. »
Une période idéale
La période est aussi particulièrement bien choisie : suite à la grave crise financière qui touche le Royaume, conséquences des guerres menées par Louis XIV et la révocation de l’Édit de Nantes en 1685 qui entraîne l’émigration des protestants et la fuite de leurs capitaux, le roi de France oblige, fin 1689, les particuliers à porter leur vaisselle d’argent pour que ce matériau précieux soit transformé en monnaie, afin de renflouer les caisses de l’État. Nobles et riches bourgeois doivent dès lors s’équiper de nouveau. « Les faïenciers vont donc produire des pièces de grande qualité pour satisfaire la demande », poursuit Michel Roullot. D’autant plus que la création de ces fabriques est encouragée par Colbert, le ministre des Finances, afin d’éviter les importations. L’affaire de Jean-Baptiste Bousquet se développe à tel point que son fils Pierre, tout juste nommé maître-faïencier à Marseille, le rejoint. Il se retrouve à la tête de l’entreprise familiale moins d’un an après son arrivée, suite au décès de son père et poursuit le développement de la manufacture, spécialisée dans la fabrication de vaisselle mais aussi de pipes à fumer en terre.
Une histoire de famille
Au cours du XVIIIe siècle, la faïencerie continue sa croissance avec ses directeurs successifs, d’abord Pierre Bellevaux, gendre de Pierre Bousquet, qui apporte les techniques des faïences de Nevers dont il est originaire. Puis Pierre-Clément Caussy, fils d’un faïencier de Rouen, qui épouse la fille du nouveau patron. « Son apport à l’édifice de Quimper est des plus importants, explique le site du musée de la faïence (**). Il influencera la production jusqu’à la fin du XIXe siècle grâce aux nombreux poncifs qu’il avait eu soin d’emmener… » L’influence rouennaise transforme peu à peu la faïence quimpéroise en une production plus artistique. En 1771, la fille de Caussy épouse Antoine de La Hubaudière, qui donnera le nom définitif à la manufacture : HB – La Grande Maison. Jusqu’en 1917, les descendants se succéderont à la tête de l’entreprise familiale, avant qu’elle soit reprise par un industriel du Nord de la France.
Le développement des faïenceries
Dès la fin du XVIIIe siècle, la concurrence apparaît à Quimper face à la maison HB. D’anciens ouvriers lancent leur propre affaire, avec diverses fortunes. Au XIXe siècle, on compte ainsi plusieurs manufactures de faïence à Quimper et dans les alentours, mais peu parviennent à égaler HB. L’une d’entre elles va cependant y arriver : la manufacture Porquier. La firme prend la suite de la manufacture Eloury, du nom d’un ancien ouvrier de HB, qui a monté sa société en 1772. Spécialisée dans la faïence culinaire et utilitaire, l’entreprise s’aventure dans les années 1870 dans la faïence d’art avec Alfred Beau, qui apportera à la production finistérienne un nouveau souffle qui fera sa renommée. « Il est probablement le personnage le plus important de l’histoire des faïenceries quimpéroises, poursuit Michel Roullot. Originaire de Morlaix, élève d’Eugène Isabey, gendre d’Émile Souvestre, il est le créateur du premier décor breton ». Au début du XXe siècle, Quimper ne compte plus que trois manufactures : HB, PB (pour Porquier-Beau) et HR (fondée en 1891 par Jules Henriot).
Pour en savoir plus
(*) « Quimper, trois siècles de faïence », ouvrage collectif, éditions Ouest-France, 2002.
« Histoire de la faïence de Quimper » de Bernard Verlingue, éditions Ouest-France, 2011.
Une concurrence farouche et un vivier d’artistes
Au cours de XXe siècle, les trois manufactures quimpéroises se livrent une concurrence farouche (avant de finalement fusionner les unes avec les autres au fil des années), rivalisant de créativité et n’hésitant pas à faire appel à des artistes – plus de 260 référencés – pour décorer leur vaisselle mais aussi créer des statuettes religieuses ou profanes, ainsi que des éléments décoratifs. Des peintres comme Mathurin Méheut, Yvonne Jean-Haffen, René Quillivic ou Jeanne Malivel y collaborent au cours de leur carrière.
Les motifs décoratifs s’enrichissent de multiples sujets d’inspiration locale et légendaire, comme des scènes de pêche, de marine ou encore de la vie quotidienne, tout en respectant la palette de couleurs typiques du style finistérien (bleu, vert, rouge, jaune et violet). Cette profusion créative et la qualité des productions font connaître la faïence de Quimper dans toute la France. Cet élan est renforcé par le développement du chemin de fer et l’avènement des loisirs balnéaires, qui attirent en Bretagne touristes et artistes.
La réputation de la faïence de Quimper va même dépasser les frontières de l’Hexagone. En effet, avec ses petits Bretons à l’allure folklorique peints à la main et représentés dans un style naïf, la vaisselle bretonne s’exporte de nos jours aux États-Unis, au Canada et même au Japon. Si Quimper reste aujourd’hui le dernier centre faïencier en activité de France, la fabrication – industrielle comme artisanale – reste dynamique, grâce notamment à de jeunes artistes qui perpétuent la tradition, tout en l’ancrant dans la modernité.
L’étude Adjug’art renoue avec une vente de faïence de Quimper en cette fin d’année. L’hôtel des ventes de Quimper collabore une nouvelle fois à cette vacation.
René-Yves Creston (1898-1964) – Nominoë – Manufacture Henriot, Quimper vers 1930 (H : 34 cm, L : 44 cm).
Elle se tiendra le dimanche 29 novembre 2020 à 14 h 15 à Brest, exclusivement à distance. Il n’y aura pas d’exposition des œuvres, confinement oblige.
Cette vente se concentre sur l’œuvre de l’artiste Pierre Abadie-Landel (1896-1972), appartenant au mouvement « Ar Seiz Breur ».
Pierre Abadie-Landel (1896-1972) – Assiette titrée « Er Foar » en faïence polychrome – Manufacture HB Grande Maison, vers 1930 (D : 24,5 cm).
Il s’agit de la succession d’Alain Rault (1942-2016), collectionneur passionné par cet artiste. Deux expositions ont été consacrées successivement à Pierre Abadie-Landel à Tréburden (22) à l’été 2018 et à Douarnenez en 2019. Nous avions consacré une vidéo de cette dernière présentation.
Une monographie de l’artiste s’appuyant sur cette collection a été publiée par l’éditeur Asia (lien).
On retrouvera également dans la vente, de l’art populaire, des costumes bretons et de la peinture bretonne.
Robert Micheau-Vernez (1907-1989) – Groupe en faïence polychrome représentant un couple de Langonnet – Manufacture Henriot, vers 1950 (H : 24 cm).
Cette vente est composée de 454 lots. M. Didier Gouin assure l’expertise des céramiques quimpéroises.
Adjug’art – Maître Yves Cosquéric – Brest, en collaboration avec l’hôtel des ventes de Quimper. Dimanche 29 novembre 2020 à 14 h 15 – Céramique (63 lots), collection Pierre Abadie-Landel (145 lots).
René Quillivic (1879-1969) – « Les deux fumeuses », groupe en faïence émaillée blanc représentant deux Bigoudènes, numéroté 8/40 – Manufacture HB Grande Maison, vers 1920-1925 (H : 41 cm, L : 45 cm).
L’exposition consacrée à Pierre Abadie-Landel a été inaugurée samedi 18 mai, lors de la Nuit européenne des musées.
Artiste éclectique et membre des Seiz Breur, Pierre Abadie-Landel a beaucoup fréquenté la cité penn sardin. Le Port-musée de Douarnenez lui consacre une exposition, jusqu’au 30 juin.
Jusqu’au 30 juin 2019, le Port-musée de Douarnenez (Finistère) consacre une exposition au peintre Pierre Abadie-Landel (1896-1972). Elle a été inaugurée samedi 18 mai, lors de la Nuit des musées.
Rétrospective
Artiste éclectique et membre des Seiz Breur, Pierre Abadie-Landel a beaucoup fréquenté la cité Penn sardin. Bien que résidant à Paris, il a fait des ports du Finistère-Sud l’un de ses thèmes favoris. Cette rétrospective regroupe la diversité de l’œuvre de ce peintre et céramiste, avec un focus spécial sur Douarnenez et les faïenceries peintes pour HB à Quimper.
Jusqu’au 30 juin, dans la salle d’exposition du hall d’accueil du Port-musée. Entrée libre.
Pierre Abadie-Landel fit des ports du Finistère sud l’un de ses thèmes favoris.
Une rétrospective de l’œuvre du peintre Pierre Abadie-Landel (1896-1972) est actuellement présentée au Port-Musée. L’exposition a été inaugurée samedi soir, dans le cadre de La nuit des musées. Artiste éclectique, Abadie-Landel fit des ports du Sud-Finistère l’un de ses thèmes favoris, en particulier Douarnenez, qu’il fréquenta 40 années durant.
Bien que résidant à Paris, le peintre fut un temps membre des Seiz Breur (de 1923 à 1925), ce mouvement artistique précurseur de l’art celto-breton moderne qui regroupa jusqu’à soixante artistes entre les deux guerres mondiales. Certains parmi eux, mus par l’ambition de créer « un art national breton moderne », prirent l’obscur chemin du nationalisme breton, ce qui ne manqua d’entacher le mouvement des Seiz Breur.
Pratique : À voir jusqu’au 30 juin, dans la salle d’exposition du hall d’accueil du Port-Musée, place de l’Enfer. Entrée libre.