Une exposition en hommage à Philippe Le Stum se déroule jusqu’au début du mois de mars 2024, à l’Archipel à Fouesnant. La graveuse Brigitte Kernaléguen et sa compagne Margareth Le Guellec-Dabrowska proposent une visite de l’exposition. Philippe Le Stum a été directeur du Musée départemental breton pendant plus de 30 ans.
Philippe Le Stum, conservateur du musée départemental breton, s’en est allé. Il laisse un vide à l’image de son héritage : immense.
À Quimper, le décès de Philippe Le Stum soulève une vague d’émotion dans les milieux artistiques et muséaux qui va bien au-delà de la Bretagne. Les hommages multiples et collégiaux soulignent le travail accompli par ce conservateur passionné.
Le souvenir de Philippe Le Stum, né à Brest, est intiment lié à Quimper et plus précisément au Musée départemental breton où, fait exceptionnel, il a œuvré pendant près de 30 ans.
Passionné d’Histoire et historien de l’art, il en a été le directeur et conservateur en chef. Il n’a eu de cesse d’organiser des expositions de plus en plus ambitieuses donnant au musée une visibilité jamais atteinte.
Il avait déclaré dans nos colonnes combien il était « fier d’avoir ouvert ces dernières années, le musée sur l’Europe, voir sur le monde en tissant des liens avec des grands musées internationaux ».
Un grand érudit
On se souvient de l’enthousiasme suscité par les expositions d’envergures consacrées aux peintres de l’est, à l’influence du japonisme, ou encore plus récemment au trésors du Moyen-Âge ou les derniers impressionnistes.
Sa passion pluridisciplinaire pour les arts incluait aussi les arts populaires ou plus locaux. Le mobilier, la faïence, les affiches, la gravure ont eu leur exposition.
Les artistes de Bretagne aussi. On se rappelle entre autres des expositions dédiées à Henri Rivière, Émile Simon et Madeleine Fié-Fieux, Pierre Cavelat, Marguerite Chabay et au brodeur Pascal Jaouen.
Grand érudit et travailleur, Philippe Le Stum laisse une impressionnante bibliographie dont l’inventaire reste à faire : articles, actes de colloques, livres, catalogues, la liste est longue et influencera les futures générations de chercheurs.
Une empreinte indélébile
En 2018, il a publié La gravure sur bois en Bretagne, ouvrage tiré de sa thèse d’État soutenue à la Sorbonne en 2014. Qui s’est imposé d’emblée comme une référence essentielle pour qui s’intéresse aux arts de la Bretagne.
Sous son impulsion, l’Association des amis du Musée breton a vu le jour. Il l’a aidée dans ses projets et ses adhérents se souviennent combien travailler et échanger avec Philippe Le Stum était fructueux, enrichissant et agréable.
L’homme avait son bureau sous les toits du musée avec une vue imprenable sur sa belle voisine la cathédrale. Là-même où un dernier adieu lui a été donné mardi 30 mars 2021, rassemblant famille, amis, collègues, artistes et galeristes.
Sorti du Musée, Philippe Le Stum aimait se promener sur le chemin du Halage dont il fut un temps voisin. Si sa silhouette va manquer dans le paysage quimpérois, son œuvre, elle, laisse une empreinte indélébile.
Le Musée départemental breton, à Quimper, perd son directeur. Philippe Le Stum s’est éteint à l’âge de 58 ans.
Nous avons appris, ce lundi matin, le décès de Philippe Le Stum, à l’âge de 58 ans. Docteur en Histoire de l’art et chercheur associé au Centre de recherche bretonne et celtique, Philippe Le Stum était aussi, et surtout, le directeur et le conservateur en chef du Musée départemental breton, à Quimper.
Ses champs de recherches concernaient notamment l’Histoire des arts de la Bretagne, la gravure occidentale et le livre illustré, ou encore le régionalisme breton. Auteur de plusieurs articles, livres et catalogues, Philippe Le Stum avait notamment publié en 2018 « La gravure sur bois en Bretagne, 1850-2000 ». Un ouvrage référence richement illustré, inspiré d’une thèse de doctorat soutenue à La Sorbonne cinq ans plus tôt ; le fruit de douze années de recherches.
« J’ai commencé à m’intéresser à l’estampe quand j’étais étudiant en histoire à Brest. Je me suis vite aperçu que la gravure était négligée, considérée un peu comme un art mineur, par rapport à la peinture. Injuste ! », expliquait-il dans nos colonnes en février 2014, pour justifier cet intérêt. Il confiait aussi à ce moment : « J’ai 51 ans, je m’intéresse au patrimoine breton depuis quarante ans. Je suis dans un travail de fond, je m’enracine et le revendique, guidé par la passion du chercheur. Avec cette thèse, j’apporte une pierre parmi d’autres à la connaissance de l’art en Bretagne ».
Ses obsèques seront célébrées mardi 30 mars, à 10 h 30, en la cathédrale Saint-Corentin, à Quimper.
Le conservateur du Musée Départemental Breton à Quimper Philippe Le Stum signe chez Coop Breizh un ouvrage sur l’histoire de la gravure sur bois en Bretagne.
Le directeur du Musée départemental breton de Quimper (Finistère) est décédé à l’âge de 58 ans.
Conservateur en chef du Musée départemental breton, à Quimper (Finistère), il en était également le directeur : Philippe Le Stum s’est éteint, à l’âge de 58 ans et alors que son musée était fermé depuis le mois d’octobre 2020, en raison de la crise sanitaire.
Amoureux de la gravure sur bois, cet art méconnu
Docteur en histoire de l’art, il était chercheur associé au Centre de recherche bretonne et celtique de l’Université de Bretagne Occidentale. L’histoire des arts de la Bretagne, la gravure et le régionalisme breton au XIXe et XXe siècle, ses principaux champs de recherche, lui doivent de nombreuses publications.
En 2014, il avait notamment soutenu une thèse sur la gravure sur bois en Bretagne, une production artistique méconnue qu’il tenait à faire découvrir à un plus large public. « J’ai dû consacrer à ma thèse tous mes week-ends et toutes mes vacances depuis douze ans ! », confiait-il alors à Ouest France. Il en avait tiré un livre, paru en 2018.
Ouverture sur l’Europe et le monde
Il avait notamment travaillé sur les artistes polonais ou encore russes en Bretagne, support d’expositions temporaires au musée. À ce titre, il se disait fier d’avoir ouvert son établissement sur l’Europe et le monde en nouant des liens avec les musées étrangers.
Ses obsèques seront célébrées ce mardi 30 mars 2021, à la cathédrale Saint-Corentin, donc les flancs touchent ceux du musée breton.
Brigitte, de Sambin, souhaite connaître l’origine d’un œuf en faïence. Philippe Rouillac, commissaire-priseur, nous donne son avis.
La faïence que nous livre notre lectrice prend la forme d’un œuf couvert reposant sur une base tripode. Le fretel, c’est-à-dire la prise qui sert à ouvrir le couvercle, figure un ruban. Le décor est en trois parties : les pieds sont peints de motifs décoratifs bleus, verts et jaunes – la partie inférieure de l’œuf d’une scène populaire dans un fond blanc – la partie supérieure d’un cartouche aux armes de la Bretagne soutenues par deux lévriers et une couronne fantasmée, accostées de rinceaux verts sur fond bleu. La scène populaire figurée présente un homme en costume traditionnel prenant par la main une jeune femme à la coiffe bretonne (une catiole du pays de Rennes) esquissant un pas de danse (?). Cette représentation nous rappelle inévitablement le « genre breton », c’est-à-dire une peinture pittoresque très à la mode dans la seconde moitié du XIXe siècle. La Bretagne est alors rêvée lointaine et intemporelle, îlot métropolitain ayant « échappé à la modernité », on est davantage dans l’idéalisation que dans la caricature que le personnage de Bécassine incarnera quelques décennies plus tard. Dans « L’Encyclopédie des céramiques de Quimper » (aux éditions de la Reinette)*, l’œuf de Brigitte est présenté page 411 du tome consacré au XIXe siècle.
Cette identification d’une forme extrêmement proche, pour une hauteur approximative de 30 cm, nous permet d’attribuer avec une quasi-certitude l’œuf de Brigitte à la manufacture de Quimper. Toutefois, il faudrait vérifier qu’un monogramme « PB », « HB » ou « HR » figure sur la pièce. Ces trois monogrammes correspondent aux manufactures actives à Quimper à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Les fours de Quimper en important de l’argile de Bordeaux ou de Rouen, permettent alors à la ville de devenir le centre céramiste le plus important de l’Ouest. Un artiste, Alfred Beau, met son coup de crayon au service du genre breton, et ses gravures obtiennent un succès qui s’étend au décor des faïences. L’œuf de Brigitte a un décor différent que celui présenté dans l’Encyclopédie, mais ce décor est repris sur des pièces ayant d’autres formes. On comprend donc que les céramistes puisent dans un répertoire de formes préexistantes pour y adapter des modèles qu’ils connaissaient par la gravure.
L’incarnation du genre populaire
Cette œuvre est l’incarnation du genre populaire et de la montée des régionalismes à une époque où la révolution industrielle va peu à peu harmoniser et donc indifférencier tout le territoire national. Il est compréhensible que cette perte à venir des traditions soit compensée par un vif regain d’intérêt pour le régional et ce qui en constitue les particularités. En parfait état, sans fêle ni choc, l’œuf couvert de Brigitte, s’il est de Quimper, pourrait être estimé entre 80 et 150 euros, anticipant par sa naïveté le départ de Paul Gauguin à Pont-Aven à la recherche d’un paradis perdu…
*Encyclopédie des céramiques de Quimper (Faïences – Grès – Terres vernissées) – Tome 2 le XIXème siècle – Philippe Le Stum & Bernard Jules Verlingue – Gilles Kervella (Photographies) – éditions de la Reinette – Novembre 2004 – ISBN 2-913566-29-4.