Trésors cachés. Pour sa nouvelle exposition, le Musée de la faïence dévoile, du 8 avril au 28 septembre, 200 pièces inédites prêtées par des collectionneurs.
La faïence de Quimper a encore des adeptes. La preuve avec la nouvelle exposition temporaire du Musée de la faïence qui a demandé à des collectionneurs de Bretagne de lui confier leurs plus belles pièces. « Cette exposition, c’est une plongée passionnante dans l’histoire de la faïence de Quimper, avec ses styles, ses modes et les artistes qui ont contribué à sa réputation. Cette exposition va montrer une nouvelle fois la diversité et la richesse de ce patrimoine », observe Jérémy Varoquier, l’assistant de Bernard Verlingue, le conservateur du musée.
«Trésors artistiques»
En tout, le musée présente 200 pièces « uniques et originales ». Jérémy Varoquier poursuit : « Cette exposition a pu voir le jour grâce à la volonté et au désir de ces collectionneurs de nous prêter leurs plus beaux trésors : des plâtres, des céramiques, des planches d’artistes ou encore des séries de pièces. » En fin de visite, place à quelques pièces d’artistes façonnées dans les ateliers des faïenceries HB, Henriot et Keraluc. « Chaque collectionneur a une thématique propre qu’il va inlassablement et patiemment rechercher chez des antiquaires, dans des brocantes, des salles de ventes ou dans les greniers de famille où sont parfois cachées de véritables pépites. » Pour le public et les habitués du musée, la visite peut réserver des surprises. Toutes ces œuvres d’art sont accompagnées de textes courts rédigés par leurs propriétaires. Ils confient une anecdote, révèlent l’origine de la pièce, évoquent l’artiste, son intention et son savoir-faire.
Du 8 avril au 28 septembre au musée de la Faïence, rue Jean-Baptiste Bousquet. Ouvert du lundi au samedi de 10 h à 18 h. https://www.musee-faience-quimper.com/ Tarifs : de 3 à 5 euros, gratuit pour les moins de 7 ans.
En 2023, le musée vous propose de retracer le parcours d’un couple iconique de la faïence de Quimper qui se posent en héritiers et rénovateurs de la longue tradition quimpéroise. Marjatta Taburet, originaire de Finlande, n’a de cesse de mêler les influences et sagas nordiques aux légendes et paysages bretons. Céramiste et peintre, elle intègre, avec son mari, le cercle fermé des peintres-faïenciers, qui réussissent à mêler l’art du peintre et le métier du faïencier. Dans les années 1970, elle est la première à se pencher sur la faïence de Quimper et les trois siècles de fabrication.
En rapport à sa formation, Jean-Claude Taburet s’adonne à la sculpture, respectant l’harmonie des lignes et des volumes enseignées dans l’atelier de Robert Couturier. L’accentuation des formes, le lissage des traits et le dépouillement d’éléments majeurs du pittoresque local inculque à ses sujets un statut d’idéal local. Il fait sien le répertoire des motifs protohistoriques de la Cornouaille comme le cœur, la fleurette, l’épi ou la palmette grâce aux anciennes techniques du décor céramique (gravure et impression en creux). Sirènes, déesses, vierges et rois Gradlon rythment sa production.
Après une brève expérience au sein de la manufacture Keraluc pour Jean-Claude, Marjatta rejoint son mari devenu artiste libre chez HB. En 1984, ils quittent la manufacture et font construire leur propre atelier à domicile avant de créer l’Atelier du Steïr sur les rives de la rivière éponyme, à Quimper, où s’écoule la suite de leur carrière. À eux deux, ils cumulent un siècle de création à Quimper ! Découvrez leur univers pictural, légendaire et sculptural aux couleurs de la Bretagne et de la Finlande.
Commissaire de l’exposition : Bernard Jules Verlingue
Brochure de 16 pages (couleur, paginé) – ISSN 2260-2844
Sommaire :
Éditorial – Le conseil d’administration (p 1).
Les animaux du ciel et de la terre par les artistes de la manufacture Keraluc (2ème partie) – Pierre-Jean GUILLAUSSEAU, Yannick CLAPIER & Pascal SIMON (p 2 à 11).
Hommage à Maurice Fouillen – Susan COX, Dominique RIBOULLEAU, Marine FOUILLEN, Musée d’Hennebont et Judy DATESMAN (p 12 à 13).
René Quéré, peintre céramiste – Antoine LUCAS (p 14 à 15).
Les merveilles de la faïencerie Porquier-Beau – Bernard Jules VERLINGUE et Jérémy VAROQUIER (p 16).
Brochure de 16 pages (couleur, paginé) – ISSN 2260-2844
Sommaire :
Éditorial – Le conseil d’administration (p 1).
Les animaux du ciel et de la terre par les artistes de la manufacture Keraluc (1ère partie) – Pierre-Jean GUILLAUSSEAU, Yannick CLAPIER & Pascal SIMON (p 2 à 10).
Un musée tout en beauté pour ses 30 ans ! – Jérémy VAROQUIER (p 11 à 13).
Sur l’application de l’or dans les décorations du décor Perlé HB – Jacques BRÉNÉOL (p 14 à 15).
Pendant 47 ans, Joseph Henriot a dirigé la célèbre faïencerie de Quimper. Il lui a donné une envergure nationale voire internationale. Josig, son fils, confie ses souvenirs.
La maison de Josig Henriot est un véritable musée. L’antiquaire vit au milieu de lustres anciens, miroirs, meubles, argenterie… destinés à la vente. On aperçoit ici et là quelques pièces de la faïencerie Henriot, installée dans le quartier de Locmaria à Quimper (Finistère).
On pourrait croire que Josig Henriot a hérité de ces magnifiques assiettes, vases et autres statuettes. « Eh bien non ! J’ai dû acheter toutes ces pièces. Je n’ai rien hérité à la mort de mon père. Strictement rien pour une histoire d’indivision », commente l’intéressé sans la moindre rancœur.
Un père toujours impeccable
Josig Henriot est le fils de Joseph Henriot. Il est né en 1961 d’un second mariage. Son père avait alors 67 ans. Josig Henriot a des souvenirs très précis de son enfance, de ce père âgé « toujours impeccable en costard cravate. Il était très disponible pour ma sœur Diane et moi. » Il se rappelle aussi des visites à la faïencerie Henriot alors codirigée par son demi-frère Yves (né d’un premier mariage avec Angèle Georget) et son oncle Alain.
Joseph et Robert Henriot avaient transmis l’entreprise familiale en 1959 à leurs deux fils.
« Après 47 ans d’activité loyale au service d’une complète réussite, je partais content d’avoir accompli avec papa et Robert une œuvre entière et durable. L’année de notre départ, au dire de Monsieur Verlingue lui-même, les résultats de notre dernier exercice étaient jugés bons et supérieurs à ceux de HB. » Joseph Henriot Extrait de Mémoires d’un faïencier quimpérois.
Jusqu’à 250 ouvriers
En 1968, la faïencerie fusionne avec HB « dans des conditions déplorables », poursuit Joseph Henriot. Il en gardera une énorme déception. Lui qui avait consacré sa vie à faire grandir et rayonner l’entreprise familiale implantée à Locmaria. « Elle a compté jusqu’à 250 ouvriers. C’était considérable », rappelle l’antiquaire.
Sous la direction de son père et de son oncle, la faïencerie se modernise, s’agrandit, fait appel à des dizaines d’artistes dont Mathurin Méheut.
Les services de table Henriot sont exposés et récompensés lors d’événements comme la Grande exposition des arts décoratifs de 1925, la Coloniale de 1931 ou l’exposition de New York en 1938.
Épreuves difficiles
Joseph et Robert Henriot passent aussi par des épreuves difficiles comme les procès contre Verlingue au sujet de la signature HR, l’incendie criminel de 1925 qui ravagea l’un des plus beaux bâtiments de la fabrique…
La grande époque des artistes
Enfant, Josig Henriot a vu de nombreux artistes défiler dans la maison familiale. Notamment Mathurin Méheut qui a beaucoup travaillé pour la faïencerie Henriot. On lui doit notamment les services La mer, Hippocampes (notre photo), Homards, Poissons. Joseph Henriot admirait Mathurin Méheut. On peut s’en rendre compte dans ses Mémoires d’un faïencier breton, « Son but essentiel était de découvrir des méthodes dans le goût moderne, d’engager le Quimper sur une voie nouvelle qui le situait bien à l’avant-garde, et, de créer des œuvres personnelles et originales dignes de figurer avec autorité dans toute manifestation artistique. » La faïencerie a collaboré avec d’autres artistes comme Louis-Henri Nicot, René-Yves Creston, Yvonne-Jean Haffen, Pierre Lenoir…
Lorsque Joseph Henriot décède en 1976, Josig n’a que 15 ans. « Du jour au lendemain, nous nous sommes retrouvés sans argent. Ma mère est devenue commerçante. » Il fait l’école de la Marine marchande, abandonne et finit par passer un bac technique au Likès.
En 1982, il ouvre un dépôt-vente route de Brest : le Grenier.
« Ça a rapidement marché. Nous travaillions beaucoup à l’export pour des Américains qui recherchaient des meubles bretons. » Josig Henriot Fils de Joseph Henriot.
Le dépôt-vente se développe, change plusieurs fois d’adresse. Désormais, Josig Henriot emploie deux salariés et songe à prendre sa retraite pour se consacrer à sa passion de la mer. Pendant toutes ces années, il n’a eu de cesse de chercher et d’acquérir des œuvres signées Henriot. « Je me considère un peu comme l’archiviste de la famille », rigole-t-il.
Ce qu’il faut savoir
Joseph Henriot en quelques dates 1894 : naissance à Locmaria.
1914 : il participe à la Première Guerre mondiale avec son frère Robert.
1921 : naissance de son fils Yves qui codirigera la faïencerie de 1959 à 1967 avec son neveu Alain.
1959 : il prend se retraite.
1961 : naissance de Josig, né d’un second mariage.