Pendant 47 ans, Joseph Henriot a dirigé la célèbre faïencerie de Quimper. Il lui a donné une envergure nationale voire internationale. Josig, son fils, confie ses souvenirs.
La maison de Josig Henriot est un véritable musée. L’antiquaire vit au milieu de lustres anciens, miroirs, meubles, argenterie… destinés à la vente. On aperçoit ici et là quelques pièces de la faïencerie Henriot, installée dans le quartier de Locmaria à Quimper (Finistère).
On pourrait croire que Josig Henriot a hérité de ces magnifiques assiettes, vases et autres statuettes. « Eh bien non ! J’ai dû acheter toutes ces pièces. Je n’ai rien hérité à la mort de mon père. Strictement rien pour une histoire d’indivision », commente l’intéressé sans la moindre rancœur.
Un père toujours impeccable
Josig Henriot est le fils de Joseph Henriot. Il est né en 1961 d’un second mariage. Son père avait alors 67 ans. Josig Henriot a des souvenirs très précis de son enfance, de ce père âgé « toujours impeccable en costard cravate. Il était très disponible pour ma sœur Diane et moi. » Il se rappelle aussi des visites à la faïencerie Henriot alors codirigée par son demi-frère Yves (né d’un premier mariage avec Angèle Georget) et son oncle Alain.
Joseph et Robert Henriot avaient transmis l’entreprise familiale en 1959 à leurs deux fils.
« Après 47 ans d’activité loyale au service d’une complète réussite, je partais content d’avoir accompli avec papa et Robert une œuvre entière et durable. L’année de notre départ, au dire de Monsieur Verlingue lui-même, les résultats de notre dernier exercice étaient jugés bons et supérieurs à ceux de HB. »
Joseph Henriot
Extrait de Mémoires d’un faïencier quimpérois.
Jusqu’à 250 ouvriers
En 1968, la faïencerie fusionne avec HB « dans des conditions déplorables », poursuit Joseph Henriot. Il en gardera une énorme déception. Lui qui avait consacré sa vie à faire grandir et rayonner l’entreprise familiale implantée à Locmaria. « Elle a compté jusqu’à 250 ouvriers. C’était considérable », rappelle l’antiquaire.
Sous la direction de son père et de son oncle, la faïencerie se modernise, s’agrandit, fait appel à des dizaines d’artistes dont Mathurin Méheut.
Les services de table Henriot sont exposés et récompensés lors d’événements comme la Grande exposition des arts décoratifs de 1925, la Coloniale de 1931 ou l’exposition de New York en 1938.
Épreuves difficiles
Joseph et Robert Henriot passent aussi par des épreuves difficiles comme les procès contre Verlingue au sujet de la signature HR, l’incendie criminel de 1925 qui ravagea l’un des plus beaux bâtiments de la fabrique…
La grande époque des artistes
Enfant, Josig Henriot a vu de nombreux artistes défiler dans la maison familiale. Notamment Mathurin Méheut qui a beaucoup travaillé pour la faïencerie Henriot. On lui doit notamment les services La mer, Hippocampes (notre photo), Homards, Poissons. Joseph Henriot admirait Mathurin Méheut. On peut s’en rendre compte dans ses Mémoires d’un faïencier breton, « Son but essentiel était de découvrir des méthodes dans le goût moderne, d’engager le Quimper sur une voie nouvelle qui le situait bien à l’avant-garde, et, de créer des œuvres personnelles et originales dignes de figurer avec autorité dans toute manifestation artistique. » La faïencerie a collaboré avec d’autres artistes comme Louis-Henri Nicot, René-Yves Creston, Yvonne-Jean Haffen, Pierre Lenoir…
Lorsque Joseph Henriot décède en 1976, Josig n’a que 15 ans. « Du jour au lendemain, nous nous sommes retrouvés sans argent. Ma mère est devenue commerçante. » Il fait l’école de la Marine marchande, abandonne et finit par passer un bac technique au Likès.
En 1982, il ouvre un dépôt-vente route de Brest : le Grenier.
« Ça a rapidement marché. Nous travaillions beaucoup à l’export pour des Américains qui recherchaient des meubles bretons. »
Josig Henriot
Fils de Joseph Henriot.
Le dépôt-vente se développe, change plusieurs fois d’adresse. Désormais, Josig Henriot emploie deux salariés et songe à prendre sa retraite pour se consacrer à sa passion de la mer. Pendant toutes ces années, il n’a eu de cesse de chercher et d’acquérir des œuvres signées Henriot. « Je me considère un peu comme l’archiviste de la famille », rigole-t-il.
Ce qu’il faut savoir
- Joseph Henriot en quelques dates 1894 : naissance à Locmaria.
- 1914 : il participe à la Première Guerre mondiale avec son frère Robert.
- 1921 : naissance de son fils Yves qui codirigera la faïencerie de 1959 à 1967 avec son neveu Alain.
- 1959 : il prend se retraite.
- 1961 : naissance de Josig, né d’un second mariage.
- 1976 : décès à 81 ans.
Publié le 31 janvier 2021 par Adèle Le Berre – Côté Quimper ©