Jeanne Malivel, l’œuvre interrompue (le Télégramme).

Originaire de Loudéac, Jeanne Malivel a marqué l’histoire artistique de la Bretagne du XXe siècle. Fondatrice des Seiz Breur, elle laisse une œuvre foisonnante, hélas interrompue en raison de son décès prématuré à l’âge de 31 ans.

Jeanne Malivel

Jeanne Malivel. Photo Raphaël Binet

De Jeanne Malivel, on retient sa frêle silhouette presque évanescente, mais surtout une œuvre artistique d’une grande puissance et d’une forte intelligence. Elle naît en 1895 dans une famille de notables de Loudéac. Ses parents, Albert et Marie Malivel, sont des commerçants plutôt prospères. Curieux et ouverts, ils ont développé une conscience régionaliste.

Jeanne Malivel

Jeanne Malivel en compagnie de son père (DR).

Gallo, catholique et féministe

À Loudéac, Jeanne Malivel s’imprègne de la culture gallèse qui a joué un rôle important dans son œuvre. Contrairement à bon nombre d’intellectuels et d’artistes bretons de l’époque, plus attirés par la Basse-Bretagne, elle a toujours revendiqué son identité gallèse. Dans les années 1920, elle projetait d’ailleurs d’éditer un dictionnaire de gallo. Elle laisse également toute une série de bois gravés sur les arbres de Haute-Bretagne. La famille de Jeanne Malivel est aussi catholique. La jeune femme a conservé toute sa vie une foi profonde, et elle a participé à plusieurs mouvements chrétiens ; ce qui n’implique pas une posture traditionaliste. La famille Malivel est ainsi proche de Marie Le Gac-Salonne, l’une des pionnières du féminisme dans la péninsule. « Toute sa vie, remarque l’historien de l’art, Olivier Levasseur, elle a lutté pour s’imposer comme une femme artiste ».

Adolescente, Jeanne Malivel part à Rennes au lycée de l’Immaculée Conception afin de poursuivre ses études. Elle y est formée par une cousine, Louise Gicquel, professeur de dessin, qui contribue à l’éclosion de sa vocation artistique. Au printemps 1914, Louise accompagne Jeanne pour une formation d’un mois à l’académie Julian de Paris, l’un des rares organismes qui acceptent les femmes. Après le déclenchement de la guerre, Jeanne Malivel officie comme infirmière, avec sa sœur, à l’hôpital de Loudéac. Elle continue à dessiner et retourne en 1916, à Paris, suivre sa formation à l’académie Julian. Les bombardements aériens et l’avancée des Allemands, en 1917, l’obligent à faire des va-et-vient avec la Bretagne. En 1917, elle expose au salon des artistes de Pontivy, où elle y est remarquée.

Jeanne Malivel

Bretons de Paris

Entre 1917 et 1919, elle prépare le concours de l’école des Beaux-Arts à Paris et y est reçue… deux fois : tout d’abord en 1917, mais elle avait dû rentrer en Bretagne et avait donc été contrainte de repasser, brillamment, l’examen en 1919. L’enseignement très académique ne la passionne pas, mais, à Paris, elle visite les musées et fréquente les milieux bretons de la capitale, notamment les leaders du jeune mouvement nationaliste, Olier Mordrel ou Morvan Marchal. Elle adhère dès 1919 au Groupe régionaliste breton (GRB), et les réunions du groupe parisien se tiennent dans son atelier. Jeanne Malivel fait partie des membres fondateurs des Seiz Breur, un groupe qui révolutionne l’art breton dans l’entre-deux-guerres. En 1925, ils déclenchent l’enthousiasme à l’Exposition internationale des arts décoratifs de Paris. Pendant un an, ils ont en effet préparé le mobilier et les arts ménagers qui sont exposés au pavillon Ty Breiz. René-Yves Creston et Jeanne Malivel ont réalisé l’Ostée (« La pièce commune » en pays gallo) qu’ils décorent de meubles, tissus imprimés et de faïences. Leur production étonne et détonne.
Dans les années 1920, Jeanne Malivel produit une œuvre foisonnante et diverse. Elle installe son atelier à Loudéac et se fait un nom avec ses bois gravés illustrant « L’Histoire de Bretagne » de C. Danio. Le texte, très antifrançais, suscite de vives réactions, mais les illustrations de Jeanne Malivel provoquent l’unanimité. Dans ces années-là, elle crée également des meubles, des tissus d’ameublement ou de la céramique. Son engagement qui a développé un artisanat moderne breton avait aussi un but économique, visant à faire renaître le travail local, introduire dans les foyers des objets utiles de couleurs gaies et combattre l’émigration des jeunes filles. En 1925, elle se marie. L’année suivante, enceinte, elle est victime d’une paratyphoïde et décède à l’hôpital de Rennes, à l’âge de 31 ans.

Pour en savoir plus
Olivier Levasseur, «Jeanne Malivel », Coop Breizh, Spézet, 2013.
Le musée de la Faïence de Quimper lui consacre une exposition du 16 avril au 29 septembre 2018, « Jeanne Malivel, pionnière de l’art moderne breton ».

Publié le 01 avril 2018 par Erwan Chartier-Le Floch – Le Télégramme ©

La reine des cartes de voeux, un joli coup de la Ville (Ouest-France).

Il tape immédiatement dans l’œil. Le visuel choisi pour souhaiter la bonne année aux Quimpérois est affiché dans les rues. Résultat d’un coup de génie et d’un coup de cœur. En voici la genèse.

visuel 2018 de la mairie de Quimper (Photos Ouest-France).

L’affiche des 95 ans du festival de Cornouaille a inspiré les cartes de voeux de Quimper, présentées ici par Bernard Keraudren, directeur de la communication de la Ville. Des panneaux sont actuellement visibles dans les rues.

Le coup de maître

À l’origine de cette carte de vœux, l’affiche des 95 ans du festival de Cornouaille. « On l’a présentée pour la première fois en juillet, raconte le président Jean-Michel Le Viol. Elle représente des danseurs inspirés par l’artiste Micheau-Vernez sur un fond plus moderne. »
Une trame de traits noirs sur fond blanc à la Keith Haring (artiste américain des années 80). Parmi les formes arrondies, on reconnaît des instruments de musique : cornemuse, trompette, guitare, magnétocassettes… Un joli mélange entre tradition et modernité. Un foisonnement d’objets qui évoque le côté un peu fouillis du festival cornouaillais. Bien vu.

Le coup de génie

C’est l’agence rennaise de création et d’identité visuelle Pygmalion qui a réalisé cette affiche. « Nous nous sommes inspirés de l’art breton et de l’école Seiz Breur », précise Laurent Boinville, codirecteur de l’agence avec son frère qui a fait des études à Quimper. « Dans le cahier des charges, il fallait mixer le contemporain et l’identité bretonne. On a utilisé les couleurs de la faïence de Quimper, le jaune et le noir. On a créé un lettrage spécifique. » Le coup de génie, c’est d’avoir proposé à l’équipe du festival toute une série de produits dérivés : tee-shirts, casquettes, sacs de plage, gobelets, sets de table, autocollants, badges… « Un festival, c’est vivant. Il doit entrer dans les bars et être présents en bord de mer », ajoute Laurent Boinville. « C’est cette gamme de produits dérivés qui nous a amenés à choisir cette agence lors de l’appel d’offres, affirme Jean-Michel Le Viol, président du festival. Pygmalion a vraiment mis le paquet. »

Le coup de coeur

Le maire de Quimper, Ludovic Jolivet, a eu un coup de cœur en découvrant l’affiche du festival. Il propose immédiatement à l’équipe du Cornouaille de réutiliser ce visuel pour la carte des vœux de la Ville. Entre-temps, le Tour de France officialise une étape à Quimper. L’agence Pygmalion planche alors sur une déclinaison du visuel, associant les deux événements de l’année : le Tour de France et les 95 ans du Cornouaille. Danseurs et cyclistes partagent l’affiche sur un jaune un peu plus pâle et une trame aux traits bleus. Le slogan : « Cette année, reines et petites reines ont rendez-vous à Quimper. » Des affiches, un montage vidéo, des calendriers sont publiés.

Le coup de projecteur

À grands coups de pédales, la Ville a poursuivi la réflexion en imaginant créer un événement autour de cette campagne : une expo d’été autour de l’oeuvre de l’artiste Micheau-Vernez. « Nous avons pris contact avec la famille qui détient le fonds. Elle est d’accord sur le principe », informe Bernard Keraudren, directeur de la communication de la Ville. « Le lieu de l’exposition n’est pas encore défini. On a pensé au hall de la mairie ou la médiathèque. Rien n’est encore calé. » Robert Micheau-Vernez, né en 1907 à Brest, et mort le 8 juin 1989 au Croisic, est un peintre, illustrateur, affichiste, céramiste et vitrailliste. Il a produit des faïences pour Henriot pendant trente ans (de 1930 à 1960). Mais son oeuvre majeure, la peinture, est assez méconnue. Une bonne raison d’organiser cette exposition dans la capitale de la Cornouaille. Une rue de Quimper porte d’ailleurs le nom de l’artiste.

Le coup de chapeau

La Ville de Quimper et le festival de Cornouaille ont réussi un joli coup avec ce visuel qui tape dans l’œil des touristes et des Quimpérois. « On a énormément de retours positifs », témoigne Jean-Michel Le Viol. Coup de chapeau à Pygmalion pour cette idée lumineuse qui dynamise l’image de la ville.

Publié le 12/01/2018 par Lucile Vanweydeveldt – Ouest-France ©

Seiz breur pour un art moderne en Bretagne 1923 1947 par Pascal Aumasson.

L’ouvrage sur la confrérie des sept frères (Ar Seiz Breur) est paru au début du mois de décembre.

SEIZ BREUR LOCUS SOLUS 2017

SEIZ BREUR – pour un art moderne en Bretagne 1923-1947 – LOCUS SOLUS 2017 – Pascal Aumasson.

Retrouver une sélection des articles publiés sur cet ouvrage.


Le samedi 16 et le dimanche 17 décembre 2017, la pension Gloanec à Pont-Aven organisait son salon de Noël. Pascal Aumasson était interviewé sur son ouvrage par les organisateurs.

« Pension Gloanec » © 2017.


Le magazine Bretons du mois de janvier 2018 consacre un article de 4 pages au livre de Pascal Aumasson sous le titre de  » Les Seiz Breur voulaient créer un art moderne inspiré de l’esprit breton » (pages 34 à 37).

Couverture Bretons magazine 138.

Bretons magazine n°138, du mois de janvier 2018.


L’art déco breton toujours moderne des Seiz Breur (Ouest-France).

Histoire de l’art. Les créations des Seiz Breur ont gardé leur beauté et leur modernité. Ce mouvement (1923 à 1947) a pourtant été un peu oublié. Un livre les remet dans l’actualité.

Entretien avec Pascal Aumasson, ancien directeur du Musée des Beaux-arts de Brest.

Publié par Ouest-France - Rennes, musée de Bretagne - Collection particulière

Buffet à glissière (Creston/Savina), pichet Henriot (Creston/Candré-Creston) et projet d’étoffe imprimée (Candré-Creston).

Les Seiz Breur, des jeunes gens modernes ?
Dans les années 1920, ces jeunes artistes bretons ont un esprit moderne parce qu’ils se cultivent et regardent autour d’eux. Ils ont l’intelligence de tout absorber, notamment dans le monde celte, dans le sens européen du mot, jusqu’en Europe centrale.

Et ils transforment cette matière première celtique ?
Ils ont une détestation pour le mobilier Henri II, les meubles à personnages bretons, les surcharges décoratives sur les costumes… Ça les modernise. Ils sont imprégnés de respect des usages traditionnels, mais les plus anciens. Ils s’inspirent des formes, des couleurs… Ils prennent, par exemple, les motifs qui décorent une cuillère de mariage de 1859 pour en faire un usage schématisé qu’on retrouve ensuite dans leurs cartes de vœux.

Peut-on parler d’art déco ?
Ils représentent l’expression bretonne de la grande ferveur des arts déco partout en Europe.

Ça ne dure pas très longtemps ?
Une vingtaine d’années. Guère moins que l’École de Pont-Aven. Et, comme pour Pont-Aven, ce n’est pas une école avec un contrôle, une censure. C’est un mouvement démocratique, ouvert, qui n’impose pas de style. C’est un creuset où chacun s’alimente.

Il y a des femmes dans le groupe ?
Quelques femmes brillantes avec du tempérament, comme Jeanne Malivel ou Suzanne Candré-Creston, la première femme d’une des figures du mouvement , René-Yves Creston. J’ai retrouvé d’elle un fonds de sept cents planches de dessins formidables, avec une fraîcheur d’idées pour les meubles, la faïence, les textiles…

Car ils ne se limitent pas à une discipline…
Ils ne séparent pas art savant et art populaire. Leur mot d’ordre c’est « embellir le quotidien ». Ils proposent même des services de table, du papier peint, des meubles tourne-disque ou TSF…

Aujourd’hui, on les appellerait des designers ?
Absolument. Ils faisaient attention à l’environnement du quotidien.

Quel impact ont-ils sur leur époque ?
Leur publication est lue et connue. Ils ont une vitalité formidable et l’art de se montrer.

Dès 1925, deux ans après s’être rencontrés, ils sont représentés à l’exposition des arts industriels et décoratifs de Paris. En 1937, ils sont une trentaine et ont un pavillon dix fois plus grand à l’Exposition internationale.

Sont-ils situables politiquement ?
Ils abordent la question politique à travers l’art et la culture bretonne. Avec l’envie que l’art encourage la prise de conscience d’être breton. Certains ont eu des démarches individuelles mais le groupe n’a jamais pris position pour l’autonomisme, et surtout pas pour l’Allemagne ou pour Vichy.

Puis, on les perd de vue ?
Après la guerre, au regard des prises de position de certains, il y a eu un amalgame qui fait que l’intérêt pour la culture bretonne a pu être associé à la collaboration.

Mais leurs productions restent modernes ?
La meilleure preuve c’est qu’on n’a jamais vu autant d’objets Seiz Breur dans les salles de vente depuis vingt ans.

Donc, ils ont beaucoup produit ?
Notamment aux faïenceries de Quimper. Mais, ils ont rencontré, comme des designers, des difficultés pour éditer tous leurs objets.

Recueilli par Gilles KERDREUXOuest-France du 28/12/2017.

Seiz Breur. Ed. Locus Solus. 190 pages. 25 €.

Jeanne Malivel, pionnière de l’art moderne breton.

L’exposition thématique de l’année 2018 du Musée de la Faïence de Quimper sera consacrée à l’artiste Jeanne Malivel du lundi 16 avril au samedi 29 septembre 2018.


Jeanne Malivel (1895-1926)

Autoportrait de l’artiste Jeanne Malivel (1895-1926).

Jeune femme sympathique, vive et passionnée, Jeanne Malivel (1895-1926) consacra sa brève carrière à la rénovation des arts appliqués de sa Bretagne.

Gravure sur bois, broderie, mobilier, faïence, vitrail, objets du quotidien, cette touche-à-tout offrit son talent à la création d’une dynamique qui bouleversa la production artistique bretonne, alors trop académique et stéréotypée. Avec René-Yves et Suzanne Creston, elle fut le fer de lance de la création du groupe des Seiz Breur et de leur participation à l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de 1925.

Sa vision ne se cantonna pas au simple exercice de son art. La modernisation des arts appliqués fut accompagnée d’une volonté de rendre les œuvres produites accessibles à toutes les bourses. Elle tenta, avec ses idées et ses commandes, de relancer l’artisanat autour de Loudéac en proie à l’émigration vers les villes comme tout le centre Bretagne. Fauchée par la maladie, en plein bonheur, à l’âge de 31 ans, elle restera la mère d’une nouvelle génération de créateurs.

Cette première exposition, menée avec la collaboration de l’association Jeanne Malivel et de la famille de l’artiste, présente l’ensemble des aspects de son œuvre. Quelques broderies inspirées des dessins de cette femme talentueuse, réalisées par les élèves de Pascal Jaouen, mettrons en lumière toute la modernité de son œuvre.

Rendez-vous le 16 avril !

Musée de la Faïence de Quimper © – 2017.


Dans le cadre de son émission « En flânant », Roger GICQUEL rencontre le Docteur Pierre-Anne CORDIER, neveu de Jeanne MALIVEL. Ils évoquent le souvenir de cette artiste bretonne issue du mouvement « Ar Seiz Breur » (le 15 avril 1995).


La maison d’artistes de la Grande vigne à Dinan a exposé cet été les oeuvres de Jeanne Malivel et d’Yvonne Jean-Haffen. Le magazine du conseil départemental des Côtes d’Armor lui a consacré un article sous le titre : « Pionnière du renouveau artistique breton ».

Vous pouvez télécharger l’article.

Pionnière du renouveau artistique breton(Côtes d’Armor magazine n°159 – Septembre/Octobre 2017 par Laurent Le Baut).


Pour plus d’informations, vous pouvez consulter le site des Amis de Jeanne Malivel (lien).

Le sens de la couleur de Robert Micheau-Vernez (Le Télégramme).

Coop Breizh consacre à Robert Micheau-Vernez un ouvrage magnifiquement illustré, signé Jean-Marc Michaud. L’occasion de redécouvrir l’œuvre de cet artiste brestois, dont la peinture colorée traduit son admiration pour Chagall, Cézanne ou Bonnard.

Robert MICHEAU-VERNEZ COOP BREIZH 2017 - Photo le Télégramme.

Mikaël Micheau-Vernez, Jean-Marc Michaud, Bernard Verlingue, directeur du musée de la Faïence, et Trifin Le Merdy, responsable des éditions Coop Breizh.

« Peintre de la lumière, tu es resté dans l’ombre toute ta vie », dit de lui son fils Mikaël, qui rend hommage à Robert Micheau-Vernez en préambule de ce beau livre de 240 pages, illustré entre autres de 260 reproductions en couleur des 500 tableaux référencés à ce jour d’un peintre prolifique. Robert Micheau-Vernez (Brest, 1907-Le Croizic, 1989) fut diplômé des Beaux-arts de Brest et de Nantes avant de suivre, aux Beaux-arts de Paris, les cours du peintre Lucien Simon et, en parallèle, ceux des Ateliers d’arts sacrés de Maurice Denis. Celui qui fut professeur de dessin en lycée à Bastia, Brest, Grasse, Pont-l’Abbé et Quimper n’a cessé ensuite de consacrer tout son temps libre à son œuvre. Natures mortes, paysages, bouquets de fleurs, les thématiques abordées dans ses tableaux ne sont pas uniquement liées à la Bretagne et son folklore, mais abordent aussi les rivages de Venise, du Midi ou de l’Orient, l’univers du cirque ou encore l’art sacré et religieux.

Un sens de la couleur qui apparaît très tôt

Des œuvres nouvelles découvertes par l’association Robert Micheau-Vernez et des archives inédites, les carnets que l’artiste a tenus pendant trente ans, ont permis à l’auteur Jean-Marc Michaud, conservateur en chef du patrimoine, d’étoffer la première monographie qu’il lui avait consacré, lors d’une exposition au Musée du Faouët en 2009. « C’est un artiste pluridisciplinaire, longtemps connu pour sa faïence produite à la manufacture Henriot et plus particulièrement pour avoir introduit le mouvement dans la céramique. C’est un peu l’arbre qui cache la forêt », relate l’auteur. Et de poursuivre : « Dès l’âge de 14 ans, il copie les grands maîtres au musée des Beaux-arts de Brest et se distingue par son talent précoce. Il y a un antagonisme entre la peinture classique et son sens de la couleur, qui apparaît très tôt et naît de la familiarité avec les costumes bretons, qu’il retrouve chez des peintres comme Gauguin, Cézanne, Bonnard mais aussi Matisse ». Le célèbre galeriste du Faubourg Saint-Honoré, à Paris, Armand Drouant qui avait exposé entre autres Chagall, lui a consacré une grande exposition en 1978, estimant qu’il était l’un des grands coloristes de la seconde moitié du XXe siècle. Le livre permet de redécouvrir le talent du peintre, mais aussi d’autres facettes de l’artiste, qui a appartenu au mouvement des Seiz Breur de 1932 à 1946. Dessinateur, affichiste, il s’est aussi illustré par la réalisation de vitraux, dont ceux de Saint-Michel-en-Grève et du Conquet, qui sont désormais inscrits à l’Inventaire des monuments historiques.

Pratique :
« Micheau-Vernez, alchimiste de la couleur », aux éditions Coop Breizh. Prix : 35 €.

Publié le 13 décembre 2017 par Delphine TANGUY –  © Le Télégramme