Cela ne vous aura pas échappé, 2023 marque le centenaire du mouvement artistique « Ar Seiz Breur ». Mikaël Le Bihannic (Bécédia) présente les artistes qui ont créé les Seiz Breur en 1923. Nous aurons l’occasion d’évoquer de nouveau cet anniversaire en 2023. Vous pouvez également consulter sur le site de Bécédia, un article de Daniel Le Couédic, sur les Seiz Breur : lien.
L’association a sélectionné pour vous, les nouvelles publications éditées à la fin de l’année 2020.
Véronique Le Bagousse journaliste au quotidien le Télégramme est responsable de la rubrique des ventes aux enchères. Elle publie un ouvrage généraliste sur les arts populaires bretons. Le livre est composé autour de grandes thématiques : les objets du quotidien, de fête, religieux, les meubles et décoratifs. La faïence de Quimper est présente (les biberons en faïences, les secouettes, les bénitiers, les statuettes de Saints, pièces d’artistes, …).
Trésors bretons, Objets prisés de vos greniers Véronique Le Bagousse 21,5 x 27 cm – 160 pages – ISBN : 2843468825 éditions Coop Breizh – Novembre 2020 – 35 €
Daniel Le Couédic publie aux éditions du CRBC un ouvrage sur les artistes, les intellectuels et les idéologues au 20ème siècle en Bretagne. Architecte et professeur émérite à l’UBO, M. Le Couédic a créé l’Institut de géoarchitecture. Il consacre ses recherches à l’architecture en Bretagne, aux mouvements régionalistes et identitaires de la péninsule au 20ème siècle. On retrouve dans cet ouvrage l’évocation de quelques artistes : James Bouillé, René-Yves Creston, Joseph Savina. Ce livre vient compléter la collection lire/relire.
Construire un pays Daniel Le Couédic 16 x 24 cm – 334 pages – ISBN : 979-10-92331-50-9 éditions du centre de recherche bretonne et celtique – Décembre 2020 – 17 €
Le musée départemental de la Seine-et-Marne à Saint-Cyr-sur-Morin présente jusqu’à la fin du mois de décembre 2020, une exposition sur l’écrivain Pierre Mac-Orlan (1882-1970) et les peintres. Nous vous présentons le catalogue publié à l’occasion. On retrouve un passage sur le peintre Jim Sévellec.
Voyage en couleurs. Mac Orlan et les peintres sous la direction d’Évelyne Baron 22 x 29 cm – 152 pages – ISBN : 978-2-35906-320-2 éditions Lineart – Septembre 2020 – 24 €
Il y a 50 ans, nous quittait Pierre Mac-Orlan. Notre ami, Patrick Monéger membre fondateur de notre association coordonne cet ouvrage, avec la participation de l’historien Alain Boulaire et de nombreux auteurs. Ce livre s’attache à décrire la relation entre l’écrivain et la ville de Brest. On y croise notamment l’artiste Pierre Péron.
Les Brest de Mac Orlan sous la direction de Patrick Monéger – Alain Boulaire 21,80 x 23,90 cm – 144 pages – ISBN : 978-2-36833-305-1 éditions Locus Solus – Novembre 2020 – 25 €
Dans la même collection chez Locus Solus, André Cariou propose une nouvelle version de sa biographie « bretonne » de Jean Moulin. De 1930 à 1933, Jean Moulin fut sous-préfet à Châteaulin. Durant son séjour dans le Finistère, il fréquente les poètes Saint-Pol-Roux et Max Jacob. Le livre évoque également ses amis artistes Quimpérois : Lionel Floch, Giovanni Léonardi, …
Jean Moulin, les années bretonnes André Cariou 21 x 23 cm – 144 pages – ISBN : 978-2-36833-304-4 éditions Locus Solus – Novembre 2020 – 25 €
Nous vous avions présenté, il y a quelques semaines la réédition de l’ouvrage de référence sur l’artiste Mathurin Méheut (lien). Cette nouvelle version augmentée présente toutes les facettes de l’œuvre du peintre originaire de Lamballe.
Mathurin Méheut Denise Delouche, Anne De stoop, Patrick Le tiec 23 x 30.5 cm – 376 pages – ISBN : 978-2-7373-8415-8 éditions Ouest-France – Octobre 2020 – 70 €
LE CARTON VOYAGEUR, À BAUD, PARLE DES SEIZ BREUR DANS SON EXPOSITION PRINTEMPS-ÉTÉ. MÊME SI CERTAINS NE VONT RIEN APPRENDRE ICI, D’AUTRES DÉCOUVRIRONT PEUT-ÊTRE CE MOUVEMENT DONT NOUS AIMONS VRAIMENT BEAUCOUP CERTAINS ASPECTS. COURANT D’IDÉES AVANT TOUT, LES SEIZ BREUR ONT ABRITÉ DES ARTISTES DONT LES ŒUVRES NOUS PARLENT ET NOUS SÉDUISENT, RÉUNISSANT UNE VISION DE LA BRETAGNE DANS UN ESPRIT ESTHÉTIQUE ENTRE ART DÉCO ET BAUHAUS.
Pont’n Abad, illustrateur Xavier de Langlais.
Daniel Le Couédic, spécialiste des Seiz Breur, a insisté dès le début de notre entretien avec lui : « Le terme Seiz Breur est devenu un cliché, comme une étiquette, mais en réalité leurs pratiques étaient très différentes, dans des disciplines très éloignées. C’est avant tout un courant d’idées qui réunissait ces artistes et ces intellectuels qui ont été partie prenante de la mutation de la Bretagne ». Ces idées – commençons par évacuer le sujet – se sont par la suite dirigées vers une dérive nationaliste pour certains, au sujet de laquelle les experts ne sont pas tous d’accord. Nous avons donc choisi de rester dans le champ plastique, où, même si on ne peut pas vraiment parler de collectif, influences et intentions portent un air de famille… Si nous aimons autant les Seiz Breur, c’est pour leur manière de mêler la tradition aux courants esthétiques qui agitaient le monde au début du vingtième siècle : Art déco, Arts & crafts, Bauhaus : « Une Bretagne de la modernité qui tenait compte du passé, dit Le Couédic, autant un mouvement d’idées qu’un mouvement artistique, qui se rapproche dans ce sens davantage du Bauhaus ». Visuellement, pourtant, certaines œuvres portent vraiment la patte de l’Art déco – « Les Seiz Breur ont été très imprégnés par l’Art déco, et l’ont presque précédé » – dans la présence du noir et blanc ou les lignes très géométriques, à commencer bien sûr par un chef d’œuvre, le splendide magasin Ty Kodaks, dessiné en 1933 par Olivier Mordrelle, aux courbes et aux lignes sublimes, sur les quais de l’Odet, à Quimper. Mordrelle ne faisait pas partie – d’après Le Couédic dans une interview donnée à Télérama – des Seiz Breur, mais son nom y a beaucoup été associé, et c’est surtout lui qui va cristalliser les dérives évoquées plus haut. A Bénodet, c’est l’incroyable villa blanche Ker Magdalena et sa tour démesurée que l’on ira voir : commanditée par Maurice Heitz-Boyer, médecin du pacha de Marrakech, à l’architecte de Rabat, Albert Laprade, en 1927, elle domine la promenade côtière.
Ar Seiz Breur est créé en 1923 par Jeanne Malivel. Cette jeune artiste de Loudéac, prof à l’école des Beaux-arts de Rennes, n’a que 28 ans, mais elle croit très fort à un renouveau breton, affranchi des représentations folkloriques et kitsch – les « biniouseries » – et montre les motifs bretons d’une façon moderne. Elle va fédérer une soixantaine d’artistes, intellectuels et artisans, qui s’attaqueront à réinventer – parfois à plusieurs mains – l’esthétique bretonne dans tous les domaines : sculpture, gravure, mobilier, vaisselle… Joseph Savina, brillant sculpteur sur bois de Tréguier, collaborera avec Le Corbusier pendant de nombreuses années, le premier interprétant les dessins du second en sculptures, portant leur double signature (un signal fort, pour Le Corbu). Morvan Marchal, lui, est à l’origine du Gwenn ha du, le drapeau breton aux rayures noires et blanches, qui n’est donc pas venu du fond des âges, mais a été créé en 1925. Même origine pour le triskell, qui n’est pas plus breton que ça, mais, retravaillé par les Seiz breur, devient le symbole de la Bretagne. Mais là où sont les plus visibles les Seiz breur, c’est dans la faïence, vaisselle ou pièces en volume, décorées de formes géométriques souples (dents de scie, spirales, triskels, hermines, palmette, plume de paon…) portant notamment la patte de celui qui prendra le relais à la tête du mouvement après Jeanne Malivel, René-Yves Creston, qui magnifia une partie de la production de la faïencerie Henriot. Graphiquement, l’esthétique Seiz Breur s’est souvent saisie de la technique très reconnaissable de la gravure sur bois, donnant à leurs images imprimées, affiches ou publications, comme Kornog, « Revue illustrée des arts bretons », une esthétique très reconnaissable.
Revue Kornog – Crédit : CRBC-UBO-Brest.
« C’étaient des gens informés, inscrits dans les mouvements de renaissance nationale, proche des Arts & Crafts ».Sensibilisés à la notion de fabrication artisanale, les Seiz Breur rejoignent ce courant né quelques années plus tôt en Angleterre, à la frontière de l’ethnologie – « Un mouvement aussi bien spirituel que mécanique dans le geste »,qui utilise des techniques traditionnelles et fait entrer l’art dans la maison en retravaillant les objets du quotidien à partir de matériaux bruts et de formes simples, une idée qui amènera à la naissance du design.