Avec le décès de Maurice Fouillen, Quimper a perdu un acteur de l’histoire des faïenceries (Côté Quimper).

C’est une page du vieux Quimper et de ses faïenceries qui s’est tournée avec le décès, mardi 15 décembre, de l’artiste Maurice Fouillen.

La maison jaune
La maison jaune, place du Stivel à Quimper, abritait l’atelier de faïence Fouillen.

L’artiste Maurice Fouillen est décédé mardi 15 décembre 2020. Son départ tourne une page de l’Histoire du vieux Quimper et de ses faïenceries.

Maurice Fouillen, très discret, avait repris l’atelier de faïence paternel emblématique au cœur du quartier de Locmaria, la fameuse maison jaune de la place du Stivel.

Formé sur le tas

L’atelier Fouillen, c’est une histoire de famille qui remonte à 1929 lorsque son père Paul Fouillen (1899-1958) quitte son poste de chef décorateur chez Henriot pour s’installer dans cette vaste maison.

Il y appose sa plaque « Paul Fouillen, céramiste d’art ». Dès lors, cette ancienne guinguette ne cessera d’être l’atelier Fouillen. Du temps de Paul, il y aura même jusqu’à 25 employés. C’est ici que sera installé le premier four à céramique électrique de Quimper.

C’est là, en travaillant avec son père que Maurice Fouillen se forme sur le tas. Il sort ses premiers modèles de faïence en 1951. Il a 30 ans lorsque son père décède brutalement en 1958.

Fermeture de l’atelier en 1980

Maurice Fouillen reprend le flambeau et ne quittera plus l’atelier de faïence. Il y travaille sans cesse, respectant la patte si singulière de la marque Fouillen. Maurice Fouillen s’exprime sur des plats, vases, assiettes et autres objets…

L’atelier perdure mais le nombre d’employés ne cesse de diminuer jusqu’à ne plus compter que Maurice. Il ferme définitivement ses portes en 1980. Par contre, comme il bénéfice d’un statut d’artisan, il peut continuer à proposer ses créations.

C’est sans doute à partir de ce moment qu’il se révèle enfin. Celui qui n’a eu de cesse d’entretenir la mémoire de son père, livre enfin ses œuvres les plus personnelles.

Imagination débordante

Dominique Riboulleau décrit alors « des créations originales où se côtoient aspect ionique, imagination débordante et maîtrise technique ». Il laisse sa propre empreinte dans la création artistique de Quimper.

Le galeriste Philippe Théallet qui l’a rencontré de nombreuses fois évoque la générosité et grande modestie de Maurice Fouillen. Il rappelle que « la belle exposition du Musée de la Faïence de Quimper mettait à l’honneur le travail de Paul Fouillen et de son fils Maurice. Ce dernier aura pu assister à cette présentation qui replaçait à sa juste position l’intérêt et la créativité de la faïencerie Fouillen dans l’histoire de la faïence de Quimper ».

L’histoire des faïenceries vient de perdre l’un de ses plus discrets protagonistes qui mérite d’être (re)connu et emporte avec lui un peu de l’âme d’un quartier.

Publié le 18/12/2020 par Florence Edouard de Massol – Côté Quimper ©

Faïence – Paul Fouillen le touche à tout (Côté Quimper).

Paul Fouillen
Une pièce de Paul Fouillen.

Paul Fouillen (1899-1958) est un personnage emblématique du Quimper de l’entre deux-guerres. Son nom est lié aux faïenceries. L’artiste prolixe a laissé une oeuvre riche à découvrir au musée de la faïence, au musée breton qui a bénéficié d’un legs important, mais aussi à la gare où il a signé deux panneaux publicitaires invitant à venir visiter sa propre faïencerie.

Arrivé à Quimper pour répondre à l’annonce de la Lyre Quimpéroise en recherche d’un flûtiste, il s’est retrouvé, le talent aidant, chef d’atelier à la faïencerie H.B. Puis en 1929, il s’est décidé à la quitter pour créer son propre atelier. Tour à tour menuisier, créateur de mobiliers et d’objets décoratifs, il s’est intéressé aussi au cuir et au verre sans jamais oublier la faïence.

Place du Stivel

L’artiste touche à tout s’était installé dans une ancienne guinguette sur les bords de l’Odet. C’est la maison jaune de la place du Stivel dont la plaque Paul Fouillen, céramiste d’art et les petits carreaux de faïences qui animent la large façade aux huisseries bleues l’évoquent. Cette maison-atelier a abrité jusqu’à 25 ouvriers. À sa mort, son fils Maurice a continué à créer des faïences dans cette fameuse maison.

Publié le 23/09/2020 par Florence Édouard de Massol – Côté Quimper ©

Coup de projecteur sur la manufacture Keraluc au musée de la faïence de Quimper (Côté Quimper).

Le musée de la faïence, à Quimper, consacre son exposition temporaire à la faïencerie Keraluc, créée en 1946 par Victor Lucas. De nombreuses pièces inédites sont présentées.

Jérémy Varoquier - René Quéré
Jérémy Varoquier, assistant principal du musée de la faïence, devant des œuvres de René Quéré.

À Quimper, le musée de la faïence a pu rouvrir avec le déconfinement. Il consacre actuellement une exposition à la faïencerie Keraluc.

Victor Lucas en avait longtemps rêvé. En 1946, il a pu enfin créer sa propre manufacture de faïence, Keraluc, sur la colline du Frugy, proche de Locmaria, quartier des faïenciers de Quimper.

Ingénieur céramiste, artiste, enseignant, Victor Lucas a travaillé 17 ans pour la manufacture Henriot puis 4 ans à la faïencerie de la maison HB. Il a participé, à la Libération, à la reconstruction de l’industrie céramique. Mais avec toujours le projet de créer sa propre entreprise.

Il a cherché à se démarquer des autres manufactures et a délaissé l’édition de pièces pour offrir aux artistes collaborant avec Keraluc, la possibilité de créer eux-mêmes les œuvres qu’ils imaginaient. Il leur a ouvert son atelier et leur a apporté les conseils techniques et artistiques nécessaires à la réalisation de leurs pièces.

En soutien aux artistes novateurs

Désireux de soutenir ces artistes novateurs, il assurait la commercialisation de leurs productions. Une aubaine pour ces artistes qui n’avaient qu’à penser à leur travail de création. Victor Lucas a veillé sur ces artistes, les conseillant, les encourageant dans leurs créations, leur permettant d’évoluer, de se renouveler sans cesse.

L’exposition présentée au musée de la faïence met en valeur la première génération d’artistes de Keraluc.

Jérémy Varoquier, assistant principal du musée, précise :

« Les pièces que ces artistes ont réalisées font date dans l’histoire de la faïence de Quimper. Yvain, Xavier Krebs, Pierre Toulhoat, Jos Le Corre, André L’Helguen et René Quéré ont trouvé chez Keraluc un moyen d’expression qu’ils ont su transcender et transposer à leur image en toute liberté ».

De nombreuses pièces uniques, jamais montrées, sont exposées. Comme cette série réalisée par Victor Lucas, La descente de l’Odet. Onze bas-reliefs polychromes en faïence chamottée. Une bande dessinée de cases modelées de 40 x 40 cm qui raconte l’histoire de la rivière Odet, de sa source à Saint-Goazec jusqu’à la plage de Bénodet.

Victor Lucas
Deux des onze carreaux de La descente de l’Odet signée Victor Lucas.

Le travail de Xavier Krebs

Une part importante de l’exposition du musée est consacrée au peintre Xavier Krebs. Ses premières pièces sont plutôt graphiques. « Il suit une thématique suggérant des éléments figuratifs issus d’un environnement maritime qui lui est familier ».

Ses œuvres deviennent au fil du temps techniquement de plus en plus élaborées et maîtrisées, exploitant les nombreux aspects offerts par la céramique. Son travail s’est très vite tourné vers l’abstraction. Xavier Krebs est reconnu comme un céramiste important du mouvement abstrait de l’après-guerre.

Xavier Krebs
Xavier Krebs s’est vite tourné vers l’abstraction.

Infos pratiques :
Jusqu’au 26 septembre 2020 au musée de la faïence de Quimper,
14 rue Jean-Baptiste-Bousquet. Tél. 02 98 90 12 72.
Ouvert du lundi au samedi de 10 h à 18 h.
Entrée : 5 euros.
Visite guidée le samedi à 15 h 30 pour 6 personnes maximum. Se renseigner auprès du musée. Plusieurs visites peuvent être organisées.

Publié le 21 Mai 2020 par Sylvie Béchet – Côté Quimper ©

La Bretagne de Micheau-Vernez (Côté Quimper).

Le hall de l’hôtel de ville de Quimper accueille une monumentale carte de Bretagne en faïence réalisée par l’artiste Micheau-Vernez.

La Bretagne de Micheau-Vernez
La carte, après une importante restauration, orne le hall de l’hôtel de ville de Quimper.

Une carte de Bretagne en faïence signée Micheau-Vernez, donnée à la Ville de Quimper, orne désormais le hall de l’hôtel de ville. À l’origine, cette œuvre était une commande de l’hôtel Celtic, rue de Douarnenez, là où Robert Micheau-Vernez (1907-1989) avait l’habitude d’aller prendre un café.

Philippe Théallet, spécialiste de l’artiste (1), précise que « la carte de 1,80 m de haut sur 2,40 m de large se compose de 192 carreaux peints en 17 après-midi de l’été 1962. Cette carte est la dernière œuvre en faïence de l’artiste.  » L’artiste est revenu à Quimper spécialement pour ce travail qu’il a finalisé à la faïencerie HB.

En 2006, lorsque le Celtic a fermé ses portes, l’association Micheau-Vernez a récupéré l’œuvre. Celle-ci, après tant d’années exposée aux fumées des clients, était devenue jaunâtre. L’usure du temps et son décollement l’avaient abîmée. Les carreaux de faïences ont été rangés dans des cartons.

Mikaël Micheau-Vernez, président de l’association Micheau-Vernez, évoque 2015 « où il fut question de faire une donation de la carte au musée départemental breton sans que cela n’aboutisse  ». Plus récemment, l’engouement de Ludovic Jolivet a facilité la donation en faveur de la Ville.

Donation de l’œuvre

La restauration a été confiée à Régine Guyomarc’h. La carte ressemblait alors plus à un puzzle dont 54 carreaux sur les 192 demandaient une sérieuse restauration  : écaillage, carreaux en morceaux, manques, coins cassés…

Le travail minutieux de Régine Guyomarc’h fait oublier l’affront du temps. La carte affiche fièrement la Bretagne. La Bretagne historique qui réunit les cinq départements. Elle est ponctuée des sites emblématiques de la Bretagne : calvaires, cathédrales, viaducs, ponts, châteaux, bagadoù… Elle est traversée par une farandole d’hommes et de femmes qui, au rythme de la bombarde et du biniou, arborent avec fierté les costumes locaux. Une importante rosace surmontée de l’hermine indique le cap.

Ludovic Jolivet rappelle « la volonté de la Ville d’être gardienne de ce patrimoine culturel, âme de la Cornouaille qui s’ajoute aux toiles de Pierre de Belay très récemment acquises par la Ville. »

Publié le 8 janvier 2020 par Florence Édouard de Massol – Côté Quimper ©

(1) Philippe Théallet, Michau-Vernez, l’œuvre de faïence. Édition Groix.

Nouvel ouvrage sur les faïences de Micheau-Vernez (Côté Quimper).

Philippe Théallet
Philippe Théallet, l’auteur.

Philippe Théallet consacre son dernier ouvrage à l’œuvre de faïence de l’artiste Micheau-Vernez tout en s’attachant à décrire l’homme. Artiste prolixe, Micheau-Vernez (19071989) se révèle par la peinture, participe à l’art sacré en réalisant des vitraux, des chemins de croix, icônes et faïences. Tour à tour illustrateur et affichiste, il confirme une prédilection pour le dessin. Mais sa peinture haute en couleur est moins connue en Bretagne que ses faïences. Et pour cause, il collabore pendant 30 ans avec les faïenceries Henriot. De 1930 à 1960, ce sont pas moins de 140 sculptures qui sont éditées. Rompant avec la tradition des personnages hiératiques, il est le premier à introduire le mouvement dans la faïence et façonne des couples, des trios ou des groupes de danseurs. Chacun arbore avec fierté, voire gravité, un costume minutieusement détaillé. La Bretagne défile dans l’œuvre de l’artiste… Le livre, riche de plus de 300 illustrations, dresse un inventaire foisonnant de l’œuvre de faïence éclairé par l’étude d’archives et de documents inédits ainsi que des témoignages directs que l’on doit au fils de l’artiste Mikaël Micheau-Vernez.

Micheau-Vernez, l’œuvre de faïence, Philippe Théallet, Groix Éditions. 30 euros.

Publié le 6 novembre 2019 par Florence Édouard de Massol – Côté Quimper ©