Galeriste à Quimper, Philippe Théallet porte un regard d’expérience sur la faïence (Ouest-France).

Philippe Théallet, galeriste à Quimper (Finistère), est un spécialiste de la faïence, de son histoire et de sa diffusion. Rencontre avec un passionné.

Philippe Théallet
Philippe Théallet, galériste à Quimper (Finistère) et spécialiste de la faïence.

Dans la petite rue Sainte-Catherine, à Quimper, à l’ombre de l’imposante préfecture, cela fait déjà quatorze ans que Philippe Théallet a ouvert sa galerie. En vitrine, des faïences (de Quimper, bien entendu), des gravures et des peintures d’artistes finistériens, toujours en activité ou faisant désormais partie d’un chapitre de l’histoire de l’art.

Justement, l’histoire de l’art l’a conduit à sa passion. « Pour moi, l’histoire et l’histoire de l’art son intimement liées », explique ce natif de Fougères (Ille-et-Vilaine), qui a grandi à Brest.

À Rennes, il obtient un diplôme d’études approfondies (DEA) dans ce domaine. Denise Delouche, alors enseignante et grande spécialiste de Mathurin Méheut, notamment, l’oriente vers la faïence de Quimper. Son sujet de mémoire sera consacré « à son chouchou », précise-t-il, Paul Fouillen (1899-1958).

Galerie Théallet
au premier plan, des sonneurs de pontivy, de robert micheau-vernez, sur la gauche « gradlon, fuite en egypte » de daniel gouzien.

« Des collectionneurs aux États-Unis »

Dans le milieu professionnel, Philippe Théallet est à bonne école en travaillant au musée de Pont-Aven, puis en tant qu’assistant de Bernard Verlingue au Musée de la faïence à Quimper.

Une faïence qui ne le quitte plus. Décorative ou utile, elle a traversé le temps. Et s’est exportée. Comme à New York, après la Première Guerre mondiale. Les Américains qui se sont battus sur notre sol ont ramené au pays quelques souvenirs.

« C’est vrai qu’il y a des collectionneurs aux États-Unis. » Un marché américain qui a fait flamber les prix, avant de s’éteindre petit à petit. « Le savoir-faire de Quimper a été exporté dans toutes les régions de France, souligne le galeriste, par ailleurs président de l’Association des amis du Musée départemental breton et membre du conseil d’administration de l’association des Amis du Musée et de la faïence de Quimper. Il faut noter une grosse production pour les grands magasins de Paris. »

Galerie Théallet
détail d’une des vitrines de la galerie, avec une belle collection de personnages bretons.

Mais la traditionnelle signature et la provenance des pièces étaient gommées. « Cela faisait sans doute plouc », indique le galeriste, en haussant les sourcils. Si elle a connu son heure de gloire, la faïencerie est tombée en désuétude. Comme la manufacture Keraluc et ses fameux grès, au top dans les années 1950 et 1960 mais « dépassée » par la production industrielle de vaisselle. La faïence a été jugée ringarde, trop estampillée bretonne. « À la fin des années 1960 et au début des années 1970, la concurrence portugaise, de fabrication moins chère, a précipité sa chute, mais le coup de grâce est venu de la production asiatique. Et les goûts ont évolué avec la société, les gens voulaient sans doute moins d’objets connotés Bretagne. »

Mais de jeunes générations s’en sont de nouveau entichées. Le regain d’intérêt autour du mouvement d’entre-deux-guerres des Seiz Breur (les Sept frères en breton) et le travail de Renée Yves Creston par exemple, ont favorisé son retour de l’oubli.

Les faïenceries font appel à des artistes, des designers et des créateurs pour donner un aspect plus contemporain. Comme au temps des grands noms de la grande époque, de René Quillivic, dans les années 1920, pour HB, à Mathurin Méheut pour Henriot. « Très connu à l’époque, qui jouait un peu le rôle de rabatteur d’artistes dans les salons parisiens. »

Intarissable sur le sujet, Philippe Théallet s’interrompt deux minutes. Un monsieur, un habitué, arrivé avec une faïence et sa gangue de papier bulle. Il s’agit d’un pichet Henriot. Les deux vont faire affaire…

Publié le 26 avril 2023 par Jean-Marc PINSON – Ouest-France ©


Faïence, gravure, peinture : « Tout est lié », explique ce passionné à Quimper

Dans sa galerie quimpéroise, Philippe Théallet n’expose pas seulement des faïences. Graveurs et peintres sont à l’honneur.

Olivier Lapicque
Un hommage au musée de la faïence avec une gravure d’Olivier Lapicque. Un hommage au musée de la faïence avec une gravure d’Olivier Lapicque.

« Les artistes qui ont travaillé dans la faïence sont tous polyvalents, souligne Philippe Théallet, spécialiste de la question, qui tient une galerie à Quimper. D’une certaine façon, pour créer, ils étaient obligés de s’intéresser à tous les arts, comme l’on fait les artistes du Seiz Breur (les Sept frères en breton). »

Ce féru d’histoire n’est pas pour autant bloqué sur le passé. Au con-traire. Le galeriste se fait passeur avec des artistes contemporains.

C’est le cas de Valérie Le Roux, céramiste à Concarneau, désormais bien installée et qui décline son uni-vers graphique sur bien des supports. « J’ai découvert son travail quand elle sortait des Beaux-Arts, elle n’était pas du tout connue. »

Autre artiste basé à Concarneau, Olivier Lapicque, graveur, qui travaille la céramique et la gravure et le collage avec, notamment, des capsules de bouteilles de vin. Et, « comme tout est lié », dit le galeriste, rappelons qu’Olivier Lapicque est le petit-fils d’un Seiz Breur, Gaston Sébilleau.

Le Douarneniste Paul Moal, qui aime aussi intégrer des collages dans ses peintures, a réalisé une belle série de pêcheurs pour Henriot et travaillé pour la Faïencerie d’art breton. Le regretté René Quéré, décédé il y a moins de deux ans, avait collaboré avec Keraluc.

Philippe Théallet les expose. Et bien d’autres. Difficile de parler de tout le monde mais notons le travail remarquable en gravure de Dominique Le Page, et ses arbres magnifiques, ou encore de Marianne Le Fur, et ses vagues qui n’en finissent pas de rouler sur le papier. Le galeriste, encore une fois dans l’optique de toucher le plus grand nombre comme le souhaitaient les membres du Seiz Breur, met ainsi à portée de toutes les bourses (ou presque) une œuvre d’art par le biais de gravures. Mais attention, si vous commencez, la collectionnite aiguë vous guette !

Jean-Marc PINSON

L’atelier de Valérie Le Roux (France Bleu Breizh Izel).

Découvrez le travail de Valérie Le Roux, céramiste à Concarneau.
Angeline Demuynck, nous propose un entretien avec son mari, Mickaël Rannou.

Publié le 21 mars 2022 par Angeline Demuynck – France Bleu Breizh Izel © – Photos : Mickaël Rannou ©

Art et modernité en Bretagne, du 14 au 20 octobre 2019.

A partir du 14 octobre, nous débutons notre semaine sur le thème : « Art et modernité en Bretagne ». Nous vous proposerons un parcours en compagnie des artistes du début du 20ème siècle, et des artistes contemporains en Bretagne.
Une vidéo sera disponible tous les jours sur notre chaîne YouTube à 19 h.

N’hésitez pas à vous abonner ! (lien).

Art et modernité en Bretagne.

Amis du Musée et de la Faïence de Quimper ©

Immersion dans l’atelier de Valérie Le Roux (Ouest-France).

Valérie Le Roux
Valérie Le Roux animera également des ateliers durant les vacances scolaires.

Dans le cadre des Journées européennes des métiers d’art, l’artiste céramiste ouvre son atelier les 5, 6 et 7 avril. Elle y propose des séances pour les enfants, dès 4 ans.

L’artiste céramiste Valérie Le Roux ouvre les portes de son atelier les 5, 6 et 7 avril, dans le cadre des Journées européennes des métiers d’art qui se déroulent partout en France et en Bretagne, en partenariat avec la Région et la Chambre régionale de métiers et de l’artisanat.

Ce sera l’occasion de découvrir le savoir-faire artisanal tout en s’imprégnant de la collection limitée, inspirée par le travail de Suzanne Creston. Parmi les projets récents, l’atelier a réalisé une collection de pièces en faïence (tasses, petits plats, vases) pour la Thalasso de Concarneau, une fresque de 4 m² pour le Restaurant Le Chantier, à Concarneau également, une exposition chez Empreintes, à Paris, jusqu’au 15 avril, concept store des Métiers d’art.

Créations quimpéroises de l’entre-deux-guerres

Valérie Le Roux s’intéresse aux créations quimpéroises de l’entre-deux-guerres depuis des années. Cette période de bouillonnement intense, de grande liberté dans les propositions esthétiques, nourrit son travail.

La collection inspirée de l’œuvre de Suzanne Creston correspond à un exercice de style auquel la créatrice devait se livrer : se nourrir des propositions d’une artiste pour en extraire des compositions, tant personnelles que construites « en hommage ».

Suzanne Creston, née Candré en 1899, s’est distinguée dans l’entre-deux-guerres par une création réduite mais flamboyante. Épouse de René-Yves Creston, c’est avec son mari et Jeanne Malivel qu’elle fonde, en 1923, la première cellule du mouvement Seiz Breur. Ce travail de Valérie Le Roux met en lumière la modernité de celui de Suzanne Creston en mettant en scène le vide, valorise l’inventivité des motifs décoratifs, en même temps qu’elle les dynamise par une rythmique étudiée.

Le mouvement Seiz Breur

« Je me suis nourrie de lectures, d’observations attentives des réalisations ou des propositions décoratives de Suzanne Creston. Mon approche a d’abord consisté à identifier et extraire certains motifs originaux, personnels, qui n’étaient pas directement référencés, dans le répertoire des formes de l’imaginaire collectif, à l’Art déco », explique-t-elle. Sa démarche est avant tout sensible, instinctive et rend hommage avec humilité et pertinence au travail de son aînée Seiz Breur.

Durant ces trois jours, Valérie Le Roux propose des ateliers pour les 4 à 12 ans autour de la pratique de la terre, avec la réalisation d’un petit objet, la façon d’utiliser les outils ou de travailler le modelage, l’apprentissage du vocabulaire… Ils repartiront avec un échantillon.

Vendredi 5 avril, samedi 6 et dimanche 7 avril, de 11 h à 19 h, 4, rue Duguay-Trouin.

Publié le 01/04/2019 – Ouest-France ©