Jeanne Malivel, pionnière de l’art moderne breton (le télégramme).

Bernard Verlingue

Bernard Verlingue, conservateur du Musée de la faïence de Quimper, devant des pièces dessinées par Jeanne Malivel et réalisées par la Faïencerie Henriot.

Elle fut l’un des membres fondateurs du mouvement du renouveau de l’art breton, Seiz Breur, dans les années 20. Le Musée de la faïence de Quimper consacre sa prochaine exposition à Jeanne Malivel, qui sera visible à partir du 16 avril.

C’est la première exposition consacrée à cette figure du renouveau de l’art breton, dans les années 20. Du 16 avril au 29 septembre prochains, des œuvres de Jeanne Malivel, créatrice aux multiples talents, seront rassemblées au Musée de la faïence de Quimper. « Elle a été l’une des premières à travailler à la rénovation de l’art et de l’artisanat breton, explique Bernard Verlingue, conservateur du musée. Sa particularité est d’avoir été touche à tout ».

Éclectique et d’avant-garde

Dans l’espace consacré à l’artiste, les pièces prêtées par l’association Jeanne Malivel, des collectionneurs et sa famille reflètent l’éclectisme de sa création. Si l’on retrouve quelques-unes de ses premières toiles sages à l’huile ou au fusain, les faïences élaborées avec la collaboration de la maison Henriot, les broderies (dont certaines ont été réalisées par les élèves de l’école Pascal Jaouen, à partir de projets de l’artiste), les gravures sur bois, les vitraux, les meubles ou encore les motifs de tissus géométriques témoignent d’une grande modernité. « Elle s’inscrit vraiment dans les mouvements artistiques avant-gardistes de l’époque », précise Bernard Verlingue.

Un parcours atypique

Jeanne Malivel, née en 1895, à Loudéac, dans une famille de notables ouverts d’esprit, suit en effet un parcours atypique pour une jeune fille au début du XXe siècle. Adolescente, elle prend des cours de dessin à Rennes, auprès d’une cousine, Louise Gicquel, qui éveillera son esprit artistique. À la fin du lycée, elle part suivre des cours à l’académie Julian de Paris, l’une des rares préparations à l’école des Beaux-Arts ouverte aux filles. Elle revient ensuite en Bretagne, où elle s’engage comme infirmière, pendant la guerre. L’exposition présente notamment une série de dessins de soldats blessés, réalisés à l’hôpital de Loudéac.

Fondatrice des Seiz Breur

La jeune femme tente et réussit ensuite, à deux reprises, le concours des Beaux-Arts de Paris, en 1917, puis en 1919, car la guerre la coupe dans ses études. À cette époque, Jeanne Malivel fréquente les milieux bretons. Elle rencontre notamment les autres membres fondateurs des Seiz Breur, « les sept frères », un groupe de créateurs militants qui révolutionne l’art breton dans l’entre-deux-guerres. Le mouvement est créé en 1923, avec René-Yves Creston, Suzanne Candré et Georges Robin, entre autres.

Exposée à Paris en 1925

Dans les années 20, elle produit une œuvre foisonnante. L’exposition présente de nombreuses gravures de Jeanne Malivel, illustrant « L’Histoire de Bretagne » écrite par Claude Danio, en 1922. Plusieurs meubles aux motifs modernes sont également exposés. En 1923, elle contacte Jules Henriot pour réaliser des pièces aux motifs traditionnels réinterprétés, mais aussi un service aux formes octogonales jaunes et bleus. Ce dernier, également présenté au musée, sera exposé en 1925 au pavillon breton de l’Exposition internationale des arts décoratifs de Paris. Cette année-là, Jeanne Malivel se marie et réduit ses activités artistiques. Un an après, en 1926, sa vie et son œuvre s’achèveront prématurément. L’œuvre éclectique et résolument moderne de Jeanne Malivel mérite le détour, d’autant qu’elle témoigne de la force de caractère de cette femme engagée dans son temps.

Pratique
Exposition « Jeanne Malivel, pionnière de l’art moderne breton », visible au Musée de la faïence, du 16 avril au 29 septembre. Tarifs : 5 €, réduit, 4 €.

Publié le 12 avril 2018 par Emmanuelle GENOUD – Le Télégramme ©

Jeanne Malivel, l’œuvre interrompue (le Télégramme).

Originaire de Loudéac, Jeanne Malivel a marqué l’histoire artistique de la Bretagne du XXe siècle. Fondatrice des Seiz Breur, elle laisse une œuvre foisonnante, hélas interrompue en raison de son décès prématuré à l’âge de 31 ans.

Jeanne Malivel

Jeanne Malivel. Photo Raphaël Binet

De Jeanne Malivel, on retient sa frêle silhouette presque évanescente, mais surtout une œuvre artistique d’une grande puissance et d’une forte intelligence. Elle naît en 1895 dans une famille de notables de Loudéac. Ses parents, Albert et Marie Malivel, sont des commerçants plutôt prospères. Curieux et ouverts, ils ont développé une conscience régionaliste.

Jeanne Malivel

Jeanne Malivel en compagnie de son père (DR).

Gallo, catholique et féministe

À Loudéac, Jeanne Malivel s’imprègne de la culture gallèse qui a joué un rôle important dans son œuvre. Contrairement à bon nombre d’intellectuels et d’artistes bretons de l’époque, plus attirés par la Basse-Bretagne, elle a toujours revendiqué son identité gallèse. Dans les années 1920, elle projetait d’ailleurs d’éditer un dictionnaire de gallo. Elle laisse également toute une série de bois gravés sur les arbres de Haute-Bretagne. La famille de Jeanne Malivel est aussi catholique. La jeune femme a conservé toute sa vie une foi profonde, et elle a participé à plusieurs mouvements chrétiens ; ce qui n’implique pas une posture traditionaliste. La famille Malivel est ainsi proche de Marie Le Gac-Salonne, l’une des pionnières du féminisme dans la péninsule. « Toute sa vie, remarque l’historien de l’art, Olivier Levasseur, elle a lutté pour s’imposer comme une femme artiste ».

Adolescente, Jeanne Malivel part à Rennes au lycée de l’Immaculée Conception afin de poursuivre ses études. Elle y est formée par une cousine, Louise Gicquel, professeur de dessin, qui contribue à l’éclosion de sa vocation artistique. Au printemps 1914, Louise accompagne Jeanne pour une formation d’un mois à l’académie Julian de Paris, l’un des rares organismes qui acceptent les femmes. Après le déclenchement de la guerre, Jeanne Malivel officie comme infirmière, avec sa sœur, à l’hôpital de Loudéac. Elle continue à dessiner et retourne en 1916, à Paris, suivre sa formation à l’académie Julian. Les bombardements aériens et l’avancée des Allemands, en 1917, l’obligent à faire des va-et-vient avec la Bretagne. En 1917, elle expose au salon des artistes de Pontivy, où elle y est remarquée.

Jeanne Malivel

Bretons de Paris

Entre 1917 et 1919, elle prépare le concours de l’école des Beaux-Arts à Paris et y est reçue… deux fois : tout d’abord en 1917, mais elle avait dû rentrer en Bretagne et avait donc été contrainte de repasser, brillamment, l’examen en 1919. L’enseignement très académique ne la passionne pas, mais, à Paris, elle visite les musées et fréquente les milieux bretons de la capitale, notamment les leaders du jeune mouvement nationaliste, Olier Mordrel ou Morvan Marchal. Elle adhère dès 1919 au Groupe régionaliste breton (GRB), et les réunions du groupe parisien se tiennent dans son atelier. Jeanne Malivel fait partie des membres fondateurs des Seiz Breur, un groupe qui révolutionne l’art breton dans l’entre-deux-guerres. En 1925, ils déclenchent l’enthousiasme à l’Exposition internationale des arts décoratifs de Paris. Pendant un an, ils ont en effet préparé le mobilier et les arts ménagers qui sont exposés au pavillon Ty Breiz. René-Yves Creston et Jeanne Malivel ont réalisé l’Ostée (« La pièce commune » en pays gallo) qu’ils décorent de meubles, tissus imprimés et de faïences. Leur production étonne et détonne.
Dans les années 1920, Jeanne Malivel produit une œuvre foisonnante et diverse. Elle installe son atelier à Loudéac et se fait un nom avec ses bois gravés illustrant « L’Histoire de Bretagne » de C. Danio. Le texte, très antifrançais, suscite de vives réactions, mais les illustrations de Jeanne Malivel provoquent l’unanimité. Dans ces années-là, elle crée également des meubles, des tissus d’ameublement ou de la céramique. Son engagement qui a développé un artisanat moderne breton avait aussi un but économique, visant à faire renaître le travail local, introduire dans les foyers des objets utiles de couleurs gaies et combattre l’émigration des jeunes filles. En 1925, elle se marie. L’année suivante, enceinte, elle est victime d’une paratyphoïde et décède à l’hôpital de Rennes, à l’âge de 31 ans.

Pour en savoir plus
Olivier Levasseur, «Jeanne Malivel », Coop Breizh, Spézet, 2013.
Le musée de la Faïence de Quimper lui consacre une exposition du 16 avril au 29 septembre 2018, « Jeanne Malivel, pionnière de l’art moderne breton ».

Publié le 01 avril 2018 par Erwan Chartier-Le Floch – Le Télégramme ©

À Dinan, la maison de l’artiste Yvonne Jean-Haffen se visite (France 3 Bretagne).

La maison d’artiste de la Grande Vigne à Dinan surplombe la ville. La peintre Yvonne Jean-Haffen, amie de Mathurin Méheut y a vécu et travaillé. Le lieu est resté intact, rempli de ses œuvres et affaires personnelles.

La maison d’artiste de la Grande Vigne, à Dinan est aujourd’hui devenue un musée dédié à Yvonne Jean-Haffen, une artiste peintre alsacienne, devenue bretonne après sa rencontre avec Mathurin Méheut.

Perchée sur les hauteurs du port de Dinan, il est possible de la visiter tous les étés de mi-juin à fin septembre et de se replonger dans l’atmosphère d’une époque, grâce aux objets personnels de l’artiste, toujours présents.

la Grande Vigne à Dinan

La maison d’artiste de la Grande Vigne appartenait au peintre Yvonne Jean-Haffen – France 3 Bretagne

Une rencontre déterminante

Yvonne Jean-Haffen vit d’abord à Paris. En 1925, elle rencontre Mathurin Méheut, ce qui bouleversera sa vie. Elle devient l’élève, la collaboratrice, l’amie du peintre breton. Elle va adopter le style Méheut et s’installer en Bretagne. Même si elle vit dans l’ombre du maître, elle possède de multiples talents à la fois graveuse céramiste et décoratrice. À la fin de sa vie, elle aura réalisé près de 5000 œuvres, dont elle décidé de faire une donation à la municipalité de Dinan, à la condition de faire de sa maison un musée.

Publié le 28/01/2018 par Catherine Carlier avec E.C – © France 3 Bretagne.

Seiz breur pour un art moderne en Bretagne 1923 1947 par Pascal Aumasson.

L’ouvrage sur la confrérie des sept frères (Ar Seiz Breur) est paru au début du mois de décembre.

SEIZ BREUR LOCUS SOLUS 2017

SEIZ BREUR – pour un art moderne en Bretagne 1923-1947 – LOCUS SOLUS 2017 – Pascal Aumasson.

Retrouver une sélection des articles publiés sur cet ouvrage.


Le samedi 16 et le dimanche 17 décembre 2017, la pension Gloanec à Pont-Aven organisait son salon de Noël. Pascal Aumasson était interviewé sur son ouvrage par les organisateurs.

« Pension Gloanec » © 2017.


Le magazine Bretons du mois de janvier 2018 consacre un article de 4 pages au livre de Pascal Aumasson sous le titre de  » Les Seiz Breur voulaient créer un art moderne inspiré de l’esprit breton » (pages 34 à 37).

Couverture Bretons magazine 138.

Bretons magazine n°138, du mois de janvier 2018.


L’art déco breton toujours moderne des Seiz Breur (Ouest-France).

Histoire de l’art. Les créations des Seiz Breur ont gardé leur beauté et leur modernité. Ce mouvement (1923 à 1947) a pourtant été un peu oublié. Un livre les remet dans l’actualité.

Entretien avec Pascal Aumasson, ancien directeur du Musée des Beaux-arts de Brest.

Publié par Ouest-France - Rennes, musée de Bretagne - Collection particulière

Buffet à glissière (Creston/Savina), pichet Henriot (Creston/Candré-Creston) et projet d’étoffe imprimée (Candré-Creston).

Les Seiz Breur, des jeunes gens modernes ?
Dans les années 1920, ces jeunes artistes bretons ont un esprit moderne parce qu’ils se cultivent et regardent autour d’eux. Ils ont l’intelligence de tout absorber, notamment dans le monde celte, dans le sens européen du mot, jusqu’en Europe centrale.

Et ils transforment cette matière première celtique ?
Ils ont une détestation pour le mobilier Henri II, les meubles à personnages bretons, les surcharges décoratives sur les costumes… Ça les modernise. Ils sont imprégnés de respect des usages traditionnels, mais les plus anciens. Ils s’inspirent des formes, des couleurs… Ils prennent, par exemple, les motifs qui décorent une cuillère de mariage de 1859 pour en faire un usage schématisé qu’on retrouve ensuite dans leurs cartes de vœux.

Peut-on parler d’art déco ?
Ils représentent l’expression bretonne de la grande ferveur des arts déco partout en Europe.

Ça ne dure pas très longtemps ?
Une vingtaine d’années. Guère moins que l’École de Pont-Aven. Et, comme pour Pont-Aven, ce n’est pas une école avec un contrôle, une censure. C’est un mouvement démocratique, ouvert, qui n’impose pas de style. C’est un creuset où chacun s’alimente.

Il y a des femmes dans le groupe ?
Quelques femmes brillantes avec du tempérament, comme Jeanne Malivel ou Suzanne Candré-Creston, la première femme d’une des figures du mouvement , René-Yves Creston. J’ai retrouvé d’elle un fonds de sept cents planches de dessins formidables, avec une fraîcheur d’idées pour les meubles, la faïence, les textiles…

Car ils ne se limitent pas à une discipline…
Ils ne séparent pas art savant et art populaire. Leur mot d’ordre c’est « embellir le quotidien ». Ils proposent même des services de table, du papier peint, des meubles tourne-disque ou TSF…

Aujourd’hui, on les appellerait des designers ?
Absolument. Ils faisaient attention à l’environnement du quotidien.

Quel impact ont-ils sur leur époque ?
Leur publication est lue et connue. Ils ont une vitalité formidable et l’art de se montrer.

Dès 1925, deux ans après s’être rencontrés, ils sont représentés à l’exposition des arts industriels et décoratifs de Paris. En 1937, ils sont une trentaine et ont un pavillon dix fois plus grand à l’Exposition internationale.

Sont-ils situables politiquement ?
Ils abordent la question politique à travers l’art et la culture bretonne. Avec l’envie que l’art encourage la prise de conscience d’être breton. Certains ont eu des démarches individuelles mais le groupe n’a jamais pris position pour l’autonomisme, et surtout pas pour l’Allemagne ou pour Vichy.

Puis, on les perd de vue ?
Après la guerre, au regard des prises de position de certains, il y a eu un amalgame qui fait que l’intérêt pour la culture bretonne a pu être associé à la collaboration.

Mais leurs productions restent modernes ?
La meilleure preuve c’est qu’on n’a jamais vu autant d’objets Seiz Breur dans les salles de vente depuis vingt ans.

Donc, ils ont beaucoup produit ?
Notamment aux faïenceries de Quimper. Mais, ils ont rencontré, comme des designers, des difficultés pour éditer tous leurs objets.

Recueilli par Gilles KERDREUXOuest-France du 28/12/2017.

Seiz Breur. Ed. Locus Solus. 190 pages. 25 €.

Jeanne Malivel, pionnière de l’art moderne breton.

L’exposition thématique de l’année 2018 du Musée de la Faïence de Quimper sera consacrée à l’artiste Jeanne Malivel du lundi 16 avril au samedi 29 septembre 2018.


Jeanne Malivel (1895-1926)

Autoportrait de l’artiste Jeanne Malivel (1895-1926).

Jeune femme sympathique, vive et passionnée, Jeanne Malivel (1895-1926) consacra sa brève carrière à la rénovation des arts appliqués de sa Bretagne.

Gravure sur bois, broderie, mobilier, faïence, vitrail, objets du quotidien, cette touche-à-tout offrit son talent à la création d’une dynamique qui bouleversa la production artistique bretonne, alors trop académique et stéréotypée. Avec René-Yves et Suzanne Creston, elle fut le fer de lance de la création du groupe des Seiz Breur et de leur participation à l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de 1925.

Sa vision ne se cantonna pas au simple exercice de son art. La modernisation des arts appliqués fut accompagnée d’une volonté de rendre les œuvres produites accessibles à toutes les bourses. Elle tenta, avec ses idées et ses commandes, de relancer l’artisanat autour de Loudéac en proie à l’émigration vers les villes comme tout le centre Bretagne. Fauchée par la maladie, en plein bonheur, à l’âge de 31 ans, elle restera la mère d’une nouvelle génération de créateurs.

Cette première exposition, menée avec la collaboration de l’association Jeanne Malivel et de la famille de l’artiste, présente l’ensemble des aspects de son œuvre. Quelques broderies inspirées des dessins de cette femme talentueuse, réalisées par les élèves de Pascal Jaouen, mettrons en lumière toute la modernité de son œuvre.

Rendez-vous le 16 avril !

Musée de la Faïence de Quimper © – 2017.


Dans le cadre de son émission « En flânant », Roger GICQUEL rencontre le Docteur Pierre-Anne CORDIER, neveu de Jeanne MALIVEL. Ils évoquent le souvenir de cette artiste bretonne issue du mouvement « Ar Seiz Breur » (le 15 avril 1995).


La maison d’artistes de la Grande vigne à Dinan a exposé cet été les oeuvres de Jeanne Malivel et d’Yvonne Jean-Haffen. Le magazine du conseil départemental des Côtes d’Armor lui a consacré un article sous le titre : « Pionnière du renouveau artistique breton ».

Vous pouvez télécharger l’article.

Pionnière du renouveau artistique breton(Côtes d’Armor magazine n°159 – Septembre/Octobre 2017 par Laurent Le Baut).


Pour plus d’informations, vous pouvez consulter le site des Amis de Jeanne Malivel (lien).