Fermeture de La Civette, la fin d’une institution quimpéroise (Le Télégramme).

Gwenola Breton
Gwenola Breton à l’entrée de La Civette au décor très connu.

Le magasin de souvenirs et cadeaux La Civette va bientôt fermer ses portes rue du Parc. Gwenola Breton, commerçante de la troisième génération, a annoncé son départ. Un magasin d’audition va s’installer dans ce lieu emblématique.

« J’ai 56 ans. Depuis mes 15 ans, je suis liée à ce magasin. J’avais envie de changer de vie ». Gwenola Breton ne s’attarde pas sur les raisons qui la poussent à passer la main. Tout juste évoque-t-elle avec émotion la disparition l’an passé de son père, en février et de sa mère, en août. Une histoire de famille se termine avec le départ de la patronne de La Civette.

La Civette
Une vue du magasin, sans doute dans les années 1980.

Depuis 1938

L’établissement a été qualifié d’institution à Quimper. Pour Gwenola Breton, il s’agissait surtout d’une filiation. La Civette a été créée en 1938 par Alphonse Breton, un pâtissier de Landivisiau arrivé à Quimper pour ouvrir un magasin d’articles de tabac, qui deviendra bureau de tabac après-guerre. Alphonse était aussi amateur de faïence Henriot et le magasin va se diversifier. En 1970, la vente du tabac s’arrêtera. La Civette se diversifiera dans la maroquinerie, les stylos et autres cadeaux… En 1975, le fils Jean-Claude, également féru de faïence, a repris l’affaire, puis Gwenola en 1998. Une affaire de famille donc, identifiée par de grands carreaux de faïence en façade.

Jean-Claude Breton
En 1978, Jean-Claude Breton, au premier plan, a été fait maître pipier de Saint-Claude, en même temps que Pierre-Jakez Hélias que l’on devine en arrière plan.

Rares sont, aujourd’hui, les commerces de Quimper qui en sont à la troisième génération familiale. Le magasin « L’art de Cornouaille » place Saint-Corentin, a également été créé par Alphonse Breton. Il est aujourd’hui tenu par Mickaël Breton, le cousin de Gwenola. « Mon grand-père avait aussi créé un magasin de vêtements Eoligou, rue du Parc », dit-elle.

Jean-Claude Breton
Jean-Claude Breton, le père de Gwenola.

L’ambiance a changé

La commerçante a l’impression d’avoir toujours travaillé à La Civette. « Petite, je dormais dans la réserve à bols, dit-elle. Adolescente, je travaillais à la boutique pour l’argent de poche. Une page se tourne pour moi avec émotion ». L’ambiance a aussi changé dans le quartier avec l’apparition de commerces éphémères, de franchises. « Les gens s’installent, ils ne viennent pas se présenter et au final, personne ne se dit bonjour », regrette Gwenola qui rappelle que la fermeture de la brasserie Le Bretagne il y a une quinzaine d’années a privé le secteur d’un lieu de convivialité. Pour autant, elle évoque aussi une clientèle « très fidèle ».

La Civette va donc fermer ses portes ce printemps. Elle sera remplacée dans quelques mois par un magasin d’audition. Que deviendra la façade ornée de faïence ? Gwenola n’en sait rien. « Je pense que les carreaux ne pourront pas bouger », dit-elle. Quant à la commerçante elle ne va pas quitter Quimper mais prendra un peu le large sur son bateau.

Le centre-ville perd ses balises

Les anciens ne reconnaissent plus leur ville, les plus jeunes y viendront-ils longtemps ? L’identité du centre-ville de Quimper se dilue peu à peu pour prendre les couleurs de toutes les villes de France. La fermeture annoncée de la Civette, vitrine emblématique d’une époque, en est l’illustration. Bientôt sur cet emplacement stratégique, à l’angle de la rue du Parc et de la rue Saint-François en bord de rivière face à la place de la Résistance, on trouvera un nouveau magasin d’audition. Il s’agirait du quinzième du genre rien que sur la ville de Quimper !

Peu à peu le centre-ville perd ainsi de son attractivité. Les visiteurs repéraient la Civette et ses faïences en façade comme une balise marquant l’entrée dans le centre historique. Les Quimpérois y étaient tous rentrés pour acheter un souvenir ou un cadeau. Qui s’arrêtera devant un énième magasin d’audition ? Banques, agences immobilières et autres : le quai le plus passant de Quimper, perd peu à peu son sens. On se souvient de la fermeture de la brasserie Le Bretagne en 2005. Elle était juste en face de la Civette. Son départ avait déjà cassé la convivialité des lieux. Une page se tourne à Quimper où les franchisés et autres boutiques éphémères, sans attaches, remplacent peu à peu ceux qui ont fait l’histoire de la ville.

Publié le 27 avril 2022 par Ronan Larvor – Le Télégramme ©

Maurice Fouillen, le propriétaire de la maison jaune, n’est plus (Le Télégramme).

Maison Maurice Fouillen, place du Stivel.
Le père de Maurice Fouillen, Paul Fouillen, avait installé son atelier de décorateur puis sa faïencerie dans cette ancienne guinguette qu’il avait achetée en 1928. Elle a fermé en 1980.

Maurice Fouillen est décédé mardi dernier à l’âge de 92 ans. Céramiste lui-même, il avait consacré ses dernières années à la promotion de l’œuvre de son père, le faïencier quimpérois Paul Fouillen. « C’est une page qui se tourne, commente Philippe Théallet de l’association des Amis du musée de la faïence de Quimper. Il était le gardien du temple ».

Maurice Fouillen ne quittait plus depuis quelque temps la fameuse maison jaune familiale de la place du Stivel. « Il n’avait jamais voulu partir, souligne Philippe Théallet. Il avait aménagé un petit musée des œuvres de son père dans une pièce qu’il ouvrait à la demande aux passionnés ». Sur la porte de la maison aux couleurs défraîchies on voit encore l’affiche de la dernière exposition consacrée au père et au fils en 2015.

Paul Fouillen (1899-1958) était arrivé à Quimper au début des années 1920. Il a rejoint la manufacture HB comme peintre, puis a travaillé dans la décoration avant d’ouvrir en 1928, un atelier de décoration dans l’ancienne guinguette qu’il a rachetée place du Stivel. À la fin des années 1940, il y installera sa propre faïencerie qui comptera jusqu’à 18 salariés.

« Affranchi de toute contrainte, il donne libre cours à son génie créatif, empreint de celticisme, de cubisme, et d’un monde onirique qui lui est particulier. Il forme son fils, Maurice, à l’Art céramique avant de s’éteindre en 1958. Lui succédant, Maurice se montrera le digne continuateur de l’œuvre de son père », lit-on sur le site des Amis du Musée de la faïence.

Maurice Fouillen a arrêté son activité professionnelle en 1980 mais il a continué à créer et jusqu’à ces dernières années à peindre dans un style « plus moderne et plus sobre » que son père. Il restait en relation avec de nombreux collectionneurs du monde entier et notamment d’Amérique du Nord.

Reste à savoir maintenant ce que va devenir la fameuse maison emblématique de la place du Stivel.

Publié le 17/12/2020 par Ronan Larvor – Le Télégramme ©

Les dames de Jeanne-Sarah Bellaiche rentrent au musée (Le Télégramme).

Jeanne-Sarah Bellaiche
Jeanne-Sarah Bellaiche, céramiste (le Télégramme).

Jeanne-Sarah Bellaiche a remporté ce week-end le prix du Musée de la faïence au Festival Céramique Quimper. Ce sont ces « Madame » qui ont séduit le jury de spécialistes. Installée à Pleyben, Jeanne-Sarah travaille le grès. « La série des « Madame » représente un féminin en mouvement, explique-t-elle. Je l’ai commencée en 2014. J’apporte un soin particulier au visage pour donner une expression positive. J’ai commencé une nouvelle série, « Les Guerrières », qui montrent un féminin plus combatif, et peut-être plus intime ». La sculpture rentrera dans la collection permanente du musée quimpérois.

Publié le 6 septembre 2020 par Ronan Larvor – Le Télégramme ©


Hervé Maupin, président du fonds de dotation du Musée de la Faïence de Quimper décernait pour la seconde année un prix. La lauréate est Jeanne-Sarah Bellaiche, céramiste à Pleyben.

Philippe Théallet, président des Amis du Musée départemental breton remettait à Matthieu Robert, un prix dans la catégorie « pièces usuelles ».

Jury du prix 2020
Le jury du prix du Musée délibère.
Palmarès 2020
De gauche à droite, Jean-Yves VERLINGUE (fondateur du Musée de la faïence de Quimper), Isabelle ASSIH (maire de Quimper), Valérie DURRWELL (chargée de l’attractivité, du commerce et des métiers d’art), Jeanne-Sarah BELLAICHE (prix du Musée 2020), Matthieu ROBERT (prix des Amis du Musée départemental breton) et Valérie HUET MORINIERE (chargée du centre-ville, de la végétalisation et du patrimoine).

Association des Amis du Musée & de la Faïence de Quimper ©

Deux rendez-vous au Musée de la faïence pour « limiter la casse » (Le Télégramme).

Jérémy Varoquier
Jérémy Varoquier, assistant de Bernard Verlingue, se démène pour bien finir la saison qui s’achèvera le 26 septembre.

Jérémy Varoquier croise les doigts. Il reste une vingtaine de jours au Musée de la faïence pour limiter la casse cette saison. Deux événements devraient drainer les visiteurs sur le site mais la fréquentation ce début septembre est bien en deçà de l’habitude. « Nous avons fait – 80 % en mai, – 50 % en juin, juillet a été dans la moyenne et août juste un peu dessous. Septembre s’annonce très calme ». L’assistant du conservateur Bernard Verlingue, absent depuis l’été 2019 pour des raisons de santé, se démène pour tenir le musée avec une personne à temps partiel à l’accueil et l’appui de bénévoles. « C’est fatigant, nous n’avons aucun repère, dit-il. La billetterie représente un tiers de notre budget. Je pense que nous aurons un manque de 40 % cette année. Les deux autres tiers viennent de mécènes. Et nous ne savons pas non plus comment ils auront passé la crise sanitaire ».

Festival de la céramique ce week-end

Le musée doit fermer le 26 septembre pour six mois. Jérémy Varoquier compte donc sur le Festival de la céramique, dont il est partenaire ce week-end, pour attirer le public. « Nous serons ouverts samedi et dimanche, de 10 h à 18 h, explique-t-il. L’entrée sera gratuite pour tout achat sur le festival. Il y aura un stand des Amis du musée avec vente de catalogues, qui donnera aussi le droit à l’entrée gratuite au musée ». Comme l’an passé, un Prix du Musée de la faïence (500 €) sera décerné par un jury à une œuvre sculptée présentée au festival. Un autre prix sera décerné par le Musée breton pour une pièce utilitaire.

« Il y a une nouvelle génération qui peut être intéressée par ce travail de la terre, propre, historique, patrimonial et très créatif ».

Journées du patrimoine

Le deuxième rendez-vous du Musée est donné pour les Journées du patrimoine, les 19 et 20 septembre. Cette fois, l’entrée sera gratuite tout le week-end. « Nous voulons resensibiliser le public local à la faïence, dit Jérémy Varoquier. Il y a une nouvelle génération qui peut être intéressée par ce travail de la terre, propre, historique, patrimonial et très créatif ». Des visites guidées gratuites seront proposées sur réservation.

Le musée fermera quelques jours plus tard, avant une reprise en avril 2021 pour une saison pleine d’inconnues qui sera aussi celle du 30e anniversaire.

Publié le 4 septembre 2020 par Ronan Larvor – Le Télégramme ©

Locmaria. Une étape cruciale (Le Télégramme).

Locmaria 3D, histoire d’un quartier en renouveau (ville de Quimper).


Les images de la future place du Stivel à Locmaria ont été présentées ce vendredi lors d’une réunion publique en mairie. Les élus poursuivent la concertation avec les habitants sur les déplacements, le stationnement, dans ce quartier sensible en pleine mutation.

Projet Locmaria
Le parvis sera bétonné au débouché de la passerelle vers la cale où le Lougre de l’Odet sera amarré (Ville de Quimper).

Le long chantier de transformation de Locmaria en « pôle culturel et touristique à l’échelle de Cornouaille » arrive à une étape décisive : l’aménagement de la place du Stivel qui fait office de porte d’entrée dans le quartier. Elle a été présentée ce vendredi en fin de journée aux habitants. Cette fois les échéances se précisent.

Il faudra une dizaine d’années depuis le diagnostic effectué par la municipalité précédente en 2013, puis la réflexion engagée par l’équipe actuelle, pour que les derniers aménagements soient terminés vers 2023. Le challenge n’est pas évident car il s’agissait de toucher au « lieu d’émergence de la ville primitive », qui compte aussi l’église romane de Locmaria et son jardin médiéval et qui est aujourd’hui occupé par de nombreuses habitations (169 appartements et 73 maisons), des activités économiques et touristiques (faïencerie, biscuiterie, restaurant, commerces…), une zone naturelle avec ses vaches et une façade maritime sur l’Odet avec le port d’attache du Corentin. Le tout sur une surface restreinte et enclavée.

Projet Locmaria
Le parking aménagé entre la rue du Stivel et la nouvelle rue de la Faïence (Ville de Quimper).

« C’est pourquoi nous avons avancé dans une concertation permanente ces dernières années, souligne Guillaume Menguy, adjoint aux travaux. Et nous avons choisi de travailler dans le temps pour, d’une part, lisser le poids financier du programme et, d’autre part, le rendre acceptable par les habitants car chaque chantier est une source de dérangement ».

Après l’ouverture de la rue de la Faïence et la démolition de bâtiments (ce qui a permis l’ouverture d’une brasserie), l’élu a présenté les prochaines étapes pour un montant de 800 000 €.

Le calendrier des prochains mois

Le chantier d’aménagement de l’Esplanade Jules-Verlingue, nouveau parking d’une trentaine de places sur l’espace du bâtiment démoli devant la rue du Stivel va se poursuivre jusqu’à la mi-janvier. Le parking devrait être accessible pour la fin janvier.

Dans le même temps la cale de l’Odet sera aussi confortée. C’est à cet endroit que le Corentin devrait être installé à l’avenir lors de ces hivernages à Quimper. Il n’aura ainsi plus à faire ouvrir la passerelle pour passer en amont de celle-ci comme par le passé. Ce nouveau dispositif impliquera l’interdiction du stationnement sur ce secteur. De fin janvier à mi-mars 2020, un parvis béton sera d’ailleurs créé devant la maison Fouillen et la passerelle du Cap-Horn sur un espace élargi avec de nouveaux murets pour identifier cet espace.

Projet Locmaria
Le square et le parvis vus du ciel (Ville de Quimper).

Parallèlement, le square et les terrasses pavées devant les commerces Ty Mousse, le Restau à vins, seront aménagés. Ensuite jusqu’à la mi-avril c’est le parking et la chaussée restante de la place du Stivel qui seront repris.

Deux ultimes étapes

« Nous poursuivons la concertation avec les habitants sur les modalités de fonctionnement du quartier pendant les travaux et à terme sur la circulation, le stationnement des véhicules. Rien n’est acté », ajoute Guillaume Menguy.

Deux étapes suivront : l’aménagement de la place Bérardier devant l’église de Locmaria qui devrait avoir lieu en 2021-2022. « Il restera, pour terminer, à améliorer la qualité de la voirie dans le quartier résidentiel au-delà du Prieuré, rue du Commandant-Avril et du Chanoine Moreau. Ensuite, ce sera terminé ».

Rappelons enfin qu’un autre chantier va se dérouler à l’église de Locmaria, notamment sur la charpente dégradée par l’humidité et la mérule.

Une échéance arrive qui pourrait accélérer tous les travaux : en 2022, l’église devrait fêter les 1 000 ans de sa construction…

Publié le 9 novembre 2019 par Ronan Larvor – Le Télégramme ©