Xavier Krebs était à l’honneur dans sa ville natale, tout cet été. Redécouvrez l’exposition principale qui se déroule jusqu’au 9 octobre 2021, à la Chapelle des Ursulines. Elle présente les toiles et les sculptures de l’artiste.
Il est à noter qu’un catalogue a été édité par les éditions Locus Solus de Châteaulin (lien).
Lannion ouvre cet l’été ses portes aux œuvres de Xavier de Langlais sur un thème qui lui fut cher toute son existence durant : les femmes de Bretagne.
A Lannion en 1937, le peintre, graveur et écrivain Xavier de Langlais signait l’une de ses œuvres magistrales : le chemin de croix de la chapelle du collège Saint-Joseph.
84 ans plus tard, c’est à quelques pas de cet édifice conçu par l’architecte James Bouillé, du mouvement artistique Seiz Breur, qu’une exposition importante est dédiée à l’artiste. Il fut d’ailleurs lui-même membre de ce collectif dédié au renouveau de l’art breton du début 20e.
Chemin de croix de Trémel
En Bretagne, Xavier de Langlais, né en 1906 à Sarzeau, dans le Morbihan, a signé de nombreux chemins de croix, dont celui de Trémel. Détruit par le terrible incendie de 2016, la famille expose ici ces deux originaux préservés, issus de sa collection particulière.
Collections privées
120 œuvres de l’artiste sont aujourd’hui réunies à la chapelle des Ursulines sous la thématique chère à l’auteur : les femmes de Bretagne.
Gravures, huiles sur toiles, croquis, fusains… Toutes les palettes et l’attachement de l’artiste à sa région natale sont ici exposés, dont beaucoup pour la première fois en public, comme le confirme son fils Gaétan de Langlais :
« Les femmes de Bretagne, c’est un thème central dans l’œuvre de mon père, avec en filigrane, souvent, celui de la femme et l’enfant. Les plus belles créations étant au sein de collections privées, nous avons sollicités leurs propriétaires pour l’occasion. » Gaétan de Langlais
Vierge à l’enfant
Parmi ces heureux détenteurs, Thibault de Langlais, qui possède plusieurs toiles et gouaches :
« Vers 12-14 ans, j’allais voir mon grand-père dans son atelier. J’ai toujours aimé sa facture, ces couleurs riches, vives, et ces visages expressifs ».
Une œuvre toutefois provient du musée de Rennes : Vierge à l’enfant en tenue de Plougastel.
Tableaux de mission
Autres pièces magistrales de l’événement, les tableaux de mission ou taolennoù (tableau en breton) qui surplombent la salle, depuis l’entrée, et jusqu’alors exposés une seule fois, en 2007, au domaine de Trévarez (Finistère).
Xavier de Langlais fut le dernier à peindre ces œuvres de commande, destinées à l’enseignement de la religion, et qui connurent un grand succès jusqu’au milieu du 20e siècle.
« Le sujet me plaît indéfiniment. Ce n’est que peu à peu que j’ai compris ce qu’il était possible de tirer de ces grandes compositions symboliques. Lutte du bien et du mal, de la vie et de la mort… ».
Xavier de Langlais
Extrait du journal de l’artiste, 1936.
Le Roman du Roi Arthur
Autre statut reconnu chez l’homme, celui d’écrivain. Thibault de Langlais se souvient avoir dévoré, enfant, Le Roman du Roi Arthur (cycle arthurien en 5 volumes, aujourd’hui réédité chez Coop Breizh).
Parmi les nombreux ouvrages, romans, pièces de théâtre, dont ceux en breton signés Langleiz, qu’il illustrait lui-même souvent par la technique du bois gravé, il est un ouvrage de référence paru en 1957 et réédité en 2021 chez Flammarion : La Technique de la peinture à l’huile. Encore aujourd’hui, c’est bible des étudiants aux Beaux-Arts, où l’auteur a par ailleurs enseigné.
Prix Xavier de Langlais à Lannion
Et si tous les ans, en automne, au Salon du livre de Carhaix, un prix Xavier de Langlais récompense un ouvrage écrit en langue bretonne, le prix 2021 sera remis ici, aux Ursulines, le 18 septembre.
Jusqu’en octobre, cette rétrospective illustre tous les goûts, techniques et talents de l’auteur. Pour Tugdual de Langlais, frère de Gaétan, « Sa vie tout entière a été une perpétuelle recherche orientée vers la perfection et la beauté. […] Une sorte de quête du Graal vers le mieux… »
Figure du mouvement abstrait après-guerre, influencé par l’abstraction lyrique, l’art japonais, ses voyages en Inde, Xavier Krebs (1923-2013) suit un parcours original et méconnu. Né en Bretagne, il entame une carrière de peintre en 1950 à Pont-Aven, dans l’ancien atelier de Paul Gauguin. Il participe à des expositions collectives au Salon d’automne à Paris et travaille pour la faïencerie Keraluc à Quimper. Il aura successivement son atelier à Auvers-sur-Oise, puis en Touraine, pour enfin s’installer en 1977 dans le Tarn.
Aux côtés de Benrath, Degottex, Hantaï, Loubchansky… ses œuvres sont conservées et exposées dans de grandes collections muséales (Beaulieu-en-Rouergue, Lyon, Brest, Rennes, Montauban, Cahors), au Fonds national d’art contemporain, au musée d’Art moderne de la Ville de Paris.
Cet ouvrage retrace, au fil des amitiés et des admirations, les cheminements de Xavier Krebs – réels, contemplatifs, esthétiques -, et ses grandes périodes stylistiques imprégnées de philosophie orientale.
Catalogue de l’exposition de Quimperlé (Chapelle des Ursulines, Maison des Archers), sous la direction de Fanny Drugeon et Constance Boutet. Textes d’André Cariou, Françoise Terret-Daniel, Antoine Lucas, Cédric de Veigy, Françoise Livinec, Constance et Bruno Krebs. Livre broché avec rabats, 23 x 30 cm, 112 pages couleur + 100 œuvres reproduites – ISBN 978-2-36833-299-3 – Prix : 25 €
Intitulée « Cheminements », la rétrospective Xavier Krebs, initialement prévue en 2020, vient finalement d’ouvrir ses portes à Quimperlé, jusqu’au 10 octobre.
Annulée en 2020 puis reportée, la rétrospective Xavier Krebs a finalement ouvert ses portes ce samedi 29 mai. « Ce n’était pas une aventure évidente à mener, merci d’avoir tenu ». C’est avec ces mots que le maire de Quimperlé, Mickaël Quernez, s’est adressé au pôle Culture et Patrimoine de la Ville, à la commissaire de l’exposition Fanny Drugeon, mais aussi aux trois enfants Krebs, Constance, Benjamin et Bruno, qui se sont fortement impliqués dans la mise en œuvre de cette exposition.
Un lancement plus que bienvenu, après des mois de confinement. Presque un cheminement, comme le nom donné à ce parcours en trois temps : Labyrinthes, Échappées et Mémoires, déclinés chacun dans trois lieux, jusqu’au 10 octobre : la Chapelle des Ursulines, la médiathèque et la Maison des Archers.
Une quête de reconstruction
L’exposition invite le visiteur à explorer le cheminement de l’artiste à travers plusieurs espaces. On y découvre d’abord des œuvres figuratives, inspirées de paysages bretons, mais pas que. Xavier Krebs, né à Quimperlé en 1923, grandit au Poulguin, sur les bords de l’Aven. Puis, il s’engage dans l’armée en 1943 et repart presque aussitôt pour l’Indochine. Ses carnets de dessin se remplissent alors de paysages dégageant une certaine sérénité. Pour l’artiste pourtant, il n’en est rien. Il confiera avoir vécu « l’expérience de la mort ». Une expérience qui, à son retour en Bretagne, aura une forte influence sur sa peinture. « Il cherche à repartir de zéro, à se remettre du traumatisme de la guerre », raconte Fanny Drugeon. Il se reconstruit alors à la faïencerie quimpéroise Keraluc, où il explore l’abstraction sur ses céramiques, exposées à la Maison des Archers.
Des récurrences
Malgré cette évolution dans son œuvre, le travail de l’artiste est émaillé de récurrences. « Ce qui m’a frappée dans son travail, ce sont les cheminements qui impliquent des détours. Plusieurs chemins mènent au même endroit : le jardin secret que l’on a tous en soi, l’enfance », interprète Constance, la fille de Xavier Krebs. Plus que des détours, son frère Benjamin voit lui des retours en arrière. Et c’est là tout l’intérêt de l’œuvre de leur père. À travers ces récurrences, une forme noire, que l’on observe sur presque toutes les peintures, des rochers ou encore des couleurs, Xavier Krebs a mené une quête qui s’est finalement achevée en 2013, année de sa disparition. Son travail est alors plus apaisé, les couleurs plus vives.
Ce qui m’a frappée dans son travail, ce sont les cheminements qui impliquent des détours. Plusieurs chemins mènent au même endroit : le jardin secret que l’on a tous en soi, l’enfance.
Des influences multiples
Cet artiste autodidacte aimait croiser les époques, les styles et les influences. « C’était un passionné d’Histoire de l’art, de spiritualité, de nature, en plus d’être doté d’un grand sens de l’humour », décrit Fanny Drugeon. La littérature avait également une place importante dans sa vie. À la médiathèque, on retrouve les ouvrages qui l’ont inspiré et nourri, à l’instar de l’écrivain André Malraux.
De multiples influences qu’il aimait explorer au cœur de son atelier du Tarn, reproduit en partie à la Chapelle des Ursulines. Là, le visiteur peut, comme l’artiste, observer les œuvres dans leur ensemble, « prendre le temps du regard ».
Pratique
Exposition visible jusqu’au 10 octobre. Chapelle des Ursulines et Maison des Archers, de 13 h à 18 h, du 1er juillet au 31 août, de 11 h à 19 h. Fermeture le lundi. À la médiathèque, aux horaires d’ouverture. Tarifs : Pass’unique Maison des Archers – Chapelle des Ursulines : 5 € (plein tarif) ; 3 € (tarif réduit). Gratuit pour les moins de 25 ans et le vendredi. Médiathèque : entrée libre.