Une grande exposition de Xavier de Langlais tout l’été (Le Trégor).

Lannion ouvre cet l’été ses portes aux œuvres de Xavier de Langlais sur un thème qui lui fut cher toute son existence durant : les femmes de Bretagne.

Peinture de Xavier de Langlais
Femme en coiffe du Trégor, huile sur toile, (1947, collection privée), choisie pour être l’affiche de l’exposition Femmes de Bretagne, à la chapelle des Ursulines à Lannion.

A Lannion en 1937, le peintre, graveur et écrivain Xavier de Langlais signait l’une de ses œuvres magistrales : le chemin de croix de la chapelle du collège Saint-Joseph.

84 ans plus tard, c’est à quelques pas de cet édifice conçu par l’architecte James Bouillé, du mouvement artistique Seiz Breur, qu’une exposition importante est dédiée à l’artiste. Il fut d’ailleurs lui-même membre de ce collectif dédié au renouveau de l’art breton du début 20e.

Chemin de croix de Trémel

En Bretagne, Xavier de Langlais, né en 1906 à Sarzeau, dans le Morbihan, a signé de nombreux chemins de croix, dont celui de Trémel. Détruit par le terrible incendie de 2016, la famille expose ici ces deux originaux préservés, issus de sa collection particulière.

Anne de Bretagne - Xavier de Langlais
Anna Vreizh (Anne de Bretagne – 1930), tableau acquis récemment en salle des ventes et longtemps recherché par la famille.

Collections privées

120 œuvres de l’artiste sont aujourd’hui réunies à la chapelle des Ursulines sous la thématique chère à l’auteur : les femmes de Bretagne.

Gravures, huiles sur toiles, croquis, fusains… Toutes les palettes et l’attachement de l’artiste à sa région natale sont ici exposés, dont beaucoup pour la première fois en public, comme le confirme son fils Gaétan de Langlais :

« Les femmes de Bretagne, c’est un thème central dans l’œuvre de mon père, avec en filigrane, souvent, celui de la femme et l’enfant. Les plus belles créations étant au sein de collections privées, nous avons sollicités leurs propriétaires pour l’occasion. »
Gaétan de Langlais

Famille De Langlais à Lannion
Présents au vernissage de l’exposition Xavier de Langlais aux Ursulines à Lannion, les descendants de l’artiste : Katell de Marion et Gwendal de Collart, les petits-enfants, Gaétan et Tugdual de Langlais, les fils.

Vierge à l’enfant

Parmi ces heureux détenteurs, Thibault de Langlais, qui possède plusieurs toiles et gouaches :

« Vers 12-14 ans, j’allais voir mon grand-père dans son atelier. J’ai toujours aimé sa facture, ces couleurs riches, vives, et ces visages expressifs ».

Une œuvre toutefois provient du musée de Rennes : Vierge à l’enfant en tenue de Plougastel.

Les tableaux de mission
Autres pièces magistrales de l’exposition dédiée à Xavier de Langlais, les tableaux de mission ou taolennoù (tableau en breton) qui surplombent la salle, depuis l’entrée

Tableaux de mission

Autres pièces magistrales de l’événement, les tableaux de mission ou taolennoù (tableau en breton) qui surplombent la salle, depuis l’entrée, et jusqu’alors exposés une seule fois, en 2007, au domaine de Trévarez (Finistère).

Xavier de Langlais fut le dernier à peindre ces œuvres de commande, destinées à l’enseignement de la religion, et qui connurent un grand succès jusqu’au milieu du 20e siècle.

« Le sujet me plaît indéfiniment. Ce n’est que peu à peu que j’ai compris ce qu’il était possible de tirer de ces grandes compositions symboliques. Lutte du bien et du mal, de la vie et de la mort… ».

Xavier de Langlais

Extrait du journal de l’artiste, 1936.

Le Roman du Roi Arthur

Autre statut reconnu chez l’homme, celui d’écrivain. Thibault de Langlais se souvient avoir dévoré, enfant, Le Roman du Roi Arthur (cycle arthurien en 5 volumes, aujourd’hui réédité chez Coop Breizh).

Parmi les nombreux ouvrages, romans, pièces de théâtre, dont ceux en breton signés Langleiz, qu’il illustrait lui-même souvent par la technique du bois gravé, il est un ouvrage de référence paru en 1957 et réédité en 2021 chez Flammarion : La Technique de la peinture à l’huile. Encore aujourd’hui, c’est bible des étudiants aux Beaux-Arts, où l’auteur a par ailleurs enseigné.

Prix Xavier de Langlais à Lannion

Et si tous les ans, en automne, au Salon du livre de Carhaix, un prix Xavier de Langlais récompense un ouvrage écrit en langue bretonne, le prix 2021 sera remis ici, aux Ursulines, le 18 septembre.

Jusqu’en octobre, cette rétrospective illustre tous les goûts, techniques et talents de l’auteur. Pour Tugdual de Langlais, frère de Gaétan, « Sa vie tout entière a été une perpétuelle recherche orientée vers la perfection et la beauté. […] Une sorte de quête du Graal vers le mieux… »

Juillet – août : 7j/7, 10 h 30 à 12 h 30 et 14 h 30 à 18 h 30. Sept-octobre : du mardi au samedi 14 h – 18 h et jeudis et samedis de 10 h à 12 h 30. Entrée libre. Plus d’infos sur www.lannion.bzh/vie-culturelle/chapelle-des-ursulines, et pour l’auteur sur www.delanglais.fr et www.xavierdelanglais.bzh ; catalogue de l’exposition en vente sur place (10 €).

Publié le 11 Juillet 2021 par DK – Le Trégor ©

Hommage à l’artiste breton Xavier de Langlais cet été (Le Trégor).

Le grand artiste breton Xavier de Langlais sera à l’honneur lors d’une grande rétrospective prévue à Lannion du 3 juillet au 9 octobre.

Xavier de Langlais peinture
Des femmes de Xavier de Langlais à son œuvre religieuse, des facettes de son œuvre à découvrir prochainement à Lannion.

La chapelle des Ursulines, à Lannion, va accueillir une rétrospective du grand artiste breton Xavier de Langlais, qui a notamment signé à Lannion la décoration de la chapelle du collège Saint-Joseph. Du 3 juillet au 9 octobre, l’occasion de découvrir d’autres facettes de son œuvre.

Chapelle du collège Saint-Joseph
Xavier de Langlais a notamment signé à Lannion la décoration de la chapelle du collège Saint-Joseph.

Peintre, graveur mais aussi écrivain, ce grand artiste breton a beaucoup travaillé dans les Côtes-d’Armor et laissé son empreinte à Lannion.

Pour lui rendre hommage, pas moins de 60 m linéaires vont éclairer différentes facettes de son expression. Une rare occasion de découvrir et admirer des œuvres rassemblées avec le concours de ses descendants, dont sa petite-fille Katell, qui réside à Lannion.

Femmes de Bretagne

Huiles sur toile, esquisses à la gouache ou au fusain, croquis à la mine de plomb, gravures sur linoléum, lithos : « Langleiz » – comme il signait dans sa forme bretonnante – a magnifié les Bretonnes en coiffe de Ouessant, de Sein, du pays vannetais ou encore de Guingamp (à l’affiche de cette exposition).

Xavier de Langlais peinture
Xavier de Langlais a signé des portraits de femmes à l’enfant.

Maternités

Femmes toujours avec une série de portraits de femmes à l’enfant. « Là aussi les techniques sont variées et permettent de voir les étapes de travail de l’artiste avant la réalisation de l’huile sur toile qui est le travail le plus abouti ».

Seiz Breur

Aux côtés de Jeanne Malivel, de René-Yves Creston ou encore des Trégorrois James Bouillé et Joseph Savina, Xavier de Langlais fut un des hérauts des Seiz Breur (les Sept frères), mouvement qui illustra à compter de 1927 un véritable renouveau artistique breton. Dans le courant de l’art nouveau, une dynamique de recherche d’un nouvel art breton et d’expression celtique. En témoignent ses gravures et son investissement dans la défense de la langue bretonne.

Timbre langue bretonne
L’artiste s’est investi dans la défense de la langue bretonne.

Œuvres religieuses en Côtes-d’Armor

C’est une étape incontournable lors de Journées du patrimoine, mais aussi l’écrin des concerts de la Manécanterie des Petits chanteurs de Lannion : la chapelle du collège Saint-Joseph de Lannion (1936) reflète au même titre que ses décors briochins l’élévation et la dimension monumentale de son œuvre religieuse.

Peinture Chapelle du collège Saint-Joseph à Lannion
Chapelle du collège Saint-Joseph à Lannion. L’œuvre religieuse de Xavier de Langlais est remarquable.

Au sein des Seiz Breur et de l’Atelier breton d’art chrétien, la collaboration étroite de Xavier de Langlais avec l’architecte de la chapelle Saint-Joseph, James Bouillé, nous a laissé un chemin de croix qui en fait tout le tour et la décoration impressionnante du choeur (9 mètres de haut). Dans le Trégor, il a aussi signé le chemin de croix de Trémel.

Pour en savoir plus : http://www.delanglais.fr et www.xavierdelanglais.bzh

Publié le 16 Mai 2021 – Le Trégor ©

Les modèles réduits du monument aux morts très recherchés (Le Trégor).

Le monument aux morts de Tréguier attire l’œil des passants. Cette veuve éplorée, œuvre de Francis Renaud, a été reproduite à de rares exemplaires.

Francis Renaud - La Douleur.
À Tréguier, on l’appelle « La Douleur » ou « La Pleureuse ». Ce monument aux morts ne laisse pas indifférent.

En juillet, une vente aux enchères à Brest a attiré le regard de Marie Stephan, galeriste à Perros-Guirec et amatrice des sculptures bretonnes du XIXe siècle. Un marbre de type Turquin de 45 cm de haut, représentant La Douleur, le monument aux morts de Tréguier. « Celle-ci avait un détail troublant, elle n’était pas signée. » Et la spécialiste sait qu’avec les sculptures de Francis Renaud, il faut être vigilant.

Le modèle de la veuve

Le monument aux morts de Tréguier a été érigé en 1922. Une œuvre de Francis Renaud qui représente une veuve éplorée dans sa mante.

Une sculpture qui ne manque pas d’attirer l’œil des passants et touristes dans la commune. « Il faut dire qu’elle est belle, parce qu’universelle », souligne Marie Stephan.

« Elle touche tout le monde. Cette sculpture, c’est le chagrin de toutes les femmes. »

Dans toutes les régions de France, des municipalités se sont intéressées à la veuve comme modèle de ces monuments « pacifistes ». « Elles sont, en général, très touchantes, très humaines. » Cette sculpture de Francis Renaud en fait un objet passionnant.

Reproduit à Quimper

« Des artistes faisaient éditer leurs sculptures par les manufactures de Quimper. » C’est le cas de Francis Renaud, qui s’était adressé à Henriot pour une tête de Bretonne. « Quand il a récupéré le modèle, il a été particulièrement déçu mais a quand même présenté l’œuvre à l’exposition des Arts décoratifs de 1925. »

De rares exemplaires

Quelques années plus tard, Francis Renaud s’adresse à HB pour l’édition de sa Pleureuse. Le monument aux morts de Tréguier a eu un fort retentissement. « Mais il pose de nombreuses conditions. » La première étant qu’il ne soit réalisé que 40 exemplaires.

« Après leur fabrication, il exige que le moule soit détruit devant huissier. »

Ensuite, le sculpteur doit revoir tout ce qui est édité et signer chaque exemplaire. « Il va même jusqu’à imposer la commercialisation dans une seule galerie par département breton et dans des galeries d’art à Paris. » Un artiste consciencieux et perfectionniste. « Une telle application montre la fierté de l’artiste à voir circuler son travail. »

Une démarche qui en fait un objet rare. Que Marie Stephan a eu la chance d’avoir dans sa galerie. Un plâtre d’atelier et un exemplaire en terre cuite.

La Bretagne comme inspiration

Francis Renaud est de cette génération de sculpteurs bretons qui ont trouvé l’inspiration dans leur région. « À l’inverse, à la fin du XIXe siècle, ce sont des gens de l’extérieur qui peignent la Bretagne. »

Les sculpteurs bretons, eux, sculptent leur territoire. Comme Foucault ou Quillivic. « Mais, contrairement aux autres sculpteurs, Francis Renaud est un passionné de statuaire grecque. Il a beaucoup cherché à atteindre cette beauté. » L’exemple, c’est la frileuse du théâtre du palais de Chaillot à Paris.

« Renaud et un des rares à avoir trouvé l’inspiration au-delà de la Bretagne. »

Il y a aujourd’hui un réel intérêt du public pour ce type d’œuvres.

« Il y a 20 ans, ça n’intéressait personne. Je pouvais en avoir 5 ou 10 en vitrine pendant un moment. Aujourd’hui, j’en ai une ou deux par an de ces artistes. »

Sans doute le travail de sensibilisation dans les galeries a t-il fait son œuvre. Quant au prix, cela dépend du matériau, de la patine, de l’état de conservation. L’objet étant rare, il est relativement cher.

Publié le 30 Août 2020 par Bertrand Dumarché – Le Trégor ©