Conférence « Seiz Breur » par Pascal Aumasson.

Conférence « Seiz Breur » par Pascal Aumasson.

Conférence du 8 février 2019 à la Maison Saint-Yves (Saint-Brieuc).

Pascal Aumasson est conservateur et historien d’art. L’auteur, qui avait co-signé l’épais volume Ar Seiz Breur en 2000 (éd. Terre de Brume, puis réimp. éd. Palantines, 2007), choisit de renouveler en profondeur notre regard sur le mouvement. Car ce courant fut résolument moderniste, tourné vers les arts décoratifs, redécouvert ici grâce à des pièces en grande part inédites, issues de collections privées et de musées.

Le mouvement Seiz Breur a fasciné bien au-delà de la période où il a été actif dans les arts en Bretagne. Ses membres ne sont pourtant d’aucune école et leurs styles reflètent leur diversité. Pascal Aumasson porte sur eux un regard neuf élargi aux enjeux de l’art moderne.

Pascal Aumasson est conservateur et historien d’art. Il a contribué à de nombreux livres d’art dont Seiz breur. Pour un art moderne en Bretagne paru aux éditions Locus Solus en décembre 2017 (lien).

Musée de Bretagne © 2018

« Ar Seiz Breur » : l’expo dans l’Expo (le Télégramme).

Georges Robin & Robert Micheau-Vernez.
Pauline Bisiaux (à gauche) et Katell Archambaud préparent actuellement le nouvel accrochage du musée.

Ambiance de ruche en janvier, au Quatro, bien que le musée soit fermé au public : en effet, Katell Archambaud et Pauline Bisiaux, les médiatrices culturelles, sont à pied d’œuvre pour y installer le nouvel accrochage.
Chaque année, le Carton Voyageur se renouvelle pour montrer aux visiteurs un autre aspect de ses collections, riches de plus de 130 000 cartes postales. Pendant trois semaines, l’équipe s’est attelée à les changer, tout comme les croquis et objets exposés sur le parcours permanent. Cela donne lieu à plusieurs déplacements au musée départemental breton à Quimper, à celui de la faïence, au musée bigouden à Pont-l’Abbé et à celui de Bretagne à Rennes.

Réouverture le 2 février

Tout sera prêt pour le 2 février à l’occasion de la réouverture et les visiteurs pourront découvrir qu’en 2019, le musée fait la part belle aux Seiz Breur (Les sept frères), un mouvement de création bretonne né en 1923, lors du retour dans sa région d’origine de l’artiste Jeanne Malivel, professeur à l’école des Beaux-Arts de Rennes.

Publié le 21 janvier 2019 – Le Télégramme ©

Informations pratiques :
Le Carton voyageur – Musée de la carte postale
Le Quatro
3 avenue Jean Moulin
56150 Baud
https://www.lecartonvoyageur.fr


Quand les brodeurs inspiraient les faïenciers

3 danseurs Bigouden de l’artiste Robert Micheau-Vernez.

Une des particularités des costumes de Bretagne est la richesse des couleurs des broderies ou des motifs traditionnels qui les ornent. Les faïenciers quimpérois ne sont pas restés insensibles à ce phénomène et ont largement puisé dans ce fonds quasi inépuisable pour décorer leurs pièces. Il s’agit là d’une démarche, certes d’esthétisme pur, mais également une volonté active de retrouver d’authentiques racines bretonnes, s’inscrivant ainsi dans la revivification d’un art décoratif moderne, cher aux Seiz Breur.

La période de l’entre-deux-guerres voit, dans les campagnes, la désaffection du costume traditionnel mais, parallèlement, de nombreux contemporains s’intéressent à cette culture et tentent de la valoriser. L’Union Régionaliste Bretonne luttera pour un maintien, très conservateur, des modes locales. Plus tard, René-Yves Creston portera un regard ethnographique sur ce costume, suivi dans ce domaine par d’autres artistes comme Robert Micheau-Vernez.

Quand les brodeurs inspiraient les faïenciers
Quand les brodeurs inspiraient les faïenciers.

Dès 1918, la manufacture HB crée le décor «broderie», technique nouvelle qui permet de retrouver la notion de relief, mettant en avant la richesse du travail des brodeurs. L’atelier de Pierre Poquet en est l’illustration. Les chefs d’atelier ayant un droit de création, naîtront ainsi de nombreux décors, particulièrement variés, reprenant principalement les motifs bigoudens mais aussi les éléments floraux du costume de Fouesnant. Jean Caër restera plus traditionnel dans le traitement de ses compositions, osant toutefois des emplois de couleurs audacieux.

Devant une telle débauche d’ingéniosité, nous allons tenter de faire un tour de Bretagne du costume à travers la faïence.


Musée de la Faïence de Quimper ©Bernard Jules Verlingue


Le film de l’exposition « Quand les brodeurs inspiraient les faïenciers ».

Hêrezh ar Seiz breur (Bali Breizh – France 3 Bretagne).

Découvrez qui sont les héritiers du mouvement artistique des Seiz Breur, dans le documentaire “Hêrezh ar Seiz breur” réalisé par Anne Gouerou (Bali Breizh – France 3 Bretagne 2018).

Jeanne Malivel, une artiste dans la Grande Guerre (Ouest-France).

L’exposition « Vie de tranchée » a débuté lundi 5 novembre, à la mairie de Loudéac. Parmi les œuvres et objets de la Première Guerre mondiale exposés, des portraits de blessés, croqués par l’artiste loudéacienne Jeanne Malivel.

Jeanne Malivel

La couverture du recueil publié par les Amis de Jeanne Malivel, en vente lors l’exposition au tarif de 20 €.

En 1914, Jeanne Malivel (1895-1926) a 19 ans. Elle se porte volontaire pour devenir infirmière à l’hôpital auxiliaire « ouvert à Loudéac (Côtes-d’Armor), à l’école Sainte-Anne, dans l’atmosphère d’union sacrée de l’époque. C’est là qu’elle croque un certain nombre de blessés hospitalisés, de toutes les origines », explique Gwen Lecoin, présidente de l’association Les Amis de Jeanne Malivel et nièce de l’artiste.

Infirmière volontaire à Loudéac

Dans le cadre de l’exposition ouverte lundi 5 novembre 2018, à l’occasion du centenaire de l’Armistice, la municipalité a extrait quelques planches significatives d’un recueil édité par l’association.

« Il fallait du caractère et du dévouement pour être infirmière dans un hôpital de guerre, témoin de blessures abominables, auprès d’hommes gazés », analyse Daniel Le Couédic, professeur émérite à l’Institut de géoarchitecture de l’Université de Bretagne occidentale (UBO), à Brest.

« On voit apparaître, dans cette série de croquis et de bois gravés, à la fois son tempérament de jeune femme et son tempérament d’artiste, poursuit le spécialiste. Elle pense que, mieux que la photographie, mieux que le récit, la gravure va pouvoir exprimer le drame. Une conviction venue d’Europe centrale et partagée par de nombreux artistes. »

Gravures de Jeanne Malivel

Un croquis de Jeanne Malivel, l’une des œuvres exposées depuis le 5 novembre à la mairie de Loudéac.

Manifeste pour une Bretagne moderne

Vaisselle, mobilier, papiers peints… Jeanne Malivel et le mouvement Seiz Breur explorent de nouvelles formes dans le domaine des Arts décos et nourrissent le projet d’un « pavillon breton » pour l’Exposition internationale des arts décoratifs de 1925. Ils manifestent leur désir d’un ensemble harmonieux dans toutes les branches, qui soit « breton, moderne, populaire ».

« Au lendemain de la guerre de 1914, on ne donnait pas cher de la Bretagne, vous le voyez dans les vieilles cartes de géographie des salles de classe de l’époque : landes, blé noir, papier à cigarettes, observe Daniel Le Couédic. C’était un pays misérable et appelé à le demeurer. La Bretagne s’est véritablement réinventée en vingt ans, dans l’entre-deux-guerres. Et elle le doit à ses artistes et ses intellectuels. »

Discrédit jusqu’aux années 1970

Décédée à 31 ans, après une carrière fulgurante, l’artiste loudéacienne n’a pas bénéficié de la reconnaissance due. Pourquoi ?

« D’abord parce que tout ce qui avait été dans la mouvance d’une renaissance bretonne de l’entre-deux-guerres a fait l’objet d’un discrédit jusqu’à la redécouverte des années 1970. C’est une absurdité en ce qui concerne Jeanne Malivel, note le professeur, en référence à la collaboration avec les nazis d’une frange militante bretonne de l’époque. Comment peut-on faire porter à quelqu’un qui meurt dans les années 1920 les péchés commis dans les années 1940 ? »

À l’honneur à Quimper et à Paris

D’autres raisons président à cela : des œuvres très peu diffusées, ou d’autres artistes, comme le Seiz Breur René-Yves Creston, qui ont davantage pris la lumière. Enfin, Jeanne Malivel s’était quelque peu « retirée du mouvement qu’elle avait elle-même créé, dans les dernières années de sa vie, après son mariage », poursuit Daniel Le Couédic.

Aujourd’hui, son œuvre revient sur le devant de la scène. Une grande exposition itinérante (elle a tourné dans tous les départements bretons) consacrée aux Seiz Breur, en 2000, a fait basculer la tendance. Jeanne Malivel était à l’honneur à Quimper, récemment, d’abord au Musée de la faïence, cet été, puis, plus récemment, au musée départemental breton.

Un colloque et une exposition sont également programmés pour 2022, à la bibliothèque Forney, à Paris.

Publié le 06/11/2018 par Marion GONIDEC – Ouest-France ©