L’exposition Keraluc au musée de la Faïence à Quimper Présentée par Christophe Pluchon Magazine lundi 13 juillet à 11h30 – Durée émission : 27 min.
Jérémy Varoquier présente l’exposition 2020, « Keraluc, une faïencerie au service des artistes ».
Le musée de la Faïence, situé dans le quartier de Locmaria à Quimper présente une exposition sur la faïencerie Keraluc, aujourd’hui disparue. De belles pièces sont à découvrir. Jérémy Varoquier nous fait la visite au micro de Christophe Pluchon.
Président de la faïencerie nommée « Henriot-Quimper depuis 1960 », Jean-Pierre Le Goff entend que cet art soit reconnu comme il se doit. Pour cela, il vise la date de 2023 : la faïence de Quimper fêtera alors ses 333 ans, soit un tiers de millénaire !
Jean-Pierre Le Goff, président de la faïencerie « Henriot-Quimper depuis 1690 », au milieu des réserves de l’entreprise.
1690-2023, soit 333 ans tout pile ou un tiers de millénaire. Ça en fait des bougies à souffler !
À Quimper (Finistère), le quartier de Locmaria est le berceau de l’art de la faïence. Et cet art reste bien vivant : aujourd’hui, l’entreprise nommée « Henriot-Quimper depuis 1960 » emploie treize salariés. Dont six peinteuses qui reproduisent « à la touche », c’est-à-dire à main levée, des motifs traditionnels, mais aussi des décors nouvellement créés. Des artistes, accueillis en résidence, collaborent également régulièrement avec la faïencerie, comme cela se faisait déjà les siècles passés.
Pour Jean-Pierre Le Goff, cette date anniversaire doit tout simplement être « l’occasion d’une grande fête ». Des idées pour célébrer ce moment, il n’en manque pas. Et il espère aussi que l’événement fédérera largement en Bretagne.
Le musée de la faïence, à Quimper, consacre son exposition temporaire à la faïencerie Keraluc, créée en 1946 par Victor Lucas. De nombreuses pièces inédites sont présentées.
Jérémy Varoquier, assistant principal du musée de la faïence, devant des œuvres de René Quéré.
À Quimper, le musée de la faïence a pu rouvrir avec le déconfinement. Il consacre actuellement une exposition à la faïencerie Keraluc.
Victor Lucas en avait longtemps rêvé. En 1946, il a pu enfin créer sa propre manufacture de faïence, Keraluc, sur la colline du Frugy, proche de Locmaria, quartier des faïenciers de Quimper.
Ingénieur céramiste, artiste, enseignant, Victor Lucas a travaillé 17 ans pour la manufacture Henriot puis 4 ans à la faïencerie de la maison HB. Il a participé, à la Libération, à la reconstruction de l’industrie céramique. Mais avec toujours le projet de créer sa propre entreprise.
Il a cherché à se démarquer des autres manufactures et a délaissé l’édition de pièces pour offrir aux artistes collaborant avec Keraluc, la possibilité de créer eux-mêmes les œuvres qu’ils imaginaient. Il leur a ouvert son atelier et leur a apporté les conseils techniques et artistiques nécessaires à la réalisation de leurs pièces.
En soutien aux artistes novateurs
Désireux de soutenir ces artistes novateurs, il assurait la commercialisation de leurs productions. Une aubaine pour ces artistes qui n’avaient qu’à penser à leur travail de création. Victor Lucas a veillé sur ces artistes, les conseillant, les encourageant dans leurs créations, leur permettant d’évoluer, de se renouveler sans cesse.
L’exposition présentée au musée de la faïence met en valeur la première génération d’artistes de Keraluc.
Jérémy Varoquier, assistant principal du musée, précise :
« Les pièces que ces artistes ont réalisées font date dans l’histoire de la faïence de Quimper. Yvain, Xavier Krebs, Pierre Toulhoat, Jos Le Corre, André L’Helguen et René Quéré ont trouvé chez Keraluc un moyen d’expression qu’ils ont su transcender et transposer à leur image en toute liberté ».
De nombreuses pièces uniques, jamais montrées, sont exposées. Comme cette série réalisée par Victor Lucas, La descente de l’Odet. Onze bas-reliefs polychromes en faïence chamottée. Une bande dessinée de cases modelées de 40 x 40 cm qui raconte l’histoire de la rivière Odet, de sa source à Saint-Goazec jusqu’à la plage de Bénodet.
Deux des onze carreaux de La descente de l’Odet signée Victor Lucas.
Le travail de Xavier Krebs
Une part importante de l’exposition du musée est consacrée au peintre Xavier Krebs. Ses premières pièces sont plutôt graphiques. « Il suit une thématique suggérant des éléments figuratifs issus d’un environnement maritime qui lui est familier ».
Ses œuvres deviennent au fil du temps techniquement de plus en plus élaborées et maîtrisées, exploitant les nombreux aspects offerts par la céramique. Son travail s’est très vite tourné vers l’abstraction. Xavier Krebs est reconnu comme un céramiste important du mouvement abstrait de l’après-guerre.
Xavier Krebs s’est vite tourné vers l’abstraction.
Infos pratiques : Jusqu’au 26 septembre 2020 au musée de la faïence de Quimper, 14 rue Jean-Baptiste-Bousquet. Tél. 02 98 90 12 72. Ouvert du lundi au samedi de 10 h à 18 h. Entrée : 5 euros. Visite guidée le samedi à 15 h 30 pour 6 personnes maximum. Se renseigner auprès du musée. Plusieurs visites peuvent être organisées.
Considéré comme « petit musée », le Musée de la faïence a pu rouvrir ses portes, lundi, à Quimper. Avec une exposition temporaire consacrée à la faïencerie Keraluc.
Jérémy Varoquier, devant des œuvres de Xavier Krebs.
Qu’est-ce qu’un petit musée ? Aucun critère précis n’est vraiment défini. « On imagine un musée de dimension locale, ne dépassant par une certaine fréquentation, avec une équipe réduite et des dimensions adaptées aux mesures sanitaires », lance Jérémy Varoquier, assistant principal du Musée de la faïence. Quand le Premier ministre a annoncé le 28 avril que les « petits musées » pourraient rouvrir dès le 11 mai, l’établissement de Locmaria a jugé le pari jouable. « Tout était prêt, il fallait mettre en place des mesures que le préfet a validées jeudi dernier », indique Jérémy Varoquier qui, pendant le confinement, espérait plutôt un redémarrage en juin.
Masque obligatoire, parcours en sens unique pour éviter tout croisement, jauge maximale de 60 personnes, respect des distances et gel à l’entrée : le musée a pu sans mal mettre en place les conditions d’une réouverture. « On se doutait qu’il n’y aurait pas grand monde dans un premier temps, mais après des semaines consacrées à la gestion courante et aux annulations de groupes, il fallait que ça reparte », explique l’assistant principal.
Peu de visibilité, donc, sur la saison qui débute et doit durer jusqu’à la fin septembre. Elle pourrait se prolonger, si les réservations s’annoncent pour l’automne. Tous ces visiteurs sont jusqu’à nouvel ordre privés de la visite des ateliers de la faïencerie Henriot, pour une protection bien compréhensible des salariés.
Keraluc et ses artistes libres
Ce qu’ils pourront découvrir, en revanche, c’est la nouvelle exposition temporaire, « Keraluc, une faïencerie au service des artistes ». Créée en 1946 sur la montée du Frugy par l’ingénieur céramiste Victor Lucas, et active jusqu’en 1983, Keraluc se démarquait par la liberté totale laissée aux artistes. L’expo permet, à travers des pièces uniques et souvent inédites, de se plonger dans les créations d’Yvain, Jos Le Corre, André L’Helguen, René Quéré, Pierre Toulhoat et Xavier Krebs. De ce dernier, on voit le passage du figuratif à l’abstraction sur les céramiques, lui qui deviendra l’un des plus grands peintres abstraits de l’après-guerre. Une pièce est dédiée au travail de Victor Lucas lui-même, dont un échiquier géant jamais exposé depuis… 1949. « Les collections privées sont mises en avant dans cette exposition, qui réveillera les souvenirs de ce qui ont connu le style Keraluc », promet Jérémy Varoquier.
Pratique : Ouvert du lundi au samedi de 10 h à 18 h sans interruption. Visite adulte : 5 €. Tél. : 02 98 90 12 72.