C’était l’un des grands coloristes de la seconde moitié du XXe siècle : une exposition est consacrée à Robert Micheau-Vernez, jusqu’au 13 août, à la salle des fêtes de Douarnenez.
« Cela fera date : Douarnenez sera la toute première ville du Finistère à proposer une grande exposition sur mon père, pourtant né à Brest ». Fils de Robert Micheau-Vernez (Brest, 1907-Le Croisic, 1989), Mikaël Micheau-Vernez ne boude pas son plaisir de présenter, cet été, dans la salle des fêtes, une rétrospective de son œuvre conséquente. Quarante-cinq toiles de la période 1960-1980, des dessins et illustrations, des affiches et reproduction de vitraux qu’il a réalisés, des faïences et des bronzes et même des icônes orthodoxes, le sacré ayant une place spéciale dans son travail.
Robert Micheau-Vernez fut diplômé des Beaux-Arts de Brest et de Nantes avant de suivre, aux Beaux-Arts de Paris, les cours du peintre Lucien Simon et, en parallèle, ceux des Ateliers d’arts sacrés de Maurice Denis. Celui qui fut professeur de dessin en lycée à Bastia, Brest, Grasse, Pont-l’Abbé et Quimper n’a cessé ensuite de consacrer tout son temps libre à son œuvre. Celle-ci restera longtemps dans l’ombre.
« Il me redisait souvent qu’il ne serait jamais connu de son vivant, c’était quelqu’un de libre, loin des groupes et des chapelles qui auraient pu faire sa notoriété », lance Mikaël, qui voit en son père, en s’appuyant sur l’avis de plusieurs critiques et galeristes de renom, « l’un des plus grands coloristes de la seconde moitié du XXe siècle ».
L’affaire du Jésus à la cornemuse
Pour pallier ce manque de reconnaissance et protéger les œuvres de son père, il a créé une association en 2004. À Douarnenez, les peintures offrent un voyage entre la Bretagne, la Provence, Venise ou Jérusalem. « Ces toiles sont plus travaillées qu’au début de son parcours, petit à petit il est allé vers l’abstrait tout en gardant un sujet : il faut parfois reculer pour bien percevoir celui-ci », conseille Mikaël Micheau-Vernez.
Plusieurs pièces uniques de faïences valent le détour, dont cette Vierge à l’enfant qui fit grand bruit à la fin des années 50 : le petit Jésus y joue de la cornemuse ! « Cela valut à la faïencerie Henriot un coup de téléphone de l’évêque, choqué de voir Jésus sous les traits d’un celte », raconte encore son fils. Au final, quatre pièces sortiront seulement, des raretés. Le travail d’affichiste comme celui d’illustrateur est aussi remarquable.
L’exposition est à découvrir jusqu’au 13 août, gratuitement, avec l’opportunité les mardis et jeudi d’une rencontre forcément passionnante avec Mikaël Micheau-Vernez.
Pratique :
Salle des fêtes rue Eugène-Kerivel, à Douarnenez. Exposition ouverte du lundi au samedi, de 10 h 30 à 12 h 30 et de 14 h 30 à 18 h 30. Entrée libre.
Publié le 30 juin 2022 – Le Télégramme ©