Exposition – Quimper et les « Provinces » françaises.

Une production atypique : Quimper et les « Provinces » françaises
Durant l’entre-deux-guerres, et encore plus nettement dans les années 1930, les manufactures de céramique quimpéroises, fortes de leur savoir-faire, souhaitent profiter de potentielles ventes dans les autres régions françaises.

Assiette Pays Basque.Au-delà du « petit Breton », dont le succès et la popularité ne sont plus à démontrer, elles tentent alors d’exporter la céramique de Quimper… dans les diverses « provinces » françaises.
Des collaborateurs « maison » créent certains modèles, des artistes extérieurs à la Bretagne proposent également leurs services ou sont sollicités.
Peu ou prou, l’ensemble des régions françaises disposant de particularismes significatifs est couvert.
De la Normandie, voisine, à l’Alsace, en passant par les Pyrénées ou la Camargue, chaque lieu reçoit son lot de faïences, faites à Quimper, mais représentant la typicité de chaque région.
D’une façon générale, afin de ne pas porter la moindre référence faisant écho à la Bretagne, ces faïences utilisent des marques ou des contre-marques, évoquant un lieu de vente, voire le nom d’un revendeur.

Plat à cake.L’amateur sera ainsi troublé de voir des céramiques portant des signatures telles que VB (pour Verlingue-Bolloré, c’est-à-dire la manufacture HB) ou encore JH (pour Jules Henriot), voire même le monogramme PB, sans mention d’une origine bretonne.
Chez HB, le créateur « maison » le plus prolifique dans ce domaine est sans doute Paul Fouillen. Son style facilement reconnaissable se retrouve utilisé pour reproduire, notamment, des Normands, des Auvergnats ou encore des Bressans. Chez Henriot, pour l’emploi des familiers de la manufacture, on pensera à l’ingénieur maison, par ailleurs artiste créateur à ses heures perdues, Victor Lucas, qui, normand d’origine, crée quelques faïences rappelant cette province.

Jacques LE TANNEUR - Luge

Jacques LE TANNEUR (1887-1935)

Les deux manufactures quimpéroises de l’entre-deux-guerres font appel, ou sont sollicitées, par des artistes régionaux. Ceux-ci cherchent à diffuser, régionalement, des produits « dérivés » portant la touche de leur style propre.
A la manufacture HB, Jeanne Audiberti, Diane Delin, Louis Guien ou encore Marthe Labarrère représentent des Provençaux.
Mais c’est avant tout la manufacture Henriot qui va développer ces éditions destinées aux diverses provinces.
Des dessins du célèbre Jean-Jacques Waltz, alias Hansi, auraient été utilisés pour des représentations destinées à la commercialisation en Alsace. André Houillon fait éditer chez Henriot tout un ensemble de personnages vosgiens. Laffitte se frotte à l’Algérie, mais aussi aux protectorats que sont alors le Maroc et la Tunisie, pour créer une production (rare) de sujets en volume. Etienne Laget, artiste installé à Arles, fait éditer par la manufacture un assez grand nombre d’assiettes, plats, vases ou pichets. Ces céramiques ne portent, en règle générale, pas de mentions les rattachant à Quimper, mais la marque Faïence Folklorique JH. Les thématiques principales de Laget sont évidemment rattachées à sa région, mais parfois, rarement, l’artiste s’est essayé à des représentations auvergnates ou alsaciennes. Jacques Le Tanneur, artiste basque, est contacté par la manufacture Henriot dans les années 1930. Il fait réaliser à Quimper des pièces de forme ainsi que des décors basques et pyrénéens sur des assiettes, plats, pichets etc. Louis de Lombardon, artiste de la région marseillaise, donne également quelques (rares) modèles à la reproduction chez Henriot. Ces céramiques évoquent, comme celles de Laget, la région de Marseille et d’Arles. Jean-Roger Sourgen quant à lui ne crée que des décors, épurés, évoquant des paysages la région landaise.

Étienne LAGET - Assiette.

Étienne LAGET (1896-1990)

André Galland est l’un des décorateurs de la manufacture Henriot les plus prolifiques. En effet, s’il crée nombre de sujets bretons, il est largement associé à ce que le manufacture appelle les « éditions d’art régional ». Ainsi, les créations de Galland concernent l’Auvergne, la Normandie, la Provence, le Pays basque et les Pyrénées et… au-delà. C’est toute la « plus grande France », pour reprendre la terminologie de l’époque, qui est concernée. Outre les territoires métropolitains, en effet, l’Algérie reçoit ses créations régionales. Ainsi, chez Henriot, André Galland, toujours lui, ne crée pas moins de 59 modèles différents pour ce « département français » ! Qu’il s’agisse de décor de pièces de la manufacture (assiettes, plats…) ou de créations en volume (personnages), quelques noms de l’époque subsistent et nous laissent songeurs, tels Sultane voilée, Potiche caravane ou encore Bouteille Moukère !

Vase.Philippe Théallet – © Les Amis du Musée et de la Faïence de Quimper.

Vente de l’atelier de Jean-Roger SOURGEN (1883-1978).

En ce début du mois d’août, on retrouve les ventes spécialisées dans le patrimoine du pays Basque. La vente de l’atelier de Jean-Roger Sourgen (1883-1978), retiendra notre attention.

L’artiste collabora avec la manufacture Henriot au milieu des années 30 (cf. l’encyclopédie des céramiques de Quimper tome 5 de Philippe Théallet et Bernard Jules Verlingue, éditions de la Reinette 2007, pages 402 à 405).

Côte basque enchères – Saint-Jean-de-Luz.

LELIEVRE-CABARROUY Commissaires-Priseurs.

Lundi 7 Août 2017 à 15 h – Faïence de Quimper (23 lots).

Catalogue de la vente

étude Côté Basque enchères


des œuvres de Sourgen, le peintre d’Hossegor, aux enchères

 

150 œuvres « du » peintre d’Hossegor sont mises en vente, lundi 7 août.

Parions qu’il y aura une forte migration hossegorienne, voire landaise, lundi prochain, en direction de Saint-Jean-de-Luz. Plus de 150 œuvres inédites de celui qui est devenu au fil du temps « le » peintre d’Hossegor et des Landes, seront mises aux enchères sous le marteau de Maîtres Arnaud Lelièvre et Florence Cabarrouy.

Des œuvres de l’atelier de Jean-Roger Sourgen, détenues par les membres de sa famille, qui illustrent la variété de son travail, puisqu’on y trouve aussi bien des tableaux que des céramiques ou ses carnets de voyage au Maroc. Son chevalet en chêne fera partie des objets mis à l’encan.

Les œuvres de Sourgen sont immédiatement reconnaissables à leur ambiance si particulière. Il est sans doute celui qui a sublimé la singularité des paysages landais, fait partager, en particulier, la sérénité du décor du lac d’Hossegor, et rendu aux pins la noblesse de leur sombre verticalité. Ciels vert gris ou bleu tendre se reflètent dans une eau infiniment calme qui donne un sentiment d’éternité. Mais Sourgen, c’est avant cette signature-là, une histoire. Assez étonnante, puisque cet autodidacte né en 1883 à Vielle-Saint-Girons a été successivement chasseur, menuisier horloger, coureur cycliste, avant de venir à l’art après sa rencontre avec le peintre Alex Lizal.

Sud-Ouest - Saint-Jean-de-Luz (64)

Les œuvres seront mises aux enchères sous le marteau de Maître Arnaud Lelièvre (Photo François Camps).

Pour toutes les bourses

Parmi les œuvres de cette vente d’ateliers, figurent des panneaux et des toiles, mais aussi des céramiques d’Henriot à Quimper, dont le peintre avait assuré le décor. La famille avait aussi conservé des tampons et des plaques de gravures.

« C’est vraiment passionnant, se réjouit Me Arnaud Lelièvre, parce qu’il y a à la fois des petits objets et des toiles, qui permettent de voir les différentes influences, les courants qui ont imprégné son œuvre. Il avait aussi un vrai talent de décorateur. Il fait partie de ces peintres et sculpteurs qui, dans les années 1920–1940, participaient avec les architectes au décor des villas sur la côte. Et puis il y a ses carnets de dessins et ses œuvres sur le Maroc, qui ouvrent encore l’éventail de son œuvre ».

Une variété de pièces qui permettra de s’adapter à toutes les bourses, tout au moins au moment de la mise aux enchères : de 30 à 6 000 euros.

Publié le 01/08/2017 par Christine Lamaison – © Sud Ouest.