Bulletin d’information de l’association n°3 Août 1995

Bulletin n°3 (Août 1995)

Brochure de 16 pages (noir et blanc)

Sommaire :

  • Éditorial (p 1).
  • Artiste et traditions (Louis-Henri NICOT, René-Yves CRESTON, Robert MICHEAU-VERNEZ, Alphonse CHANTEAU, BOUVIER, Emile-Just BACHELET, Pierre POQUET et Jean CAER)Bernard Jules VERLINGUE (p 3 à 13).
  • Association « Faïence de Quimper 1690-2090 »Michel Jean ROULLOT (p 14 à 16).

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« Il y a eu quelques détournements » (Le Télégramme)

Des expos, des regards (11).

exposition 2016

Le conservateur, Bernard Verlingue, montre une jeune Bigoudène et son dessin préparatoire réalisés par Émile Just-Bachelet.

Retour au Musée de la faïence pour le onzième volet de notre série consacrée aux expositions de l’été. À la découverte d’une surprenante sculpture de facture cubiste, d’un portrait de Bigoudène aux traits doux et d’un sculpteur.

C’est une faïence atypique, aux angles assez vifs, à l’allure cubiste, au coeur de l’exposition « Les femmes et les enfants d’abord ». Une Bigoudène à l’enfant. Elle est signée Émile Just-Bachelet (1892-1981). « Ce sculpteur nancéien est venu chez Henriot par l’intermédiaire de Mathurin Méheut, à l’occasion de l’exposition internationale des arts décoratifs de 1925 à Paris », indique Bernard Verlingue, le conservateur du Musée de la faïence. « Il avait réalisé un certain nombre de modèles pour l’exposition qui, pour l’essentiel, n’ont pas été présentés au Pavillon de Bretagne puisque le sculpteur était Lorrain ! On sait tout de même qu’il y a eu quelques détournements : deux, trois pièces y ont été montrées mais on s’était bien gardé de préciser qu’il était originaire de Nancy ! », s’amuse le directeur du musée, la moustache souriante. La Bigoudène à l’enfant lui a été prêtée par un collectionneur belge. « Il est allé la chercher en Hongrie, via internet. Comme quoi, la faïence de Quimper voyage ! », relate Bernard Verlingue. Bachelet représente la famille à travers les âges. Outre la Bigoudène à l’enfant, il met en scène des personnages plus âgés, des marmots dans les bras. « En faïence de Quimper, il y a un truc curieux et récurrent : les hommes sont souvent représentés sous les traits de grands-parents », commente au passage le conservateur. Entre la sculpture cubiste et les figurines en faïence, le visiteur tombe nez à nez avec le portrait d’une jeune femme.

« C’est un peu l’apologie de la Bigoudène et de sa coiffe. Pourquoi l’a-t-il réalisée ? Je ne sais pas ! », glisse le directeur du musée, qui se révèle être le propriétaire de cette faïence.

« Le dessin d’abord envoyé »

Le dessin original, aux regard et traits sensiblement différents, est dévoilé à quelques mètres de la faïence. « On tient beaucoup, quand cela est possible, à montrer les dessins préparatoires. Dans la plupart des cas, le dessin était d’abord envoyé aux faïenceries. S’il était accepté, on faisait un plâtre et sur ce plâtre, les empreintes qui devenaient des moules de fabrication », précise le spécialiste. Émile Just-Bachelet a réalisé une vingtaine de modèles pour Henriot, beaucoup de pièces à propos de la Bretagne, comme des marins aux filets… ou cette Bigoudène avec le doigt dans la bouche. Représentation commune ou pas ? « On la retrouve de temps en temps, chez Quillivic par exemple. C’est peut-être un symbole de la sortie de l’enfance, l’expression d’une fausse naïveté, ou un signe de perplexité », s’interroge Bernard Verlingue. Seule certitude, les premières faïences de Bachelet datent des années 1923-1924. D’aucunes lui ont valu une médaille d’or au Salon de 1925. « Et puis il fait partie des artistes de l’entre-deux-guerres que l’on n’a plus revu ensuite ici », conclut le conservateur.

Exposition visible du lundi au samedi, de 10 h à 18 h. Entrée : 4,50 €. Tél. 02.98.90.12.72.

Publié le 19 août 2016 – Bruno Salaün © Le Télégramme

Les femmes embellissent le Musée de la faïence (Ouest-France)

Exposition du Musée et de la Faïence de Quimper 2016 - Les femmes et les enfants d'abord...

« Barr avel (coup de vent) », René-Yves Creston, Henriot, en haut. « Itron Varia Breiz Izel », Robert Micheau-Vernez, en bas. « Bigoudène et son enfant », Emile-Just Bachelet, à droite | Ouest-France

L’exposition temporaire est consacrée, cette année, aux femmes et aux enfants. Dans un monde de brutes, fraîcheur et élégance des silhouettes réconfortent le visiteur.

Les femmes et les enfants d’abord… Il faut lire le titre de l’exposition temporaire du Musée de la faïence de Quimper (Finistère) avec attention. Ici, le point d’exclamation a été remplacé par des points de suspension. Pas de risque de naufrage donc, mais une promenade dans un univers où les femmes et les enfants sont les stars.
Tous les sentiments
Les dizaines de pièces rassemblées par Bernard Verlingue, conservateur du musée, illustrent toute la palette des sentiments. Grand-mère au visage peu aimable tenant une petite fille par la main. Maman élégante et tendre donnant un câlin à son bébé. Les artistes ont su saisir les instants du quotidien. La gravité n’est jamais loin lorsque René-Yves Creston fige, avec élégance, la silhouette d’une Ouessantine, comme marquée par le destin, les plis de sa robe pris dans la bourrasque.
Menacé d’excommunication
Les pièces sont de toutes tailles. Les miniatures, parfois cocasses, méritent qu’on s’y penche. Le buste grandeur nature d’une jeune femme, œuvre de Jules-Charles Le Bozec, impose la gravité du modèle, belle sans coquetterie. Ici, le costume breton n’est pas un accessoire anachronique. Il donne aussi l’âme d’un pays.
Art populaire
La faïence est un art populaire. À côté des pièces d’artistes, on découvre des clins d’œil, parfois aussi des faïences publicitaires. « Qui oserait aujourd’hui proposer un cendrier Elixir d’Armorique décoré d’une maman et de son enfant ? », rigole Bernard Verlingue. Moins anecdotique, la Vierge dans une magnifique robe bleu cobalt imaginée par Robert Micheau-Vernez.
Un Jésus qui joue du biniou
Dans ses bras, un Jésus qui joue du biniou. Rien de blasphématoire dans l’intention de l’artiste. « Oui, mais l’évêque de l’époque (les années 40) n’a pas du tout apprécié. Il a menacé Jules Henriot, le faïencier, d’excommunication »
, rapporte Bernard Verlingue. La production a été interrompue. Reste cette Vierge mystérieuse.
Dès le 18 avril
À partir du 18 avril, Les femmes et les enfants d’abord…, au Musée de la faïence, 14, rue Jean-Baptiste Bousquet, à Quimper.

Jean-Pierre LE CARROU

le 06/04/2016 © Ouest-France