À Quimper, la faïencerie Henriot va-t-elle être vendue ? (Le Télégramme)

La faïencerie quimpéroise Henriot vient de fêter ses 333 ans. Ses propriétaires assurent ne pas vouloir s’en séparer, à moins qu’un acheteur portant un  » projet cohérent  » ne fasse une offre. François le Goff, l’un des dirigeants. s’en explique.

Henriot Quimper
François Le Goff avait avec son père Jean-Pierre, repris la Faïencerie-Henriot en 2011.

La faïencerie Henriot est-elle confronté à des difficultés économiques ?

Non. Notre société fonctionne, c’est un modèle viable qui peut fabriquer de petites séries. Nous avons redressé et maintenu la barre depuis notre acquisition, en 2011 après une liquidation judiciaire. Nous avons fait des choix qui ont permis à Henriot d’en arriver là. La rentabilité reste difficile dans un modèle de production qui défend une fabrication à petite échelle (4 000 bols principalement), localisée à Quimper. Une production à la main et selon un savoir-faire traditionnel. Certains jours sont roses d’autres moins.

Que représente la faïencerie Henriot-Quimper aujourd’hui ?

Une entreprise de dix personnes – céramistes, peintres et personnel de vente – héritière d’une tradition de 333 ans. Les services support dépendent de la holding. Nous produisons des pètes de collection courante d’une valeur marchande de 25 € à 6 500 € pour la reproduction de la célèbre sculpture des années 50 « les quatre danseurs ». L’entreprise vaut plus par sa notoriété. l’histoire dont elle est porteuse et son image de marque que par son capital.

Tenez-vous absolument à vous en séparer ?

S’il n’y a pas de repreneur, je ne vais pas passer la main. Nous lançons un processus. il faudra que le repreneur fasse une offre cohérente : pas de délocalisation, reprise des emplois et conservation de l’esprit qui préside aujourd’hui à la fabrication. Pour le plaisir et la tradition. Pas pour optimiser et rentabiliser, je pense. En tous les cas, nous aurons une sorte de cahier des charges, des exigences. Le but, c’est de s’ouvrir. de rendre possible un nouveau souffle pour cette production que nous défendons depuis onze ans.

Publié le 19 septembre 2023 – Propos recueillis par Olivier Scaglia – Le Télégramme ©

La célèbre faïencerie Henriot-Quimper sera bientôt à vendre (Ouest-France).

Faïencerie emblématique, Henriot-Quimper, dans le Finistère, fête ses 333 ans, en comité privé, ce samedi 16 septembre 2023. Ses propriétaires et dirigeants, Jean-Pierre Le Goff et son fils François, annoncent aussi « s’engager prochainement dans un processus de vente de l’entreprise », qu’ils ont racheté il y a douze ans, en 2011.

Jean-Pierre Le Goff
Jean-Pierre Le Goff a racheté la faiencerie Henriot à Quimper (Finistère) en 2011, Sur une Suggestion de François Le Goff, son fils, qui dirige l’entreprise.

333 ans, soit un tiers de millénaire : c’est l’anniversaire que célèbre, en comité privé avec ses clients et amis, la faïencerie Henriot-Quimper, ce samedi. Des faïenceries, la ville-préfecture du Finistère en a connu de nombreuses. Henriot-Quimper est aujourd’hui la seule encore debout à tout faire, de À à Z, du biscuit (pièce d’argile cuite une première fois) aux décors peints à la main. Ce « travail minutieux » fait sa spécificité. « Nous sommes une manufacture d’art », résume Jean-Pierre Le Goff.

Il y a douze ans, en 2011, il a repris l’entreprise alors en redressement judiciaire, encouragé par son fils, François, directeur actuel de la faïencerie. Il avait alors été le seul à faire une offre. Depuis plus d’une décennie, bols bretons (4 000 à 5 000 par an), services de vaisselle, statues… sont leur quotidien.

La production de ces pièces sur-mesure se fait toujours dans le quartier historique de Locmaria. Certaines sont collectors, d’autres aussi nées de collaborations avec des artistes. « On a bossé, avec passion, on est heureux. On n’a pas cherché à faire du business », décrivent-ils. 7 000 à 8 000 visiteurs découvrent l’entreprise chaque année. Le père et le fils auraient aimé accueillir davantage de scolaires ou trouver des financements pour que soient numérisés en 3D les moules et autres trésors, parfois centenaires, entreposés par milliers dans le grenier.

« Ce sont les racines du futur », illustre Jean-Pierre Le Goff. Ce futur s’amorce avec une nouvelle page à écrire : « Nous allons nous engager, prochainement, dans un processus de vente de l’entreprise », annoncent-ils assurant être « confiants » pour l’avenir et les emplois (neuf salariés). Ils espèrent que « la marque et la notoriété Henriot », ainsi que « son process fonctionnel » séduiront, par exemple, « un investisseur du luxe authentique, pas du bling-bling, désireux de compléter son image de marque ».

Publié le 14/09/2023 par Rose-Marie DUGUEN – Ouest-France ©

Maison de haute Faïence (Bretons en cuisine).

Plus que tricentenaire la faïencerie Henriot, à Quimper, est unique en son genre en France. Ses chevilles ouvrières perpétuent un savoir-faire artisanal contre vents et marées.

François Le Goff
François Le Goff, actuel directeur de la faïencerie quimpéroise Henriot, a épaulé son père, l’entrepreneur Jean-Pierre Le Goff, lors du rachat de la faïencerie, alors en liquidation judiciaire, en 2011.

« Il faudrait environ trois ans plein temps pour tout trier, nettoyer et répertorier… » François Le Goff, directeur de la faïencerie quimpéroise Henriot, fait office de guide dans la « salle des archives » de l’entreprise. L’immense grenier occupe l’intégralité du dernier étage de la manufacture, à quelques pas des rives de l’Odet. Dans ce décor digne d’un film de Tim Burton s’entassent plusieurs centaines de milliers d’objets issus des ateliers Henriot ou de ceux de concurrents absorbés par la société au fil des décennies. Déambuler dans ce lieu hors du temps — et fermé au public — revient à parcourir trois siècles d’histoire bretonne : Henriot, qui fêtera ses 333 ans en 2023, figure parmi les plus vieilles entreprises de France.

Robert Micheau-Vernez
L’artiste-peintre Robert Micheau-Vernez a créé de nombreuses statuettes pour la faïencerie Henriot, parmi lesquelles cette « danseuse bigoudène ».

À l’étage inférieur se trouvent des ateliers parfaitement opérationnels, d’où sortent chaque année plusieurs milliers d’assiettes, plateaux, saladiers, tasses, ainsi, entre autres, que les célèbres « bols-prénom ». Toutes ces pièces arborent, au revers, la célèbre signature « Henriot Quimper France ». Douze personnes officient ici selon des procédés qui n’ont guère évolué depuis le début du XXe siècle. L’argile, matériau de base, ne provient plus des berges de l’Odet, mais de plusieurs fabricants spécialisés disséminés aux quatre coins de la France. Les « biscuits », ainsi que l’on nomme les pièces fraîchement façonnées, ne sont plus chauffés dans des fours à bois, mais dans d’imposants équivalents électriques. Pour le reste, les gestes et outils renvoient aux temps anciens. Le calibrage, qui consiste à donner aux morceaux d’argile la forme désirée, est effectué à l’aide d’antiques machines constamment réparées.

Après la première cuisson et le trempage dans un bain d’émail, les six peintres « maison » se chargent de la décoration des pièces.

Annelise Le Bras
Annelise Le Bras, peintre sur faïence, en plein travail.

Un silence monacal règne dans leur antre. Chaque artiste passe environ sept heures par jour ici, yeux rivés sur les pièces à orner. Les gestes sont précis et assurés. Deux ou trois coups de pinceau suffisent à faire naître une fleur sur la faïence. « On connaît les décors parce qu’on les peint depuis longtemps, explique Annelise Le Bras, 26 ans de métier. On peint presque par réflexe. » Trois ans sont nécessaires a« apprentis pour maîtriser la peinture sur faïence ainsi que le style Quimper ». Ce dernier, caractérisé notamment par le travail à main levée, les couleurs vives, ainsi que les motifs traditionnels bretons (parfois modernisés ci déclinés), était commun aux différentes faïenceries installées dans la capitale du Finistère à partir de la fin du XVIIIe siècle. Ces sociétés se sont longtemps concurrencées et rachetées entre elles. Trois siècles plus tard, alors que triomphe la vaisselle bon marché fabriquée aux antipodes, seule Henriot demeure.

Le calibrage
1 – Le calibrage consiste à façonner le morceau d’argile à l’aide d’un moule et d’un calibre.

La célèbre faïencerie quimpéroise est l’une des dernières, en France, à fonctionner de façon totalement artisanale. Une gageure, selon François Le Goff, qui ne cache pas les difficultés pour recruter du personnel, assurer les approvisionnements et demeurer attractif dans un monde dominé par les produits industriels. Pas question, pour autant, de remettre en cause les valeurs de la maison : « Faire ce qu’on fait, comme on le fait, aujourd’hui, c’est presque contre-nature… Mais on veut conserver ce savoir-faire et l’âme de la marque. »

Photos Bretons en cuisine
2 – Un moule destiné à la fabrication d’un «bol-prénom». 3 – Les couleurs utilisées par les peintres de la faïencerie sont créées sur place, en mélangeant différents pigments. 4 – Un bol Henriot « standard » est vendu environ 40 euros, soit cinq à dix fois plus qu’un équivalent fabriqué à l’étranger de façon industrielle.
Couverture de Bretons en cuisine n°42

Le saviez-vous ?
Certaines pièces anciennes signées « Henriot Quimper », particulièrement recherchées, se vendent plusieurs milliers d’euros. Leur valeur dépend notamment de l’époque de fabrication et de la cote de l’artiste ayant réalisé les motifs.

Publié le 1er juin 2022 – Textes et photos Nicolas Legendre – Bretons en cuisine n°42 ©

Abers Road – Visite de la faïencerie Henriot (France 3 Bretagne).

On vous propose une petite visite de la faïencerie Henriot à Quimper, en compagnie de Nolwenn Leroy et Gaëtan Roussel.
Ils sont guidés par les propriétaires des lieux : Jean-Pierre & François Le Goff.

Publié le 1er octobre 2021 – France 3 Bretagne ©