« Barr avel (coup de vent) », René-Yves Creston, Henriot, en haut. « Itron Varia Breiz Izel », Robert Micheau-Vernez, en bas. « Bigoudène et son enfant », Emile-Just Bachelet, à droite | Ouest-France
L’exposition temporaire est consacrée, cette année, aux femmes et aux enfants. Dans un monde de brutes, fraîcheur et élégance des silhouettes réconfortent le visiteur.
Les femmes et les enfants d’abord… Il faut lire le titre de l’exposition temporaire du Musée de la faïence de Quimper (Finistère) avec attention. Ici, le point d’exclamation a été remplacé par des points de suspension. Pas de risque de naufrage donc, mais une promenade dans un univers où les femmes et les enfants sont les stars.
Tous les sentiments
Les dizaines de pièces rassemblées par Bernard Verlingue, conservateur du musée, illustrent toute la palette des sentiments. Grand-mère au visage peu aimable tenant une petite fille par la main. Maman élégante et tendre donnant un câlin à son bébé. Les artistes ont su saisir les instants du quotidien. La gravité n’est jamais loin lorsque René-Yves Creston fige, avec élégance, la silhouette d’une Ouessantine, comme marquée par le destin, les plis de sa robe pris dans la bourrasque.
Menacé d’excommunication
Les pièces sont de toutes tailles. Les miniatures, parfois cocasses, méritent qu’on s’y penche. Le buste grandeur nature d’une jeune femme, œuvre de Jules-Charles Le Bozec, impose la gravité du modèle, belle sans coquetterie. Ici, le costume breton n’est pas un accessoire anachronique. Il donne aussi l’âme d’un pays.
Art populaire
La faïence est un art populaire. À côté des pièces d’artistes, on découvre des clins d’œil, parfois aussi des faïences publicitaires. « Qui oserait aujourd’hui proposer un cendrier Elixir d’Armorique décoré d’une maman et de son enfant ? », rigole Bernard Verlingue. Moins anecdotique, la Vierge dans une magnifique robe bleu cobalt imaginée par Robert Micheau-Vernez.
Un Jésus qui joue du biniou
Dans ses bras, un Jésus qui joue du biniou. Rien de blasphématoire dans l’intention de l’artiste. « Oui, mais l’évêque de l’époque (les années 40) n’a pas du tout apprécié. Il a menacé Jules Henriot, le faïencier, d’excommunication »
, rapporte Bernard Verlingue. La production a été interrompue. Reste cette Vierge mystérieuse.
Dès le 18 avril
À partir du 18 avril, Les femmes et les enfants d’abord…, au Musée de la faïence, 14, rue Jean-Baptiste Bousquet, à Quimper.
Jean-Pierre LE CARROU
le 06/04/2016 © Ouest-France