Jeanne Malivel, pionnière de l’art moderne breton (Ouest-France).

À Paris, la bibliothèque Forney, spécialisée dans les arts décoratifs et les métiers d’art, consacre une exposition à l’œuvre de Jeanne Malivel (1895-1926), à l’origine du groupe Ar Seiz Breur.

Lucile Trunel
Lucile Trunel, directrice de la bibliothèque Forney, à Paris, où une exposition permettra de redécouvrir l’œuvre de l’artiste bretonne Jeanne Malivel à partir du mercredi 8 mars

Mise en lumière, installation des derniers meubles… Cette semaine, les équipes de la bibliothèque Forney, à Paris, s’activaient afin de terminer à temps le montage de l’exposition Jeanne Malivel, une artiste engagée, qui sera inaugurée mercredi 8 mars. La journée internationale des droits des femmes n’a pas été choisie par hasard pour cette rétrospective.
Tombée dans l’oubli pendant plusieurs décennies, l’œuvre de Jeanne Malivel est pourtant considérable : peinture, mobilier, céramique, vitrail, textile, gravure… Pionnière de l’art moderne breton, elle a joué un rôle clef dans la création du groupe Ar Seiz Breur, symbole de la naissance du mouvement Art déco en Bretagne.

Jeanne Malivel
Jeanne Malivel fut une graveuse de grand talent.

250 œuvres exposées

« Cette exposition, c’est une manière de la faire redécouvrir », résume Lucile Trunel, directrice de la bibliothèque Forney, spécialisée dans les arts décoratifs et les métiers d’art.
Installée depuis 1961 dans le quartier du Marais, la bibliothèque a été fondée faubourg Saint-Antoine, à la fin du XIXe siècle. « Elle a longtemps été un lieu populaire, fréquenté par des artisans mais aussi par les artistes et leurs élèves, dont Jeanne Malivel. »
La jeune femme a, en effet, été reçue à deux reprises aux Beaux-Arts de Paris. Elle y restera peu de temps, ne supportant pas l’académisme de l’enseignement. « Nous avons retrouvé sa signature dans les registres d’inscription, ainsi que le titre du premier livre qu’elle est venue consulter : un traité de gravure sur bois du XVIIIe siècle. »

Jeanne Malivel
Des croquis de poilus réalisés par Jeanne Malivel. L’artiste s’est engagée comme infirmière pendant la Première Guerre mondiale.

Au fil des trois salles d’exposition, le visiteur découvrira les étapes de la vie de Jeanne Malivel. Sa jeunesse, passée à Loudéac, où elle s’engagera comme infirmière pendant la Première Guerre mondiale. Un rôle qui lui permettra de réaliser de nombreux croquis de poilus et qui la marquera profondément.
« Très tôt, elle est habitée par un sens tragique, qui contraste dans sa production joyeuse, colorée, aux motifs rayonnants », remarque la commissaire de l’exposition, qui est parvenue à réunir plus de 250 œuvres prêtées par la famille de Jeanne Malivel, ainsi que par les musées de Quimper, Saint-Brieuc et Rennes.
Un extrait du documentaire inédit Jeanne Malivel, un soleil se lève, signé par la réalisatrice Laurence-Pauline Boileau, sera également diffusé.

Jeanne Malivel
Jeanne Malivel a joué un rôle clef dans la création du groupe Ar Seiz Breur, précurseur de l’art moderne breton.

« Mettre du beau dans l’utile »

Toute sa vie, cette artiste engagée tiendra à travailler avec des artisans du Centre-Bretagne et ouvrira même un atelier de tissage pour les jeunes femmes de Loudéac.
Devenue enseignante de gravure sur bois et de broderie aux Beaux-Arts de Rennes, elle continuera de concevoir et de dessiner des objets du quotidien jusqu’à son décès brutal en 1926, à l’âge de 31 ans. « Elle a toujours voulu mettre du beau dans l’utile, revisiter la tradition en créant quelque chose de moderne et de breton. »

Exposition Jeanne Malivel, une artiste engagée : du 8 mars au 1er juillet 2023, à la bibliothèque Forney, 1, rue du Figuier, Paris 4e. Du mardi au samedi, de 13 hà19 h. Visite commentée chaque samedi à 15 h. Entrée libre.

Publié le 5 mars 2023 par Pauline BOURDET – Ouest-France ©