Des trésors du Seiz Breur refont surface à Quimper (Ouest-France).

Dans le cadre du centenaire du mouvement artistique breton, une vaste campagne d’estimation d’objets se déroule en Bretagne. Jeudi 27 avril 2023, Quimper (Finistère) accueillait la dernière étape. Ambiance.

Sandy Surmely et Bernard Jules Verlingue
Sandy Surmely, commissaire-priseur, et Bernard Jules Verlingue, du musée de la faïence, en pleine expertise, jeudi 27 avril 2023 à Quimper (Finistère).

Jeudi 27 avril 2023. Le petit crachin n’empêche nullement une affluence soudaine à l’ouverture des portes du Musée de la faïence. Des personnes arrivent avec des trésors enveloppés dans du papier bulles, transportés avec précaution dans des cartons et des sacs plastiques.

Bernard-Jules Verlingue, conservateur du musée, examine avec son œil d’expert les objets qu’on lui présente. Cette journée d’estimation est la dernière d’une longue tournée, entamée il y a neuf mois dans toute la Bretagne, dans le cadre du centenaire du Seiz Breur.

Marie Le Bot-Mantran et Gwénaël Le Berre
Marie Le Bot-Mantran, commissaire-priseur et Gwénaël Le Berre qui dévoile ses « trésors ».

Des commissaires-priseurs ont travaillé ensemble. Maître Carole Jézéquel, de Rennes enchères, a réuni autour d’elle Salorges enchères (Nantes, La Baule), représenté par Marie Le Bot-Mantran et Thierry-Lennon (Brest, Lorient) avec Sandy Surmely.

Ces trois maisons de ventes ont ratissé le territoire en vue d’une exposition, du 8 au 13 juillet 2023, au Parlement de Bretagne, à Rennes, et d’une grande vente, le 13 juillet 2023, toujours à Rennes.

Fauteuils de Jeanne Malivel

« Le mouvement n’est pas forcément connu, reconnaît Carole Jézéquel, des personnes peuvent être en possession de statuettes en faïence par exemple, sans connaître le nom de son auteur, savoir que c’est une signature du Seiz Breur. »

Lors des journées d’estimation, les experts ont découvert de belles choses : « Un grand nom, comme René-Yves Creston et ses représentations de Nominoë, ou encore de magnifiques fauteuils de Jeanne Malivel. »

Si l’on parle beaucoup de faïence à Quimper, et c’est normal, il faut rappeler que les artistes du Seiz Breur travaillaient dans toutes les disciplines : sculpture, gravure, textile, typographie, mobilier…

Estimations d’objets du mouvement des Seiz Breur.
Jeudi 27 avril 2023, au musée de la faïence, à Quimper (Finistère), c’était la dernière étape bretonne d’estimations d’objets du mouvement des Seiz Breur.

Maître Jézéquel se félicite de fédérer d’autres maisons de ventes aux enchères autour de ce projet qui va au-delà du simple événement commercial, à l’image, dit-elle « de la fraternité entre artistes du Seiz Breur ». Elle ajoute : « Éveiller la curiosité et sauvegarder le patrimoine, c’est important à nos yeux. »

Même 100 ans après sa création, le Seiz Breur reste résolument moderne et inspirant : « Regardez l’inspiration de Nolwen Faligot et ses tissus, de certains céramistes, et même d’une pochette de disque s’inspirant d’un motif de Creston. »

Du local

Parmi les personnes qui font la queue pour avoir un avis sur leurs « trésors », un couple malheureux présente une belle assiette de la Bretagne libérée datée de 1944 avec une bretonne libre de ses chaînes. Elle est tombée par terre, en arrivant au musée. « Un objet d’intérêt muséal, affirme Tangui Le Lonquer. Une restauration entre 600 et 800 € est méritée. »

Gwénaël Le Berre est venu en connaisseur et en voisin. Avec des objets et des documents comme une photo d’une maquette d’un monument destiné à Penmarc’h conçu par François Bazin. « Mon père était Marc Le Berre, du magasin À la ville d’Ys, sur les quais de l’Odet. »

Tangui Le Lonquer est sollicité par des particuliers. Avoir une idée de la valeur des objets, pas forcément s’en séparer. Quoique.

« Nous avons eu le cas d’une personne, dans le cas d’une succession dont les trois enfants étaient intéressés par une pièce. La personne en question l’a vendue pour partager l’argent de la vente avec ses enfants, c’était plus facile ! »

Pour le spécialiste du Seiz Breur, les personnes connaissent bien l’origine des objets qu’ils possèdent, « avec Internet, on peut se renseigner… »

Un mouvement qui reste actuel. Au niveau artistique. Mais pas uniquement. « Dans le mouvement sociétal actuel d’écologie, de consommation locale, les artistes du Seiz étaient des artistes locaux, tout comme leurs réseaux de diffusion et de production. »

Publié le 27/04/2023 par Jean-Marc PINSON – Ouest-France ©