Il trace les silhouettes de marins à l’huile, au pastel, sur des toiles, des assiettes ou des boîtes de sardines. Il les taille dans la faïence et le bronze. Le Douarneniste Paul Moal, invité par la mairie, expose ses œuvres dans la salle des fêtes du 17 juin au 10 août 2019.
« L’art est le meilleur de l’homme. L’art comme la bouée est la seule chose qui émerge après la tempête. » En passant les portes de la salle des fêtes de Douarnenez, cette citation de Paul Moal accueille le visiteur, avant de le guider dans l’œuvre de ce peintre et céramiste douarneniste.
La rudesse du marin en toute matière
Le voyage commence à Tréboul, sur des toiles avec vue « de la montagne », qui plongent dans la mer. « Je les ai réalisées il y a trente ans. Il n’y a pas de couleurs vives et, à l’époque, j’étais beaucoup plus classique qu’aujourd’hui, avec plus de détails », commente le peintre.
Parce que sa signature est dans le trait, sans détail. Il répète sans cesse qu’il « n’aime pas dessiner », il « tranche » et s’amuse même à dire « qu’il est presque violent ». Les silhouettes sont stridentes, comme les côtes écharpées du Finistère où il grandit. « Quand j’étais plus jeune, à Audierne, j’allais sur le port et j’observais les peintres avec leurs chevalets. »
Très vite, il se passionne pour la nature humaine qui le questionne. Petit-fils de pêcheur, élevé en bord de mer, il croque les marins, la vie du port : « L’objectif est de montrer les gens au travail. »
Les attitudes des travailleurs en ciré jaune se déclinent en pastel, huile ou aquarelle. Jusqu’à la céramique qu’il travaille pour la Faïencerie d’Art Breton, maison de Pierre Henriot, à Quimper.
Il réalise des personnages marins mais modèle aussi le corps des femmes africaines au travail, inspirés d’un voyage en 1997. Il réalise des peintures sur assiettes, commandé par Henriot.
Le timbre faussaire et le collage à message
Dans une vitrine, les visiteurs peuvent apercevoir des lettres, timbrées d’aquarelles signées Moal : « J’ai toujours rêvé d’être faussaire », blague l’artiste. Dans les années 1990, il s’amuse à peindre ses timbres et à les faire tamponner, comme s’ils étaient vrais, par les contrôleurs : « Ça passait comme une lettre à la poste ! »
Puis sur ses toiles, les couleurs vives prennent le pas, les détails s’effacent pour laisser place au mouvement des bateaux et des pêcheurs. Et dans les années 2010, il s’initie aux collages : des morceaux de journaux et d’affiches viennent violenter les marins, donner corps à leurs gestes.
L’exposition montre le parcours d’un homme toujours ému d’être exposé, après avoir côtoyé les galeries de Paris, Brest, Nantes et de Concarneau « alors que je n’ai pas fait d’école », lâche-t-il.
« Nous cherchons des artistes qui ont un lien avec Douarnenez, qui l’ont représentée. Nous avons eu un coup de foudre pour le travail de Paul Moal, pour sa sensibilité », confie Marie-Noëlle Plénier, adjointe à la culture. « Il faut remercie Christelle Le Bot, du service culturel, sans qui cette exposition n’aurait pas eu lieu », conclut Paul Moal, prêt à accueillir le public au vernissage organisé ce samedi 15 juin.
Publié le 15/06/2019 par Soizic ROBERT – Ouest-France ©