Exposition Paul Moal. « L’art est le meilleur de l’homme » (le Télégramme).

Pour son exposition d’été à la salle des fêtes, la Ville a fait appel à Paul Moal, peintre et sculpteur, originaire de Douarnenez. Tour d’horizon avec l’artiste autodidacte, qui nous a présenté son travail en avant-première.

Paul Moal
C’est en 2014 que Paul Moal ajoute une nouvelle corde à son arc et se lance dans le collage.

« Chez ma grand-mère, il y avait cette sculpture d’Yvonne Jean-Haffen, « La Ramasseuse de fraises ». Je la détestais. Alors je m’étais mis en tête d’en modifier la forme à coups de pâte à modeler », se souvient, facétieux, Paul Moal. Ironie du sort, celui qui n’était alors qu’un gamin se retrouve aujourd’hui à exposer à la salle des fêtes, sept ans après son illustre aînée. « Un honneur », sourit le Penn-sardin d’origine, qui s’étonne encore qu’on ait fait appel à lui. « Les Douarnenistes ne me connaissent pas », lâche-t-il en hochant les épaules. Qu’importe, son travail a retenu l’attention de Christelle Le Bot, du service culturel de la Ville. Cent quatre-vingts pièces de sa collection et plusieurs carnets de ses croquis seront ainsi présentés au public du 17 juin au 10 août.

« Je ne voulais même plus aller à l’école, je trouvais que c’était une perte de temps »

C’est tout jeune, à l’âge de quatre ans, que Paul Moal se découvre une passion pour les arts plastiques. « J’observais tout ce qu’il se passait autour de moi et je recréais ce que je voyais en modelant des petits personnages. Je ne voulais même plus aller à l’école, je trouvais que c’était une perte de temps », se souvient-il en riant. Alors, le petit garçon passe des heures à flâner sur les ports d’Audierne et de Douarnenez, à admirer les peintres présents à quai. Chez lui, il peint les débarquements de poissons. Le peintre audiernais François Kersual le qualifie même d’« artiste ». À 15 ans, celui qui passe toute son enfance à Plouhinec achète son premier matériel. « Au début, j’ai commencé avec seulement six tubes. Une boîte de peinture, ce n’était pas donné », raconte-t-il en passant devant l’une de ses anciennes toiles, aux couleurs un peu ternes. Les toutes premières, « très classiques » et inspirées de l’école flamande, ont brûlé dans un incendie. « Comme ça, Christelle a eu moins de boulot ! ».

Paul Moal peinture
« La montage de Treboul », huile, 2008. (Oeuvre de Paul Moal).

Peintures, collages, sculptures et carnets de croquis

Et il faut dire que la conceptrice de l’exposition n’a pas le temps de chômer. Depuis mardi, elle et son équipe sont à pied d’œuvre pour que tout soit fin prêt pour l’inauguration de ce samedi. « On avait rarement eu autant de choses », souligne-t-elle. Peintures, collages, sculptures et céramiques, pastels et carnets de croquis sont regroupés par thèmes. « La salle est beaucoup trop petite. Il faudrait prévoir l’exposition sur deux ans », plaisante Paul Moal, artiste prolifique. Parmi ses sources d’inspiration douarnenistes, la plupart relèvent du monde de la pêche. « Les paysages ? La grosse colle ! Ça doit représenter 2 % de mon travail. Je n’aime pas vraiment chercher les détails, il faut que ce soit tranché ». Ce qui n’a pas empêché le septuagénaire de se laisser séduire par quelques vues du coin. Le parcours débute d’ailleurs avec une vue de Tréboul. « Ces collines, c’est un peu ma montagne Sainte-Victoire, comme Cézanne. Mais je ne veux surtout pas créer de dispute entre quartiers, pouffe-t-il. Je me suis bien rattrapé avec le port du Rosmeur ! ». Puis viennent l’île Tristan, le Cap, Pont-Croix.

Changement de décor, place aux attitudes capturées à Cobreco sur demande du directeur de l’usine et à son voyage humanitaire en Afrique, immortalisé aux pastels secs. Les sculptures, ensuite. « Je n’en avais jamais fait mais je ne lui [Pierre Henriot] ai pas dit. Comme il était satisfait, il n’avait pas besoin de le savoir », s’amuse celui qui fut aussi prof de techno au Likès. L’exposition continue, nouveau coup de projo sur les marins, peints dans les bars – « un endroit qui fait vraiment partie de leur vie » – ou figurés à grand renfort d’affiches et de papier journal, dès 2014.

« Moi qui n’avais jamais suivi de cours, me retrouver dans des musées… »

Perfectionniste, l’homme est son premier juge. « Je me remets en question tout le temps. Il faut que je fasse encore mieux. Et si ce n’est pas le cas, j’efface ». Pourtant, la collection de l’artiste autodidacte est impressionnante. « Moi qui n’avais jamais suivi de cours, me retrouver dans des musées… », salue-t-il, fier du chemin parcouru. Le circuit s’achève là et laisse simplement le temps au visiteur de se retourner sur une citation du peintre, projetée au sol : « L’art est le meilleur de l’homme. L’art, comme la bouée, est la seule chose qui immerge après la tempête ».

Pratique
Paul Moal, peinture & céramique. Exposition du 17 juin au 10 août à la salle des fêtes. Entrée libre. Horaires : du lundi au samedi, de 10 h à 12 h 30 et de 15 h à 18 h 30. Plus d’informations sur le site paulmoal.com.

Publié le 14 juin 2019 par Léa GAUMER – Le Télégramme ©