Paul Bloas – « Faire Rouge ».

Le peintre Paul Bloas expose ses géants aux ateliers des capucins à Brest, jusqu’au 27 février 2022.
L’artiste rend hommage à la culture ouvrière de la ville !

Publié le 26 novembre 2021 – France 3 Iroise ©


Paul Bloas expose aux Capucins, à Brest, à partir de ce vendredi (Le Télégramme).

Paul Bloas a installé son exposition « Faire rouge » sur la place des Machines, aux Capucins, à Brest. On pourra admirer ses œuvres de ce vendredi jusqu’à la fin février 2022.

Paul Bloas
Paul Bloas dans son atelier de Saint-Marc.

Cela fait neuf ans que Paul Bloas n’avait pas exposé dans sa ville de Brest, son « phare » depuis soixante ans. L’exposition « Faire rouge » qui sera inaugurée ce vendredi 26 novembre, au cœur des Ateliers des Capucins, s’annonce déjà comme un moment fort de la vie culturelle régionale, et bien au-delà.

À l’origine, il y a un premier contact en 2012. Puis un second, neuf ans après. Inspiré par « Le charpentier de marine » qui s’affiche sur 8 m de haut sur la façade du Chantier du Guip, Ronan Lesven, secrétaire général de la Serrurerie Brestoise, tient à son idée. Habiller de la même façon les ateliers de la serrurerie, érigeant en géants ses ouvriers.

Inspiré par la « crasse » des travailleurs

Dans les ateliers, Bloas passe du temps. Une lente connaissance des lieux d’abord et des « gars », sans programme préétabli. « Les chaudronniers, faut d’abord leur prouver que vous savez tenir un crayon. Après, cela détend les choses », sourit l’artiste. C’est lorsqu’il interpelle Erwan, un jeune intérimaire en pleine soudure, que le déclic se produit. Le visage noir de poussière, le chaudronnier relève son masque, sous lequel il reste blanc. Le contraste saisit le peintre. Marqué par l’œuvre du photographe Richard Avedon et ses portraits de mineurs de l’Ouest américain dans leurs vêtements sales, Paul Bloas s’intéresse dès les années 80, et ses travaux auprès des travailleurs de Berlin, Belgrade ou Budapest, à cette notion de « crasse », devenue pour lui source d’inspiration.

« Les chaudronniers, faut d’abord leur prouver que vous savez tenir un crayon. Après, cela détend les choses ».

« Amener de l’humain dans ces univers bruts »

Dans les ateliers de Kergaradec, il capture des moments, ou inversement, les modèles s’imposant souvent à lui dans l’énergie d’un instant. « Toutes les images ont une histoire » qu’il immortalise d’abord à l’aide de son smartphone, avant de les magnifier. « Ma volonté est d’amener de l’humain dans ces univers bruts, il fallait qu’ils soient déconnectés du travail, tout en étant au cœur des ateliers », confie le peintre. Il y a là la culture du tatouage très présente dans les usines, la féminité sous les gants d’Alexia, ongles manucurés et vernis de rouge, ce même rouge des rideaux qui séparent les box de travail des ouvriers, et qui sera omniprésent dans ses réalisations.

« Ma volonté est d’amener de l’humain dans ces univers bruts, il fallait qu’ils soient déconnectés du travail, tout en étant au cœur des ateliers ».

Imaginer un process de fabrication des objets

Les montagnes de documents, faites de nombre de dessins préparatoires pour chaque portrait, s’accumulent, d’autant que le volume des œuvres les fait beaucoup évoluer. Il faut aussi imaginer un process de fabrication des objets. Avec l’aide des ouvriers, Bloas opte pour la première fois pour des plaques d’aluminium verni : « Un support hyper agréable à travailler, qui donne le sentiment de faire un tableau ». Pour un réel impact visuel au sein des Ateliers, il estime qu’il faudra une dizaine d’œuvres.

Dix-sept objets présentés

Finalement, ce seront 17 objets au total – dont un géant de 8 m – qui seront présentés aux Ateliers des Capucins au sein de l’exposition, avant l’accrochage final dans les ateliers de la serrurerie, la culture ouvrière du lieu l’imposant comme une évidence. Mais dans sa quête artistique inlassable, le prolifique plasticien cherche de plus en plus à aller dans l’art brut. C’est ainsi qu’il croisera le fer avec son ami le guitariste Serge Teyssot Gay, cofondateur de Noir Désir, pour une performance le 4 décembre, à 17 h, au cœur de l’exposition. Brutal et sensible. Subjuguant.

Pratique

Exposition « Faire rouge » de Paul Bloas sur la place des Machines, aux Capucins, du 26 novembre au 27 février 2022. Performance avec Serge Teyssot Gay, le samedi 4 décembre, à 17 h, au cœur de l’exposition.

Publié le 26 novembre 2021 – Le Télégramme ©