Durant tout le mois d’août 2022 et jusqu’en septembre, la faïencerie Henriot propose des visites guidées de ses ateliers. L’occasion de découvrir le processus de fabrication unique des célèbres faïences emblématiques de Quimper (Finistère).
Margot Le Page et Emma Louveau, 22 ans, sont saisonnières à la faïencerie Henriot, à Quimper (Finistère). L’une est étudiante en droit du patrimoine culturel, l’autre en science politique. Elles assurent les visites guidées des ateliers, au-dessus de la boutique, mais aussi les démonstrations des premières étapes de fabrication des faïences.
Un art traditionnel et célébré
Eau, terre, feu : tels sont les trois éléments fondamentaux à la fabrication de faïence. Dans les allées de Locmaria, Jean-Baptiste Bousquet, le fondateur, installe son atelier en 1690, sous le règne de Louis XIV. Il y est bien logé, proche de l’Odet, de l’argile des rives et des bois alentour alors toujours existants, lui permettant d’actionner les fours. Dans les années 1950, les faïenceries quimpéroises emploient plusieurs centaines de personnes. « C’était l’âge d’or », souligne Margot. Un âge d’or bien révolu, la faïencerie comptant aujourd’hui douze salariés. Mais l’art de la faïence persiste dur comme fer. Un art traditionnel, unique et célébré.
Le petit train de Quimper, lui, arbore les motifs Henriot. « Le propriétaire du petit train est venu nous voir pour nous soumettre l’idée. On a donc peint les motifs sur faïence, puis il les a imprimés et collés sur le train, explique Fabienne Kernéis, de la faïencerie. Il a du panache ! ».
En 2023, l’atelier fêtera ses 333 ans. Un anniversaire pour le moins spécial.
Un « atelier 100 % féminin »
Une quinzaine de personnes s’est réunie ce mercredi 3 août 2022 pour assister à la visite. Margot débute par le coulage, lorsque l’argile est apposée dans les moules de différentes formes, la plus célèbre étant la Sainte-Anne. Puis elle met directement la main à la pâte à l’étape du calibrage afin de créer une assiette.
Mais le passage qui attire tous les regards est celui de l’atelier des peintres. Les mains minutieuses des artistes s’attellent à décorer une à une chaque pièce. « Un atelier 100 % féminin », fait remarquer Margot. La guide demande de garder le silence pour ne pas déconcentrer les peintres, dont les têtes dépassent du cadre, entourées de pinceaux et d’éponges, à côté des pots de peinture de couleurs diverses. L’une d’elles reproduit un motif de petits Bretons en costume Glazik, l’autre des marguerites.
À main levée
Les décors sont faits à main levée, « à la touche ». Les plus compliqués, cependant, « sont faits à l’aide d’un poncif ». La formation complète pour un artiste peintre dure trois ans. « Lorsqu’une peintre commence une pièce, elle la termine toujours et la signe de ses initiales. » C’est un travail qui demande du temps : la première cuisson se fait à 1 040 °C durant neuf heures.
Dans les bâtiments renfermant ce joyau d’artisanat, une question taraude l’un des visiteurs. « Pourquoi ne pas rendre la fabrication automatique ? Cela fait gagner du temps ». Margot, solide sur ses appuis, répond : « Nous ne voulons pas tomber dans l’industriel. »
Pratique : durant le mois d’août, du lundi au samedi dès 10 h 30, puis à 11 h 30, 14 h, 15 h, 16 h et 17 h. Durée de la visite 30 minutes. Tarif unique 5 €, gratuit pour les moins de 7 ans. Pas de réservation, vente des billets 15 minutes avant le départ.
Publié le 11 août 2022 par Carla Plomb – Ouest-France ©