Le cloître de Sainte-Anne d’Auray sera cet été l’écrin des faïences sacrées de Quimper (Le Télegramme).

Louis La Rosse
Vierges à l’Enfant, années 1730 (1733), Manufacture Pierre Bousquet, signées Louis La Rosse, coll particulière et Association diocésaine Vannes SAA.

Ce sera la belle exposition de l’année à Sainte-Anne d’Auray. Intitulé « Esprits de faïence », ce rendez-vous artistique propose de remonter le temps à travers 80 statuaires sacrées en Quimper.

Montée avec la complicité d’Antoine Maigné, spécialiste et collectionneur passionné, cette exposition autour des saintes et des saints bretons aurait dû être l’évènement de l’été dernier. Mais l’Académie de musique et d’arts sacrés avait dû y renoncer en raison de la crise sanitaire. C’est donc avec une immense joie que le cloître de la basilique de Sainte-Anne-d’Auray accueillera cette année ce superbe rendez-vous avec la faïence de Quimper.

Inscrits dans le quotidien des Bretons depuis plusieurs siècles, Anne, Marie, Malo, Corentin, Efflam et bien d’autres… témoignent d’une foi profonde ancrée dans la tradition populaire à travers un riche patrimoine. Qu’ils soient saints locaux ou fondateurs, leurs effigies accompagnent les Bretons sur les chemins, les calvaires, les fontaines, mais aussi dans les foyers où ils trouvent généralement une niche pour les accueillir.

Petits saints
Petits saints et saintes dits de lit-clos, de 1930 à 1960, HB, Henriot et Keraluc, collection particulière.

Pièces rares

Auteur d’ouvrages sur la faïence sacrée de Quimper, Antoine Maigné a prêté son concours et des pièces de sa collection privée pour monter cette exposition qui s’appuie également sur plus d’une cinquantaine d’objets de la réserve du sanctuaire jamais présentés. Des pièces rares, inédites. « Cette exposition sera l’occasion de présenter des statuettes rares notamment deux « Vierge à l’Enfant », œuvres remarquables quasi identiques, signées Louis La Rosse, datées de 1733 et considérées comme les plus anciennes connues à ce jour, issues de la faïencerie de Locmaria à Quimper », souligne Xsandra Gérardin, chargée de communication et de médiation à l’Académie de musique et d’arts sacrés.

Parmi les pièces phares « Itron Varia Breiz Izel » (« Notre-Dame de Bretagne ») de Robert Micheau-Vernez et son Enfant Jésus jouant du biniou, une œuvre insolite de Robert Micheau-Vernez qui déclencha une certaine désapprobation des puristes.

Xsandra Gerardin
Xsandra Gérardin supervise actuellement le montage de l’exposition.

Chronologie

Un parcours chronologique sera proposé au visiteur qui découvrira les différentes périodes de fabrication des pièces de faïence. Il pourra se repérer grâce à deux grands panneaux explicatifs remontant le temps de la manufacture de la Grande Maison en 1699 aux créations contemporaines. Ponctuée par différents modèles de statuettes dont la taille varie de 4,4 cm pour la plus petite à plus d’un mètre pour la plus grande, l’exposition nous apprend la signification des objets et leurs destinations en fonction de leur dimension. Vierge d’accouchée dans laquelle on glissait une bougie, saint de lit clos pour protéger le foyer, sculpture décorative de plus grande taille. Elles nous dévoileront également le nom des grands créateurs des manufactures quimpéroises comme René Quillivic, Fanch Caujan, Anie Mouroux, Emile Jules Bachelet, Armel Beaufils…

Émile-Just Bachelet
Pietà, Émile-Just Bachelet, vers 1925, Henriot, collection particulière.

Pédagogie

Comme lors de la dernière exposition en 2019, ce rendez-vous aura une dimension pédagogique et permettra de découvrir cet art sacré, « que l’on ne met pas toujours en valeur », en présentant les différentes étapes de la fabrication d’une statuette en faïence et en visionnant un film d’époque datant de 1957… provenant des archives de la cinémathèque de Bretagne : un documentaire encore étonnamment d’actualité. Preuve que les traditions se transmettent depuis des siècles.

Pratique : Exposition du 3 juillet au 7 novembre, dans la Galerie du Cloître de Sainte-Anne-d’Auray.

Publié le 30/05/2021 par Véronique Le Bagousse – Le Télégramme ©