La fresque de l’Armor de Pierre Toulhoat (Côté Quimper)

Le lycée Brizeux abrite un travail remarquable de l’artiste quimpérois Pierre Toulhoat. Il s’agit d’une immense fresque de faïence sur le thème de la mer.

Le lycée Brizeux

La fresque comprend une multitude de détails.

Au début des années 1960, l’architecte et urbaniste Raymond Lopez (1904-1966) réalise le nouvel internat des filles du lycée Brizeux. Le long bâtiment occupe la partie haute du parc. Raymond Lopez n’est pas un inconnu. À Brest, on lui doit l’hôpital Morvan (1936) et les tours de Quéliverzan (1954). À Paris, il a travaillé sur le projet des Halles et a participé à la nouvelle gare Montparnasse et sa tour…

Deux commandes

À Mantes-la-Jolie, il réhabilite le centre historique, construit une bibliothèque et les 8 000 logements du Val Fourré. Raymond Lopez est donc un architecte en vue lorsqu’il débarque à la gare de Quimper. Là, dans le hall des pas perdus, il remarque tout de suite les bas-reliefs de Pierre Toulhoat. Dix grands panneaux de 50 cm sur 1 m racontant sur le haut des piliers des « choses et gens de ce pays ». C’était avant la rénovation de la gare en 1991. Raymond Lopez a un coup de cœur pour l’artiste quimpérois. Il demande aussitôt à le rencontrer.

Raymond Lopez commande deux fresques de faïence à Pierre Toulhoat pour décorer le nouveau bâtiment du lycée Brizeux. L’une, l’Armor, consacrée au monde marin ; l’autre, l’Argoat, dédiée à la terre. Mer et Terre inspirent avec bonheur le Quimpérois. Chaque fresque se compose de morceaux de faïence réalisés dans les sous-sols de la faïencerie Keraluc. Seule la fresque de l’Armor sera mise en place. L’installation d’un bar empêchera la pose de la fresque Argoat qui attendra pendant 17 ans avant d’être achetée par le Frac et installée à Rennes.

Légende et vie quotidienne.

La fresque Armor raconte sur 8 mètres de long et 2,30 mètres de haut une histoire où imaginaire, événements historiques et vie quotidienne se mêlent. Embarquement immédiat dans le monde marin de Pierre Toulhoat. La scène se lit de gauche à droite et débute avec la disparition de la ville d’Ys sous les yeux de Gradlon, qui, impuissant, voit sa fille Dahut transformée en sirène. Saint Guénolé épaule Gradlon. Puis, c’est un saint irlandais tenant sa crosse et sa bible qui traverse la Manche dans une auge de pierre. Il s’apprête à dépasser un fier drakkar viking toute voile déployée.

Arrive le port et son activité débordante. Dans leur canot, des caseyeurs s’en vont noyer leurs casiers sous le regard de quelques oiseaux gourmands. Sur un fileyeur, l’équipage a fini de tendre les filets. Certains s’occupent des caisses de poissons tandis qu’à l’avant, on se prépare à l’amarrage. Au premier plan au centre, les charpentiers de la mer sont à la tâche maniant sur le quai l’herminette et le vilebrequin. La scène s’achève avec le débarquement du poisson, sur le quai, un pompon rouge évoque la Marine nationale. Avec détails et poésie, Toulhoat propose une navigation artistique réjouissante.

24/10/2016 © Côté Quimper (photo : Florence de Massol).