Design à Quimperlé : y a-t-il un design breton ? (Ouest-France).

Antoine Minguy
Le co-commisaire de l’exposition « Design, escales bretonnes » Antoine Minguy lors du vernissage à Quimperlé début juin.

L’exposition sur le design, qui se tient à Quimperlé (Finistère) jusqu’au 6 octobre 2019, réunit les productions de designers qui ont un lien avec la Bretagne : étudiants ou ex-étudiants des Beaux-arts, designers reconnus installés en Bretagne ou originaires de la région. Mais y a-t-il une patte bretonne dans leurs productions ? Éléments de réponse.

Peut-on repérer un style commun des designers bretons ? La réponse est non. Pas de triskell, de courbes celtiques ou de mouvement organisé comme du temps des Seiz breur. « Il n’y a pas forcément un design breton », confirme Antoine Minguy, concepteur de l’exposition Design, escales bretonnes, qui se tient à Quimperlé (Finistère), jusqu’en octobre 2019.

« Se réapproprier notre culture »

Pourtant, comme leurs prédécesseurs, les designers d’aujourd’hui s’interrogent sur leur héritage. Il n’est pas question pour eux de perpétuer le folklore, mais peut-être de le détourner et le questionner. Comme l’a fait Antoine Minguy, pour une autre exposition quimpéroise, en 2013, avec les iconiques bols à oreille en faïence. Il détaille : « C’est un objet emblématique. Je voulais continuer à valoriser cette identité. Tout en me demandant comment on pourrait se réapproprier notre culture et notre patrimoine communs pour créer des objets qui puissent être contemporains et parler au plus grand nombre. »

« On choisit ensemble les morceaux d’érable »

Ainsi, les bols restés blancs, deviennent beurriers, vide-poches, tirelire ou soliflore en y adaptant des couvercles en bois réalisés par Vincent Champenoix, tourneur d’art sur bois à Quimper. « Il a un tout petit atelier, depuis une trentaine d’années. C’est une vraie plus-value de travailler avec lui, apprécie Antoine Minguy. Ce n’est pas du tout la même chose que si c’était fabriqué en Chine ! On choisit ensemble les morceaux d’érable. Puis notre dessin est corrigé par les artisans, qui valident si c’est faisable et ergonomique. »

À distance

Les designers bretons, comme les autres vivent dans un monde globalisé. Ainsi le créateur des plats Livioù, qui jouxtent les bols d’Antoine Minguy dans l’exposition quimperloise, vit et travaille à Commana, dans le Centre-Bretagne. « Il est à la fois auteur et enseignant, précise Antoine Minguy. C’est une profession hyper dématérialisée. ».

Pas de vue d’ensemble du design breton, donc, mais on peut distinguer quelques touches communes, des inspirations, des « indices », comme le laisse entendre la directrice générale de l’École européenne supérieure d’art de Bretagne, Danièle Yvergniaux. Nombre de ses élèves ou anciens élèves sont représentés dans l’expo. « Au spectateur de faire des rapprochements » incite-t-elle.

« Maritimité »

Le lien fort à la mer est le plus évident. C’est d’ailleurs lui qui ouvre l’exposition quimperloise avec un îlot consacré à la « maritimité ». « C’est un terme récent, il date de 2015, précise Antoine Minguy. Quand on explique qu’il représente l’ensemble des relations de l’homme avec la mer, ça prend du sens. » Les concepteurs de l’exposition ont voulu que le spectateur y déambule comme un touriste dans le design, avec cette entrée facile par la mer et la plage.

Françoise Doléac
Au premier plan, une création de Françoise Doléac. En 1992, elle cofonde Radi designers. « Un mouvement qui a pas mal renouvelé la pratique, entre Paris et Douarnenez » précise Antoine Minguy.

Plus généralement, le design breton laisse transparaître un lien au territoire, au développement local, à l’artisanat et aux matériaux nobles. Pour Antoine Minguy, « il n’y a pas une patte bretonne, mais une sacrée influence. Ici, les designers sont implantés localement, ils valorisent les filières, innovent. On retrouve une forte prégnance du territoire, ses aspérités, ses apparences. »

Design, escales bretonnes, jusqu’au 6 octobre 2019 à Quimperlé, chapelle des Ursulines et Maison des Archers. Ouvert tous les jours sauf le mardi de 10 h à 12 h 30 et de 14 h à 18 h. Entrée 5 €, 3 € tarif réduit, gratuit pour les moins de 25 ans. Prochaine escale de l’exposition à Landerneau du 5 décembre 2019 au 1er mars 2020.

Publié le 08/07/219 par Aurore Toulon – Ouest-France ©